jeudi 1 mai 2008

Plénitude insoupçonnée

Une sage réflexion, sur les ondes de Radio Ville-Marie, a retenu mon attention. L'auteur (1) faisait remarquer qu'au niveau de notre organisme biologique la science n'en finit plus de faire des découvertes, mais que le cerveau humain demeure encore un inconnu. Comment ce que voient nos yeux peut se rendre à notre intelligence ? Comment ce qui est sensible peut devenir intelligible et spirituel ? Nous sommes habitués à ce phénomène inexplicable qui nous paraît tellement naturel qu'on ne sait plus s'en étonner. Cela va de soi que nos yeux voient, nos oreilles entendent et que nous en tirions ensuite des conclusions d'ordre intellectuel ou spirituel. Nous l'expliquons scientifiquement au niveau des causes secondes. Et nous nous arrêtons là, sans chercher à remonter plus haut.

Nous sommes en effet un mystère pour nous mêmes. Nous qui sommes arrivés en ce monde sans qu'on nous ait consultés, et qui le quitterons à un moment que nous ne choisissons pas. Tant de choses nous échappent. La psychologie nous donne un enseignement étonnant; et la parapsychologie nous présente des phénomènes difficilement explicables. Tandis que dans le domaine de la foi, nous ne comprenons plus rien ! C'est pourtant elle qui nous éclaire sur notre destinée éternelle.

Par la foi, de nombreux témoins, tant du passé que contemporains, ayant vécu dans les mêmes conditions que nous, ont débouché dans des espaces de lumière et de plénitude. Un tel accent de vérité émane de leurs paroles et de leurs actes qu'il est bien difficile de penser qu'ils aient été victimes d'illusion. À leur étonnement, ils ont atteint des sommets d'accomplissement auxquels ils n'avaient jamais aspiré. Ainsi, il y a en nous des espaces inexplorés, des pierres d'attentes pour nous procurer un bonheur qui nous paraît inaccessible.

Aveugles à ces horizons, nous pouvons nous sentir comme prisonniers de la vie qu'on n'a pas demandée. Au point que certains, en bonne santé et ayant ce qu'il faut pour vivre, sont tentés de s'enlever la vie. Situation qu'on ne peut juger, mais désolante: La vie semble absurde, comme une impasse. Alors qu'elle ouvre sur des horizons infinis, dit notre auteur: "L'homme a en lui d'insoupçonnables possibilités ... il est dévoré par un appétit de bonheur ... mais il voudrait souvent une réussite sortie de ses mains ... cherchant toujours a augmenter son capital " Fausse route ! " Nous avons seulement à devenir nous-mêmes ... C'est mal connaître le coeur humain que de l'orienter vers la consommation et la possession ... Son accomplissement est vers la transfiguration". Transformation qui est "une nouvelle naissance" dit la révélation.

"Pour nous remplir de lui, Dieu doit nous vider de ce que nous nous efforçons d'amasser ... ce qui peut paraître bien ingrat de nous faire perdre le fruit de nos labeurs. À qui ira l'héritage ?" Je deviendrai donc riche en perdant mon avoir, pour devenir moi-même ? C'est ce que je crois devoir comprendre. Ainsi nous sommes préparés à entrer dans la Cité céleste, règne de l'amour et de la gratuité, où nous ne pourrons emmener que notre être d'enfant de Dieu.

Mais nous ne sommes pas des anges ! J'oserais ajouter qu'en ce monde le dépouillement de l'avoir se fait surtout dans le coeur. Il n'exclut pas le bon usage que l'on peut en faire, avec la liberté que donne le détachement. Mais ... je ne le trouve pas toujours facile !

(1) Yves Girard, moine trappiste

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Comment ce que voient nos yeux ou encore tout ce qui est perçu par nos sens peut-il se rendre à notre esprit ? Ce phénomène est très mal connu.

Marlière nous en donne une réponse par ce qu'il appelle «l'objectivation», un phénomène pas tout à fait parfaitement bien compris. Il s'agit d'un *pouvoir* que possède les sens de faire paraître ou de matérialiser les présences qui se cachent derrière chaque objet de notre monde. Nos sens ont un *pouvoir* de perception par lequel ils existentialisent les présences d'Origine qui constituent la vraie réalité, le Réel. Le monde actuel n'est qu'illusion. (d'où nous vient ce pouvoir d'autre part ?).
C'est la façon dont on perçoit la réalité en ce monde. Elle passe par les sens. Rien ne vient à l'esprit qui ne passe par les sens. Cependant cette connaissance par les sens est toujours biaisée, faussée, et ne représente pas la vraie réalité car elle est toujours influencée par la non-gratuité de notre monde. Cette connaissance sensible nous vient de l'arbre de la connaissance ou du choix que l'on a tous fait à l'Origine, celui de l'arbre de la connaissance du Bien et du mal.

Connaître pour l'homme, c'est «objectiver». Même inconsciemment il matérialise la création d'Origine, la fait paraître, mais en lui imposant toute sa non-gratuité (opacité, temps, espace, successivité d'événements, mouvement..).
Marlière nous dit que l'homme devrait s'appliquer, d'abord sagement, à maîtriser cette objectivation..probablement pour ensuite mieux désobjectiver et atteindre le Réel supposément inaccessible ???

Quant au détachement ou au renoncement il n'est pas facile pour personne. La pauvreté évangélique des béatitudes, Mathieu 5, est celle que le monde supporte le moins. Elle n'est pas facile à pratiquer. Nous ne sommes pas (encore) des anges.

5:41 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home