samedi 1 août 2009

Un bout de lumière

Je viens de lire une citation de Louis-Ferdinand Céline : "La vie, c'est un bout de lumière qui finit dans la nuit. " J'ignore la pensée profonde de l'auteur, mais j'ai plutôt envie de dire exactement le contraire : La vie, c'est un bout de chemin dans la pénombre qui finit dans la lumière".

Dès la naissance, nous sommes déjà habités par l'espérance de l'éternité, lumière qui ne s'éteint pas. Déjà des lueurs d'éternité illuminent l'enfance. Espérance qui peut longtemps sembler dormir. Un rien peut la réveiller : un coucher de soleil, une parole d'amour, une fleur, une musique, une prière ou un chant d'oiseau. Alors la pénombre de la vie et la pleine lumière se rapprochent. On a déjà, dans cette semi-obscurité, ce qu'on attend en plénitude.

L'enfance et la vieillesse, qui nous semblent si différentes, se ressemblent et coexistent, en attendant que la distinction disparaisse dans la pleine lumière finale. L'âge n'existant plus, une fois sortis de l'emprise du temps. Mais tant que les âges se distinguent, l'exception peut se faire sentir, comme un poète pouvait d'ailleurs l'écrire : "La foudre du vieil âge atteint l'enfance au beau milieu de ses jeux" (1). Au milieu du déclin de la vieillesse, l'enfant est encore là; et le vieillard est déjà présent dans le nouveau né.

Pourquoi dire que la vie "finit dans la nuit" ? La lumière du soleil et celle de la raison peuvent bien s'éteindre, mais qu'importe, quand elles sont remplacées par celle qui ne s'éteint pas !

Je ne sais pas trop ce que vous vouliez dire, monsieur Louis-Ferdinand Céline. Dans une citation, on ne peut tout voir. Vous n'êtes plus de ce monde, mais peut-être saviez-vous tout cela ...

(1) Christian Bobin, dans "Le huitième jour de la semaine" p. 38

1 Comments:

Anonymous Omega3 said...

Entièrement d'accord...

1:17 PM  

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