samedi 20 décembre 2008

Dire et écouter

Des choses nous semblent profondément vraies, et cependant on ne peut pratiquement pas en parler, ou très discrètement. Pourquoi ? On a le sentiment qu'elles ne seront pas reçues, ou d'une manière distraite, avec un haussement d'épaule. Ou encore on s'attend, peut-être à tort, à une réponse agressive.

Mais parler devient quelquefois une exigence interne. Ça presse en dedans ! À ce besoin de dire, devrait correspondre le devoir d'écouter. En parlant à un écoutant, une transformation peut se faire, et dans les deux sens. C'est dans la relation à un autre "je", que l'être humain se façonne et se crée lui-même (Cf. dans ce blogue, le message du 7 déc. 08). Mais pour qu'il y ait relation véritable, il faut qu'il y ait deux "je" éveillés et dans un climat de confiance.

Quand nous sommes impliqués douloureusement dans des situations difficiles, en quête de solutions, nous sommes portés à nous taire tant que nous ne trouvons pas une oreille attentive. Ce qui nous dispose aussi à devenir, pour d'autres, celui qui sait écouter.

Dans les échanges spirituels, le fait de partager les mêmes convictions peut sans doute économiser bien des détours avant de se trouver sur le même axe. Cependant, devant nos divergences, ces détours eux-mêmes ont leur importance. Ils permettent que surgissent des lumières nouvelles qu'on ne soupçonnait peut-être pas. L'essentiel n'est-il pas d'aller "Vers la Vérité" en se laissant guider par elle ? Et ainsi en la vivant. Mais je ne peux vivre la vérité que tel que je la ressens. Non pas qu'il y ait la mienne, et celle des autres. Mais dans le dialogue, la vérité à laquelle j'adhère me conduit vers un point de convergence avec l'autre. Alors, dans cette convergence secrète, "là où tout ensemble ne fait qu'un" (Ps. 121), nous n'avons plus à nous préoccuper de nos convictions, ni de celle des autres. Mais il faut savoir en attendre l'heure. Peut-être même l'heure finale qui nous sortira du temps. Qu'importe ? Pourvu qu'elle arrive !

L'oecuménisme, au sens large du mot, a fait de gros progrès depuis quelques décades. On n'y ressent plus, généralement, le désir d'attirer vers son clocher. La vérité fait son chemin avec nous. Nous avons à la suivre, sans que nous passions les premiers. Un bel exemple de cette attitude est réalisé dans la communauté de Taizé, en France, au rayonnement mondial. Tout le monde peut s'y trouver bien, car il n'y a plus vraiment d'adversaires, mais des frères, dont les relations ne sont plus fragilisées par les différences. Celle-ci sont atténuées ou supprimées par l'amour mutuel. Les liens ci-dessous nous en donnent une idée:

http://www.taize.fr/fr_article7806.html

http://www.taize.fr/fr_article444.html