dimanche 10 août 2008

Malheureux au paradis

"L'enfer, c'est ne pas être heureux au paradis" (1). Voilà une définition qui m'est plutôt sympathique.

L'amour et la liberté rendraient nécessaire, au moins théoriquement, l'existence d'un enfer, dit-on (2). Mais est-ce vrai que cette menace, pour les gens de nos générations, peut avoir un effet persuasif et détourner du mal ? Quel effet la peur du châtiment peut-elle avoir ? C'est du dressage de fauves ! La pédagogie de la peur est-elle capable, au plan spirituel, comme dans l'éducation de nos enfants, de susciter l'amour ? On ne suscite pas l'amour avec des menaces.

À l'inverse, est-ce vrai que la promesse d'un paradis, incite à faire le bien ? En a-t-on vraiment besoin pour bien agir ? Ne devons-nous pas dépasser cet attrait de la récompense ? Il est vrai qu'on voit des kamikazes qui, pour aller au paradis, se font sauter en tuant des centaines d'innocents. Mais ce n'est pas de ce "bien" là qu'il s'agit dans le monde de l'amour.

Si j'essaie de comprendre le coeur de Dieu, tel que la littérature spirituelle et la lecture des livres saints me l'apprennent, je crois pouvoir dire que Dieu aimerait qu'on n'évite pas le mal par peur du châtiment, et qu'on ne s'oriente pas vers le bien par attrait du paradis. Père, il veut nous faire partager son bonheur par pure gratuité. Il ne s'achète pas. Notre agir façonne et dispose nos coeurs à jouir de son bonheur, à être heureux au paradis. Par contre, le désir du mal nous rend incapables "d'être heureux au paradis", comme le dit si bien notre définition. Cela devrait nous suffire tant à éviter le mal, qu'à nous orienter vers le bien. Dépassons la pédagogie de "la carotte et du bâton" !

Il y a aussi, malheureusement, un "enfer" sur terre. Nos journaux le décrivent. Beaucoup travaillent, chacun à sa façon, à le supprimer ou à l'atténuer. En Chine, au début des Jeux Olympiques, "Avaaz org" nous avertit: "Le gouvernement chinois n'a toujours pas entamé de dialogue avec le Dalai Lama, ou révisé sa position avec la Birmanie, le Darfour, etc. Que faire ? La réponse vient du Dalai Lama lui-même, par un geste sans équivoque qui reflète l'amitié et l'esprit olympique: une poignée de main !" Et l'organisme nous procure l'occasion de donner cette poignée de main sur Internet. Cliquez ci-dessous:

http://www.avaaz.org/fr/handshake/?cl=113372982&v=2000

(1) Louis Pauwels, dans "Un jour je me souviendrai de tout" p.632
(2) Cf. François Varillon dans "Joie de croire, Joie de vivre":
"Si quelqu'un dit que l'enfer existe, il se flatte d'avoir un renseignement que les chrétiens n'ont absolument pas. L'enfer n'existe pas comme existe au centre de la Guadeloupe un volcan nommé la Soufrière ... Il n'y a un enfer que s'il y a des damnés ... or nous ne savons pas s'il y a, ou s'il y aura des damnés ... nous ne pouvons pas, ne pas espérer qu'il n'y en aura pas". p.197

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

«L'enfer, c'est ne pas être heureux au paradis».

C'est déjà une forme d'enfer que de savoir que ce paradis est juste derrière le voile de la création actuelle.
C'est peut-être ça l'espérance chrétienne.

4:40 PM  
Blogger michel said...

Pour Omega 3.

Tout dépend comment on voit les choses. D'un côté du voile on peut aussi se voir comme dans la salle d'attente du paradis ! On a l'espérance que bientôt on va nous appeler à passer de l'autre côté. Alors le voile tombera ! Plus rien ne sera objectivé (Selon F. Marlière !)

4:43 PM  
Anonymous Anonyme said...

Oui, je préfère le voir comme vous le dites !

6:15 PM  

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