jeudi 24 janvier 2008

Désirs

"Tous les désirs qui me distraient de Toi, jour et nuit, sont faux et vides. C'est Toi, Seigneur, que je veux, Toi seul". Voilà ce que disait Rabindranath Tagore, ce poète hindou, mystique et musicien (1841-1941).

http://pagesperso-orange.fr/alainjoly1/poemes06.htm

Bouddha, cinq siècles avant J.C, voyait dans les désirs, la source de la souffrance. Plus exigeant encore que Tagore, il dira: "Dépouille-toi de tout désir, même du désir de Dieu ... À la sérénité que tu éprouveras alors, tu connaîtras l'ultime Réalité". On est loin ici de la société de consommation qui nous pousse à convoiter tant de biens. En avivant nos désirs de choses plus ou moins utiles et encombrantes, elle nous "distrait de l'essentiel".

Mais, nos désirs sont-ils tous "faux et vides" ? Ce n'est pas ce que dit Tagore. Sont faux, seulement ceux qui me distraient de Toi. Il y a donc de bons désirs qui n'ont pas cet effet pervers ! N'est-ce pas une bonne chose que de désirer Internet pour m'exprimer sur ce blogue, pour trouver tant d'informations et communiquer rapidement ? Et le désir d'avoir une voiture pour me déplacer, et même, pourquoi pas, le désir d'un bon verre de vin, ou d'une ballade en kayak ? Je me sens quelquefois une âme d'épicurien !

Cependant je ne contredirai pas Tagore, ni Bouddha. Mais, avant de savoir qu'un désir est faux et vide, il nous faut souvent expérimenter sa nature. Ainsi on peut en avoir la conviction. L'expérience des faux désirs nous permet ensuite de nous orienter vers l'essentiel. Tagore l'appelle "Toi". Il fut un temps où, amateur de musique de J.S Bach, j'avais le désir d'enregistrer tout ce qui passait de lui à la radio. Bien vite, je me suis retrouvé avec un tas de cassettes enregistrées, incapable de trouver le temps de les réécouter. Les exemples de ce genre pullulent. Un jour ou l'autre, ce sentiment de vide que laisse le faux désir, finit par produire son effet: compris ! Ce que j'ai désiré, n'était pas désirable. Le désir était faux, incapable de me combler. Il me laisse un sentiment de vide. Je dois me tourner vers autre chose. C'est de bonne pédagogie !

Selon l'esprit avec lequel on aborde ces textes de Tagore ou de Bouddha (et bien d'autres), ils peuvent paraître soit déconnectés du réel, ou d'une profondeur admirable. On trouve aussi dans l'évangile des textes semblables, d'une même profondeur. Pour notre esprit rationnel, ils sont tout aussi difficiles et quelquefois contradictoires.

L'être humain, de par sa nature, est un être de désir; c'est incontestable. Bouddha, en fait, voulait n'en garder plus qu'un : non pas le désir de Dieu mais celui, contradictoire, de n'en avoir aucun ! Sans doute voyait-il dans le désir de Dieu, une convoitise qui devenait un obstacle à son cheminement. Comme si, pour trouver Dieu, il fallait y renoncer. Il y a là une vérité que l'on retrouve assez souvent dans la vie courante: une chose, une situation, nous est donnée, lorsque nous cessons de la convoiter.

Les biens désirés, quand ils sont faux et vides, une fois possédés, ne nous comblent pas vraiment. Le désir se porte alors vers autre chose, sans satisfaire notre véritable besoin qui en est un d'absolu. Ainsi sommes-nous faits, pour les grands espaces !

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Le désir de Dieu n'empêche pas le désir de l'homme de se réaliser dans tout son être, autant comme personnage que comme personne.

Cependant il est toujours partagé entre les deux ! (homme à l'âme partagé comme dirait Saint-Jacques).

4:46 PM  

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