mercredi 13 mai 2009

Devinette

"Qu'est-ce qui monte d'un côté, et descend de l'autre ? ". Non, ce n'est pas le funiculaire de Québec ... Mieux que ça !

J'ai téléphoné dernièrement à une amie de Québec qui vient de fêter ses 78 ans. Sans se plaindre, elle me fait part de ses problèmes de santé, de ses "descentes". À mon tour, je lui réplique qu'elle n'est pas seule à descendre : en âge, je la devance de trois mois ! Tout en évitant l'un et l'autre de se complaire dans une litanie de maux, on en rit, et nous finissons par convenir qu'il n'y avait pas qu'un aspect descendant dans la vieillesse, mais aussi, à travers nos déboires, certaines montées appréciables auxquelles d'ailleurs nous sommes acculés : monte ou stagne !

Car en effet, si nous descendons d'un côté, nous pouvons monter de l'autre. En approchant de la fin de vie, nos pensées s'orientent naturellement vers d'autres réalités qui, plus jeune et en pleine forme, ne nous préoccupaient guère. Conséquemment, nous nous détachons progressivement de choses qui nous semblaient indispensables. Maintenant, elles nous apparaissent un peu comme des mirages qui nous tenaient dans une certaine illusion. Autrement dit, l'appréciation des choses change, sans qu'il y ait en cela, le moindre mépris du passé.

En effet, nous n'avons pas à regretter tout ce qui nous passionnait autrefois et nous motivait à agir. Tout cela était bon et nécessaire. Mais nos regards sur les choses et les situations changent. Il est surtout remarquable de constater que ce changement se fait par lui-même, sans rien forcer. Ainsi nous faisons nos passages quand c'est le temps, quand le fruit est mûr. Le cueillir trop tôt, quand il est encore vert, est une erreur. Mais le laisser pourrir sur l'arbre n'est pas mieux !

En vieillissant, nous trouvons plus facilement le bon "timing" pour cueillir le fruit mût. À moins que l'on s'obstine à ne pas lâcher prise ! Mais pourquoi s'entêter dans nos vieilles ornières ? De nouvelles pistes nous sont offertes. Ce sont des montées.

Si, par impossible, on nous donnait le choix de revenir en arrière, c'est-à-dire de rajeunir, je pense bien que nous refuserions. C'est mon sentiment. J'ai d'ailleurs posé plus d'une fois la question à des personnes assez avancées en âge. Pour elles, c'était clair : pas question de revenir en arrière. Ce qui a été vécu est vécu; il faut aller de l'avant sans regret.

Nos amis bouddhistes, eux, ne voient pas tellement d'un bon oeil, selon leur théorie de la réincarnation, le fait de revenir en ce monde et de recommencer un nouveau cycle de vie. Au contraire, ils veulent le plus tôt possible s'en libérer par le nirvana auquel ils aspirent. C'est significatif. Ceci ne veut pas dire qu'il faille avoir une vision négative de ce monde, ou d'y vivre à contrecoeur. Jouissons à plein de tout ce qui nous est donné, reconnaissons ses beautés, même si elles passent. Ne nous privons pas du bonheur partout où il se trouve.

Sans prétendre parler comme un sage, je constate simplement ces changements qui se passent quand on arrive à un certain âge. Nous sommes comme poussés à évoluer vers le haut, vers le "Ciel". Plein de désirs inutiles pourraient freiner nos passages vers le haut, ralentir nos montées. Mais une façon efficace de les éroder consiste à prendre conscience qu'ils sont devenus irréalisables. Nos vieux rêves, désactivés, alors changent pour consentir à la montée. La descente d'un côté n'est qu'un tremplin pour mieux monter !