mardi 18 mars 2008

Mûrissement

Nous mesurons notre temps en jours, années, etc. Notre espace en distance, surface, volume, etc. Et là, entre la naissance et la mort, se tisse notre vie. Monsieur de Lapalisse en aurait dit autant ! Et je suis heureux d'avoir ses talents ...

Mais la vie, est-ce seulement laisser passer le temps ? Ou encore tuer le temps parce qu'on s'ennuie ? Une transformation, normalement en mieux, doit se faire si on prend la vie au sérieux pour lui donner un sens. C'est le temps du mûrissement. Le fruit ne mûrit qu'avec le temps. C'est la dimension horizontale de la vie, mesurée par l'horloge. Un jour, elle en sonnera la dernière heure. Le temps cessera pour nous. Pour d'autres, il continuera. Mais dans le rendez-vous final, avec ceux d'hier et de demain, nous serons tous sans âge, libre du temps.

J'écoutais dernièrement un commentaire des premiers chapitres du livre de l'Exode. Ce livre de la bible qui nous relate, plusieurs siècles après l'événement, la sortie d'Egypte d'Israel (le peuple des promesses). Il y était en esclavage. Celui qui se nomme "Je suis Celui qui Est" (ici, Monsieur de Lapalisse ne l'aurait probablement pas dit !) demande à Moïse, le grand Prophète, d'accomplir une mission pas ordinaire: sortir le peuple d'Israel de l'Égypte, c'est-à-dire de son esclavage. Il refuse au moins quatre fois. On a l'impression qu'il s'obstine contre Dieu. Il se dit incapable, ne pas savoir parler, et prétexte qu'on ne le croira pas s'il parle au nom d'un Dieu inconnu.

Une étude de ces textes montre que ces différents refus s'étalent sur une longue période de temps alors que, de la façon dont ils sont écrits, il semble que tout se passe dans un temps très court. Les refus du début finissent par se transformer en acceptation, mais après un long mûrissement.

Ainsi est notre vie. Que de refus, d'hésitations, de commencements avortés, de reprises ! C'est probablement comme cela que nous allons continuer. À mon humble avis, c'est assez normal et bien comme ça. Il ne faut ni s'en étonner, ni se décourager. Nous pouvons en recevoir des approbations ou des réprimandes. On peut avoir le sentiment qu'on aurait pu faire plus ou mieux. Peut-être, mais on a fait ce qu'on croyait le mieux sur le moment, avec les moyens de bord. Et surtout, avec ce que nous étions. Si c'était à refaire ? Nous ferions probablement la même chose.

L'adage dit: "On ne peut donner que ce qu'on a ". Au niveau de l'être, l'avoir compte peu; même s'il est recherché. Ne devrait-on pas plutôt dire: "On ne peut agir que selon ce qu'on est." C'est un principe de philosophie: l'agir suit l'être. Mais "Celui qui Est" peut m'aider, dans le temps du mûrissement, à changer ce que je suis. Dans le temps, nous sommes des mutants.

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Une réflexion rapide :

Dieu a dit : «Je suis Celui qui est». Pourquoi n'a-t-Il pas dit : «Je suis comme Je suis» ?
Il a préféré dire «Je suis Celui qui est» car s'Il avait dit : «Je suis comme Je suis», ça aurait alors signifié «Acceptez-moi comme Je suis». Ce qui aurait laissé supposer qu'Il n'est pas parfait.
La première formule est ressentie davantage comme un accomplissement..comme Quelqu'un de pleinement réussi..qui a atteint la plénitude dans son Être..son plein potentiel.
C'est peut-être ce qui fait son Immutabilité de nature ou le fait qu'il ne change pas, car en lui tout est parfait.

Et si on ne peut agir que selon ce qu'on est, son Agir est Infini.

Bon, c'était juste un «moment» de cogitation. J'allais dire un «Instant» de cogitation.

Excusez-là !

10:33 PM  
Blogger michel said...

Merci, des trois commentaires reçus aujourd'hui. (deux relatifs à de précédents textes)
Il est difficile de concilier la perfection divine, sa puissance, son immutabilité, avec le devenir du Christ qui est entré dans "le temps" pour être semblable aux hommes".
Avec Frédéric Valière, les ouvrages de Maurice Zundel peuvent nous y aider. Il faut accepter de ne pas tout faire entrer dans nos catégories.

10:56 AM  
Anonymous Anonyme said...

Au risque de radoter, je dirais que la seule façon de ne pas être influencé par ses catégories mentales, c'est d'adopter la pensée métaphysique qui est une autre façon de penser..une façon intuitive..qui donne une connaissance intuitive qui dépasse la connaissance rationnelle.

4:11 PM  

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