dimanche 18 janvier 2009

Que faire ?

Quelqu'un m'écrit: "Faire son devoir m'est plus facile que de le connaître"; et il s'attend à mon commentaire. Bien que je ne me sente pas spécialement qualifié pour y répondre, je vais quand même donner ma pensée, espérant ainsi apporter ma petite part de vérité. Pourquoi chercher ailleurs un thème de réflexion ?

J'ai déjà éprouvé, devant un dilemme, cette même difficulté: qu'est-ce que je dois faire ? Et je sais que je ne suis pas le seul. Nous sommes tous confrontés, un jour ou l'autre, à ces problèmes dont on ne voit pas la meilleure solution. Problèmes de relations difficiles, d'argent, d'orientation, de choisir un candidat à une élection, etc. Que faire ? En parler avec d'autres, consulter ? Il y a là une certaine sagesse; deux têtes valent mieux qu'une, dit-on ! Quoique ... Je ne suis pas toujours sûr

À mon avis, je dois d'abord me libérer d'un certain perfectionnisme, stressant et culpabilisant, voulant que j'accomplisse tout sans bavures du premier coup. Après réflexion sérieuse, ne dois-je pas savoir prendre le risque de me tromper, et aller de l'avant ? Agir selon ce qui m'apparaît le mieux ? D'ailleurs, ai-je vraiment une autre alternative ? C'est souvent après coup que je peux estimer avoir fait une erreur. Et encore ! Avant, je n'étais pas capable de mieux voir. Après ? Quelquefois. Subjectivement, je ne me suis pas nécessairement trompé. Les éléments dont je disposais et mes dispositions intérieures (émotions, blessures, fatigue, etc) ne me permettaient pas de faire mieux.

Je pense, d'ailleurs, qu'il y a une intelligence supérieure à la mienne qui, à partir de mes hésitations, ignorances ou erreurs passées, me dispose à entrer dans une orientation étrangère à ma propre vision des choses. Mais une orientation qui endosse mes propres décisions, qui ne fait pas sans moi, qui voit avec moi. Ce qui rappelle ce verset d'un psaume: "Sur le chemin qu'il aura choisi, je lui ferai voir le salut de Dieu". Et les événements s'organisent en fonction de cela. Ainsi, selon le mot de Saint Paul: "Tout sert au bien de ceux qui aiment Dieu".

L'expérience me confirme que notre vie se passe sous un oeil vigilant. Pas un oeil policier et scrutateur, cherchant à nous prendre en défaut. Non ! Mais sous un regard aimant qui voit mieux que nous et à long terme. Évidemment, c'est un élément de foi, mais important ! Quelque chose d' expérimental aussi. Foi qui normalement précède l'expérience, mais peut-être aussi la déclenche. Il est alors plus facile d'accepter l'erreur dans nos décisions, et de croire aux rectifications accomplies par la vie. J'aime bien l'adage: "Dieu écrit droit, avec des lignes courbes ! " Des trajectoires de vie parfaitement droites, cela existe-t-il ? Cette attitude globale de confiance est également source de joie profonde : celle de ne pas se sentir seul. Notre être de relation supporte mal la solitude. Thomas Merton avait titré un de ses livres : "Nul n'est une île".

Il est vrai aussi qu'il faut quelquefois passer par les souffrances de certains dérapages. Ils sont souvent suivis par une suite d'événements guérisseurs, réconfortants. Tout cela développe une plus grande sensibilité pour percevoir nos erreurs sans trop s'en énerver.

J'en conviens donc qu'il peut-être "plus facile de faire son devoir que de le connaître". Mais vouloir le connaître signifie aussi que nous avons le souci de faire ce qui est le mieux. Ce que, en termes religieux, on appelle: Cherchez la volonté de Dieu ! Ce qui n'est pas toujours évident. Même chez un saint, comme Ignace de Loyola. Cette lettre nous montre comment il s'en sort ...

http://www.jesuites.com/ignace/lettre.htm