jeudi 13 décembre 2007

Une infinie discrètion

"La mise en place du sublime s'opère dans une infinie discrétion". Ces paroles sont celles d'un trappiste (1) entendu dernièrement sur les ondes de radio Ville-Marie, à Montréal. Voici ce qu'elles me suggèrent.

Dans notre société bruyante où la publicité, le vedettariat, la compétition, le sensationnel font fureur, "l'infinie discrétion" n'est pas de mise. Le monde du spectacle a besoin de tout cela, mais nous n'y trouvons guère le climat favorable au développement du sublime, quoique ... malgré toute cette esbroufe, on peut y déceler encore le sublime qui se cache. Mais il faut savoir y être attentif, car le sommet des valeurs spirituelles, esthétiques ou morales s'établit sans faire de bruit, ou malgré le bruit.

Le sublime se perçoit plutôt dans le silence intérieur. On peut le côtoyer sans le voir. Le sublime d'une oeuvre musicale ou d'un beau paysage m'échappe parce que je n'y suis pas accordé. M'échappera aussi la présence d'un ange, agneau déguisé en loup. L'agitation ou le regard routinier m'empêchent de déceler le sublime. Trop habitué au spectaculaire, aux grandes choses qui arrivent avec tambour et trompette, je ne suis plus adapté à la beauté discrète, plus stable, plus imprégnante et comblante que tous les clinquants.

La sublime réponse du divin à mes demandes intérieures est souvent discrète. Je n'ai pas su la voir car je la cherchais ailleurs que là où elle était. Ou dans un temps qui n'était pas celui où je l'attendais.

Le sublime n'est pas pressé, il s'élève lentement et ne peut se voir que de l'intérieur. Dans un coeur bruyant et encombré, il ne pourra s'y adapter, ni inventer ses propres lois pour agir d'une façon juste. Yves Girard, cet homme sage, dit que nous nous soumettons à un code de lois qui nous a été imposé. La plupart du temps, nous ne le critiquons même pas. Ce n'est pas ainsi qu'un vivant peut se libérer des faux modèles qui lui sont proposés pour atteindre une plus grande liberté intérieure. "Aime et fais ce que tu veux !" dira Saint Augustin.

"L'anarchie du coeur, passe avant la loi écrite" (2). L'amour dispense de la contrainte de la loi extérieure. Il n'entrave plus ma liberté, il me la donne.

(1) Yves Girard, trappiste d'Oka (Québec).
(2) Cf. sur ce blogue "Anarchie", au 17 nov. 07. On y trouve aussi ses écrits.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

«Quand on a que l'Amour..pour faire face au son des tambours..comme dit la chanson.

8:54 PM  

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