dimanche 4 janvier 2009

Prendre les armes, ou bien ...

J'ai entendu récemment, à la radio, ces paroles d'Yves Girard (1):
"Je pourrai aider efficacement le monde, à partir du moment où j'aurai le courage de choisir pour moi le plus comblant ... c'est en m'enracinant dans ma vérité, et non en prenant les armes, que je parviendrai à faire cesser toute guerre"

Cette pensée pourrait en faire sursauter plusieurs : trop simple, trop facile; ce n'est pas comme ça qu'on change le monde ! Il est vrai que ces mots devraient être replacés dans leur contexte, être plus nuancés. Mais je les saisis au passage, simplement pour lancer ma réflexion.

Pour atténuer l'apparence d'égoïsme (choisir pour moi le plus comblant), l'auteur nous dit que cela demande du courage. Courage de m'enraciner dans ma vérité, dans ce que je dois être ou devenir. "Deviens ce que tu es" dit le sage. Deviens dans le temps, ce que tu es dans ton dans ton être profond, incréé. Long labeur pour devenir ce pour quoi je suis fait. Donc du courage; c'est l'effort d'une vie; voilà le plus comblant. Serait-ce cela qui aide le monde, et contribue à sa paix ? Oui, et c'est comme cela aussi que se trouve manifestée, sous les apparences de l'ordinaire, la transcendance divine, dans un monde qui lui est bien trop fermé.

Karlfried Graf Durckheim, dont j'ai déjà parlé dans les débuts de ce blogue, disait : "Le sens de la vie humaine n'est rien d'autre que de devenir le témoin du divin dans l'existence". Être ce que je dois être en ce monde = être témoin du divin dans l'existence.

De la bouche d'Yves Girard, le même jour, j'ai encore entendu cette parole étonnante :
"Rien de plus contraire à un amour parfaitement purifié que le désir de changer les autres, ou même de les éclairer".

Mais, à bien y réfléchir, rien d'étonnant ! Non pas que les autres, tout comme moi, n'aient pas besoin de changer ou d'être éclairés, bien sûr. Mais, l'amour vrai ne fait pas bon ménage, avec les scories mêlées à mon désir. L'amour vrai élimine en moi ces impuretés inconscientes, qui me pousse à changer les autres, ou à les éclairer de "ma" lumière. Pourquoi les fourvoyer ?

Les autres ont plutôt besoin, eux comme moi, de quelqu'un qui leur manifeste, sans le dire, mais par sa présence, qu'ils sont des personnes en qui demeure un trésor divin. En eux, comme en moi, il y a un point commun, divin, éternel, incréé, et qui traversera la mort. Je veux dire que la mort ne touche pas. Ce point commun à tous, même à ceux qui nous semblent les plus rebelles à l'esprit, veut se manifester différemment en chacun, dans une diversité infinie, selon un mode personnel.

Voilà, si j'ai bien compris, ce qui remplace les armes. Depuis longtemps déjà on dit "Plus jamais la guerre !" Pour cela, il est temps de choisir ce qui nous comble, en nous enracinant dans notre vérité. Je m'arrête ici, car je sens monter en moi le danger de vouloir changer les autres ou de les éclairer. Dieu m'en garde !

(1) Yves Girard, trappiste. Chaque dimanche, à 7 h. 30, il parle sur les ondes de Radio Ville-Marie