mercredi 9 septembre 2009

Qui est le meilleur ?

Avez-vous déjà entendu parler de ce couple américain qui aurait élevé deux bébés en même temps, et de la même manière ? L'un étant leur propre enfant, et l'autre un chimpanzé nouveau né. "Au début, écrit-on, le petit singe devançait le petit humain sur toute la ligne, il marchait, se nourrissait, s'orientait beaucoup plus vite et facilement que son 'petit frère'. Mais tout a changé le jour où ce dernier a pu comprendre la parole et l'utiliser. Dès cet instant, comme on dit, il a perdu le chimpanzé dans la brume !"

Alors, qui est le meilleur ? Pour ne pas trop rabaisser les animaux, je vais commencer par en citer une louange. C'est le plus beau témoignage que je n'ai jamais entendu envers nos amis les animaux : " Nous devrions rendre grâce aux animaux pour leur innocence fabuleuse, et leur savoir gré de poser sur nous la douceur de leurs yeux inquiets sans jamais nous condamner" (1).

Voilà qui les place déjà à un haut niveau. Cependant, il reste que, dans l'expérience du couple américain, le petit d'homme, au fur et à mesure qu'il développe ses facultés, est finalement le meilleur dans sa capacité de se perfectionner. L'animal restera loin derrière lui, même s'il le devance au début.

Ce qui ne diminue en rien la louange faite aux animaux. Elle reste vraie; et, à mon avis, il y a une raison à leur "innocence fabuleuse", et à "la douceur de leurs yeux inquiets" qui ne savent pas nous condamner. Je vois ainsi l'animal un peu comme un modèle infaillible de ce que nous devrions être, nous, les parlants. Nous, qui pouvons dévier si vite de notre innocence première de l'enfance. Nous, qui sommes appelés à reconquérir cette "innocence fabuleuse", par la fidélité à la loi divine inscrite en nous, non pas à la façon d'un instinct irrésistible, mais plutôt par une parole secrète à écouter et à mettre en pratique. Nous, qui sommes aussi appelés à poser nos regards sur les autres, "sans jamais les condamner", comme le font si bien les animaux; et comme nous le faisons habituellement si mal !

On pourrait bien penser : nous présenter comme modèle, des animaux seulement animés par leur instinct, quelle déchéance pour l'humain ! C'est vrai qu'ils ne peuvent pas faire autrement que d'être ce qu'ils sont. C'est justement pourquoi ils peuvent être notre modèle. Sur certains points, du moins, si nous ne nous plaçons pas au niveau du mérite. Car, normalement ils ne peuvent pas dévier de ce qui à été programmé en eux. Il n'en ont pas la faculté; mais nous, nous le pouvons, et souvent nous le faisons. C'est une désobéissance à la loi naturelle et divine. Désobéissance qu'on a appelé : péché. C'est quitter l'axe qui nous oriente vers la vérité et notre bonheur. Quelquefois, on a défini le péché : manquer la cible ! J'aime bien cette définition. Alors, encore une fois, qui est le meilleur, l'être humain ou l'animal ?

(1) Christian Bobin.