dimanche 9 août 2009

Un oiseau sans ailes

Sans ailes, est-ce encore un oiseau ? Il pourra marcher, picorer, chanter, mais l'essentiel, il l'a perdu. Il ne peut plus voler. Voilà qui pourrait illustrer notre vie si nous perdons notre dimension spirituelle. L'essentiel de notre être est mis au rancart !

Comme l'oiseau sans ailes, nous pouvons encore manger, boire, dormir, travailler, et fonctionner plus ou moins normalement dans le monde mais, ne pouvant nous élever au-dessus des réalités quotidiennes, absorbés par elles, nous restons collés au sol. Avec l'habitude d'une telle situation, nous finissons par oublier que nous pourrions voler. Nos ailes, virtuellement présentes, mais inutilisées et affaiblies, nous les ignorons. Nous cherchons alors à satisfaire nos nombreux désirs au ras du sol. Bien vite nous serons de nouveau assoiffés et insatisfaits. "Tu nous a fait pour toi, mon Dieu, et notre coeur est inquiet tant qu'il ne repose pas en toi". C'est St Augustin qui parle. Lui aussi a longtemps cherché ailleurs. Il sait ce qu'il dit.

L'être humain a comme trois dimensions. Un peu à l'image des trois poupées russes qui s'emboîtent les unes dans les autres: la moyenne dans la grande, et la petite dans la moyenne.
1. La grande : notre corps physique. Il est appelé à passer par la mort.
2. La moyenne : notre psychisme ou âme psychique. (vie affective, etc.)
3. La petite : notre être essentiel ou âme spirituelle.

Malheureusement, on considère souvent que l'être humain n'est qu'un corps et un psychisme. Voilà qui mutile passablement notre être. Il est tronqué. Il lui manque l'essentiel : ses ailes, son âme spirituelle. Cette troisième dimension, la petite poupée, petite par sa taille, n'est pas la moindre en importance. Elle nous permet de nous relier aux choses d'en haut, sorte d'ouverture sur l'infini et l'éternité du divin. C'est la foi, la confiance, qui l'active. Elle donne la possibilité de prier, de parler à Dieu, de lui dire nos souffrances et nos joies, de le remercier du don de la vie et de nous donner l'espérance de celle qui ne finit pas. Il y a là de quoi voler, mais tout en gardant fermement les pieds sur la terre, en sachant pourquoi on y est, ce qu'on doit y faire, et ce qui nous attend après. Toutes les joies terrestres pourraient être amplifiées en étant déjà colorées par celles du ciel.

Tant de gens, même en sachant rire, sont foncièrement tristes, ne sachant pas vers quoi ils marchent. Il faut aller au-delà de l'absurde pour trouver la vraie joie. Généralement, ce ne sont pas nos humoristes qui vont nous la donner. Elle nous permet de mieux passer à travers les épreuves qui peuvent nous accabler. Et puis, si nous croyons ce que dit St Paul : "Tout sert au bien de ceux qui aiment Dieu", nous avons là de quoi supporter plus allégrement bien des peines.
N'oublions pas cette conception tripartite des anciens. Elle n'a pas changée : corps; âme psychique; et âme spirituelle. La dernière étant les ailes. On dira encore, plus savamment : Soma, psyché, et pneuma (ou souffle, esprit). On peut retrouver cette anthropologie sous des termes différents. Vérifions donc bien si nous avons gardé vivante, la petite poupée, la plus intérieure !