jeudi 16 juillet 2009

Nul n'est une île

"Nul n'est une île". C'est le titre d'un livre de Thomas Merton. Nous ne sommes pas isolés, mais des personnes en relation. J'aime revenir sur ce thème. Cependant, bien que reliés, nous vivons dans une certaine autonomie, celle de nos personnes. Elles ne peuvent se confondre. Donc, comme les îles, nous sommes aussi séparés; mais, entre chaque île, des liens sous-marins invisibles nous relient.

Mystérieuse solidarité des personnes. Ces liens secrets, éléments essentiels de notre être, font la communauté humaine. Ils sont la cause de souffrances et de joies. Les deux sont inséparables. Les liens qui nous font souffrir, sont aussi ceux qui nous apportent de la joie. Quelquefois, ces liens s'amenuisent et tendent à disaparaître. Alors, la personne s'étiole; elle devient insensible aux îles voisines. Serait-ce cela une mort spirituelle ?

Ces liens, tant ceux qui nous unissent à notre Source, que ceux qui nous unissent entre nous, sont de nature spirituelle. Ils ne sont guère différents. Ce qui fait que l'interdépendance qui nous donne la peine et la joie, ne peut exister que par notre dépendance avec le Créateur. Mais comment supprimer les liens qui nous donnent la souffrance, sans enlever en même temps, ceux qui nous donnent la joie ? Comme pour le "bon grain et l'ivraie"de l'évangile.

Faisant ainsi partie d'un même tout, il est évident que nous nous influençons les uns les autres. Influence de l'exemple, des paroles, des pensées, etc. Et en bien, comme en mal ! Les saints, eux, sont des gens de grande influence. Mais, ils ont trouvé leur force et leur efficacité ailleurs qu'en eux-mêmes. Je veux dire ailleurs qu'en leur moi volontaire et égoïste. Voilà pourquoi, ils savent qu'ils ne peuvent s'en glorifier.

Tels ces voiliers en plein vent (vent = Esprit ) ils sont poussés par une force étrangère aux rames et au moteur. Les saints savent qu'ils sont mûs par un autre. C'est de là qu'ils tirent leur humilité. Ils n'y sont pour rien. Ou presque ! Car la prière tisse les liens secrets qu'il a fallu maintenir forts. Tout comme les matelots ont su hisser les voiles. Mais c'est le vent qui les pousse.

Dans un tel fourmillement d'îles vivantes, il arrive que nous soyons bienfaiteurs, victimes, bourreaux, ou simples spectateurs du bien ou du mal. Difficile de juger ou de condamner. L'évangile nous avertit : "Ne jugez pas !" C'est à notre avantage, d'ailleurs, car si vous faites ainsi : "vous ne serez pas jugés !" Nous ne sommes pas meilleurs que les autres, mais nous ne serons pas jugés, ni condamnés. Seulement pardonnés. C'est la loi d'en haut !

Les juges de nos tribunaux ont pour fonction de juger les actes, non les personnes. Et ils sanctionnent d'après leur code. Quant à nous, mauvais évaluateurs des intentions, l'évangile nous fait encore comprendre que, comme pour Zachée, la femme adultère, la Samaritaine, l'enfant prodigue, le bon larron, et tant d'autres, "là, où nous voyons des fautes à condamner, Dieu voit des créatures à secourir ..."