dimanche 15 mars 2009

Respirer dans le ciel

"Si nous ne respirons plus dans le ciel, alors nous suffoquons dans le néant : c'est aussi simple et net", dit un sage.

Deux images opposées : "suffoquer dans le néant" et "respirer dans le ciel ". La première évoque une souffrance, et la seconde une joie. Même si les choses ne sont peut-être pas aussi tranchées dans la vie, essayons de comprendre ce que veut dire l'auteur en nous présentant ces deux extrêmes.

"Suffoquer dans le néant": souffrance par manque d'air, parce que coupés de l'essentiel. La cause ? Sans doute parce qu'enfermés dans un monde qui ne nous donne pas l'oxygène des profondeurs dont notre nature spirituelle a besoin. Ainsi en est-il des fausses distractions. Elles sont recherchées non pour reposer l'esprit (écouter de la musique, faire une randonnée, etc ) mais pour nous faire oublier, pour un instant, que nous suffoquons. Par contre, elles peuvent engendrer la faim et la soif de nourritures plus substantielles. C'est là un effet bénéfique !

"Respirer dans le ciel" : Joie profonde, oui; mais qui n'a pas nécessairement de retentissement dans la sensibilité. Plutôt sentiment de sécheresse, en même temps que joie de fond par sa relation avec notre source. L'appel à respirer dans le ciel peut être aussi accompagné de consolations sensibles. Mais nous en serons progressivement privés au fur et à mesure de notre progression vers la nourriture solide. Comme l'enfant nouveau-né sera sevré du lait maternel, pour goûter aux nourritures de l'adulte, selon l'exemple donné par Saint Paul.

Cet aspect d'aridité, de non ressenti dans la sensibilité, est souvent difficile à accepter. La progression et le passage vers l'avant prennent alors l'aspect d'un recul et d'un abandon. Il ne faut pas lâcher, mais tenir bon. L'encouragement dans la persévérance peut venir par la constatation de certains "exaucements", souvent discrets. Ils se manifestent comme des signes que quelqu'un est là, caché, mais attentif à notre cheminement.
C'est ce que je crois lire dans le psaume 30 (31), 23 : Et moi, dans mon trouble je disais : Je ne suis plus devant tes yeux. Pourtant, tu écoutais ma prière quand je criais vers toi.
Tout ce que nous vivons devrait se ramener à une histoire d'amour, habitée par le divin. "Si Dieu n'est pas dans nos histoires d'amour, alors nos histoires ternissent, s'effritent et s'effondrent. Il n'est pas essentiel que Dieu soit nommé. Il n'est même pas indispensable que Dieu soit connu de ceux qui s'aiment ... ", dit encore le même sage. À travers ces suffocations dans le néant, il y a une espérance de l'air pur des hauteurs !