samedi 7 février 2009

L'entre-deux !

Entre naissance et mort, nous ne disposons pas tous du même délai pour accomplir notre tâche en ce monde et, peut-être, devenir meilleur. Certains ont leur vie fauchée dès l' enfance; d'autres au contraire n'arrivent pas à mourir. Le temps dure, dure ... Et nous verrons de plus en plus de ces centenaires qui, aidés par la médecine, s'étirent dans le temps. Que valent ces prolongations ?

Linda m'a donné sa réponse. Elle est propriétaire, avec Marc, d'un "magasin général". On y vend un peu de tout, et leur boutique rappelle avec nostalgie le bon vieux temps. Dans ce magasin-café-restaurant, elle sert des repas légers, et les rencontres sont très amicales. C'est là que, avec son conjoint, elle transforme le monde, à sa façon. Ce jour là, nous y prenions un repas avec mon épouse. L'échange avec Linda a fini par tourner aux choses sérieuses, pour finalement conclure que la mort ne devrait pas nous apparaître comme une catastrophe, même si elle arrive tôt. En quittant les lieux, je lui ai quand même souhaité une longue vie, tout en ajoutant : "Une longue vie, oui, mais pas trop longue, parce que la vieillesse ... Pas toujours drôle !". Sa réponse fut immédiate : "Non, non, je veux mourir vieille, le plus vieille possible !". Son idée était faite ! J'ai compris que le temps de la vie était précieux pour elle, et qu'il ne fallait pas trop vouloir la terminer avant terme.

Dans le fond, dans mon ambivalence, je pensais un peu comme elle. Mais que certains meurent jeunes, et d'autres vieux, est-ce une injustice ? Et à qui l'imputer ? Pourquoi mesurer la valeur de la vie ici-bas d'après les résultats tangibles qu'elle peut avoir dans l'édification de ce monde ? Ou encore sur le caractère et la vertu ? Quoiqu'il en soit ce n'est pas nous qui en fixons l'échéance. L'approche de notre fin ne devrait cependant pas nous déprimer, car la souffrance qui l'accompagne n'est pas le contraire du bonheur. Ceux qui, durant leur vieillesse, ont réussi à retrouver leur innocence (c'était mon thème de la semaine dernière) semblent discrètement nous dire que la souffrance, par la lumière qui la traverse, peut contribuer au bonheur.

Je remarque aussi autre chose: le début de la vie nous intéresse assez peu. Nous gardons de bons souvenirs nostalgiques de l'enfance, quand elle a été heureuse. Mais vite, l'enfant veut devenir adulte et efficace en ce monde. Si le jeune enfant est admiré par les adultes, c'est à cause de son innocence et de sa crédulité. Il croit facilement nos mensonges, et à nos fables du Père Noël. Mais, lui, ne désire qu'une chose: devenir grand !

La vieillesse est vue ordinairement d'un oeil peu favorable; c'est le déclin ! Ni trop jeune, ni trop vieux, c'est dans cet entre-deux qu'on aimerait se fixer. Et que ne fait-on pas pour y rester ? "Rester jeune ! ". Je n'aime pas tellement l'expression. Elle me semble irréaliste, même si on ajoute: "Jeune de coeur !" On sait bien que, bon gré mal gré, le temps accomplit ses ravages. Mais on sait aussi, plus ou moins sournoisement, que l'essentiel en nous, le "coeur spirituel", ne meurt pas. Pourquoi ? Parce qu'il est immortel ! Monsieur de La Palisse n'aurait pas dit mieux !

Cliquez sur le lien ci-dessous; vous verrez comment Doris Lussier, artiste et écrivain québécois, a su dire mieux. C'est à lire.

http://cursillos.ca/action/temoignages/temoignage77.htm