samedi 15 novembre 2008

Appétit d'éternité

Ma réflexion aujourd'hui se fera à partir de ces quelques paroles d'Yves Girard:

1 - "Difficile d'accepter cette partie de nous-mêmes ouverte sur l'infini et l'absolu. Que de souffrances nous nous serons inutilement imposées pour nier notre appétit d'éternité."

Qu'est-ce que cette partie de nous-mêmes ouverte sur l'infini et l'absolu ? Elle est en chacun de nous, souvent ignorée ou refusée. Telle une fenêtre ouverte sur notre espace spirituel dont nous pouvons avoir déjà la nostalgie. Dans l'épreuve, elle est comme une issue de secours par où entre un peu de lumière d'en-haut, et donne un sens nouveau à notre vie devant les situations absurdes. Grâce à elle, notre "appétit d'éternité" espère être comblé.

Cette ouverture sur l'infini n'est pas surajoutée, elle fait partie intégrante de mon être essentiel. Sans elle mon être est tronqué, mutilé de ce qui fait de moi un être humain, différent de l'animal peu préoccupé de l'éternité. Je peux nier cette partie essentielle, ou faire comme si elle n'existait pas, mais je me prive de mon lien avec l'absolu qui, en moi, porte la marque de l'immortalité. Alors, voilà qu'apparaît "la souffrance inutilement imposée pour nier notre appétit d'éternité. "

Ainsi, tant de personnes, pourtant comblées en ce monde , n'arrivent pas à être heureuses. Arrivées à un certain âge, ou même plus jeunes, et bien qu'il ne leur manque rien, elles souffrent de leur manque de l'essentiel. Une insatisfaction et une angoisse les taraudent, et elles ne savent pas trop pourquoi.

2 - "Nous n'avons pas la liberté de donner à notre coeur n'importe quelle nourriture ..."

Voilà pourquoi, si nous cherchons le bonheur, nous n'avons pas la liberté de donner à notre coeur n'importe quelle nourriture. Car, selon le mot célèbre de St. Augustin (plusieurs fois cité dans ce blogue): "Tu nous as fait pour toi, Seigneur, et notre coeur est inquiet tant qu'il ne repose pas en toi" .

3 - "Nous continuons d'aspirer à une forme naïve de fraternité d'où les incompréhensions et les conflits seraient absents ..."

Nous rêvons de cet état paradisiaque où nous serions tous frères, sans conflits, sans souffrances.
Nous n'avons sans doute pas tort, même si ce rêve est qualifié ici de naïveté. Nous avons même le devoir d'y tendre, d'y travailler individuellement et collectivement. Des progrès se constatent quelquefois; on a alors l'impression que l'humanité fait un bond en avant. L'élection de Barack Obama, aux USA, semble en être un. D'autres événements l'avaient précédé et préparé. Mais peut-on, dans ce monde tel qu'il est, espérer la réalisation de notre rêve de perfection ? Sans être pessimiste, notre espérance aura probablement sa réalisation parfaite après notre passage obligé par la mort corporelle. C'est elle qui nous ouvre l'entrée dans le Mystère. Il demeure encore caché.

Que dit la raison au sujet de l'éternité ? Un peu de philosophie avec Platon: Le temps, image mobile de l'éternité. (Le Timée). Cliquer sur:

http://sergecar.club.fr/textes_1/platon17.htm