mardi 3 juin 2008

Changement

Nous sommes toujours en quête de choses nouvelles. Le changement fait partie de notre condition. On a pu dire, en boutade, que "le changement était la seule chose qui ne changeait pas". Mais quels sont ses effets ? Est-ce pour nous libérer ou nous rendre esclave ? Les deux sont possibles. Est-ce vrai que "Dieu fit la liberté, et l'homme l'esclavage" ? (1). À vérifier !

Qu'est-ce qu'on espère du changement ? Nous en espérons trop quand nous pensons qu'il va transformer notre monde en paradis terrestre. Quand nous pensons qu'à force d'inventer et d'améliorer sans cesse nos conditions de vie, nous allons trouver enfin une société idéale où notre soif de bonheur sera comblée. C'est le mythe du progrès. Il s'est montré pas mal décevant. Il y a là une situation spirituellement fausse. Nous en avons l'expérience, si rien ne se produit au niveau du coeur, nos progrès sur le seul plan matériel et technique, risquent fort de nous conduire à de nouveaux esclavages. Et à une situation pire que la précédente.

Cependant ne soyons pas trop pessimistes. Car tout être humain est capable d'être à l'écoute d'une sagesse qui le guide vers "la liberté que fit Dieu"et le libère de "l'esclavage fait par l'homme". Nous pouvons alors espérer beaucoup du changement. Comme par exemple: exploiter intelligemment et respecter la terre mère; développer les cultures biologiques; et surtout organiser le partage de ce que nous avons en surabondance. Est-ce vrai que la terre ne peut plus nourrir tous ces habitants, comme certains le pensent dans la crise actuelle ? J'en doute ! Je ne croirais pas que la terre soit la fautive. Elle ne manque pas de générosité. Regardons plutôt le comportement désordonné de ceux qui l'habitent et la rendent malade.

Cependant le changement en ce monde, aussi parfait et désirable soit-il, ne nous apportera pas sur cette terre, l'objet de l'espérance plus ou moins cachée au fond de nous. Cette espérance se réfère à une transcendance et elle est d'un tout autre ordre que les améliorations matérielles, sociales, politiques, ou les progrès de toutes sortes qui peuvent se faire sur la planète. Tout cela concerne le déroulement horizontal de l'histoire humaine. Au delà, il y a la réalité transcendante; terme très générique que chacun peut voir comme il veut. De cette réalité, nous avons à en témoigner, chacun à notre façon.

Le changement du coeur se fait dans le rapport vertical entre l'homme et sa source. ll doit nous conduire à substituer, dés maintenant, notre esprit de conquête et de possession, par un esprit d'accueil de la transcendance. Et, là commence déjà, la vie éternelle.

Voici, en conclusion, une pensée de K. G. Durckheim. plusieurs fois cité dans ce blogue (2). "L'homme est citoyen de deux mondes: celui de la réalité existentielle, conditionnée, bornée par le temps et l'espace, accessible à la raison et à ses pouvoirs; et celui de la réalité essentielle, non conditionnée, qui est au-delà du temps et de l'espace, accessible seulement à notre conscience intérieure et inaccessible à nos pouvoirs".

(1) Marie Joseph Chénier
(2) Cf. au début de ce blogue: 27 mai et 1 août 2006. Et ailleurs.