samedi 6 octobre 2007

Le temps: un ami ?

Je ne peux pas échapper au temps. Il est mon compagnon depuis ma naissance, et je ne peux pas concevoir ma vie hors du temps. Pourtant, je sais que la mort m'en fera sortir; et je continuerai à vivre sans lui, d'une façon différente, inimaginable. Tant d'êtres chers, bien connus, sont maintenant dans ce "hors du temps".

Ma naissance m'a fait entrer dans le temps. La mort m'en fera sortir. En attendant, c'est le temps qui me fait vieillir. Jusqu'à un certain âge, vieillir est un avantage, permet à l'enfant d'atteindre le maturité, d'être plus fort. Mais plus tard, après la cinquantaine, le temps conduit inévitablement à un déclin, celui de la vieillesse. Dois-je pour cela le considérer comme un ennemi ?

Je ne peux guère lutter contre le temps. En voulant trop le maîtriser, je risque d'en faire un ennemi. Alors que faire ? Simplement me laisse couler dans le temps, comme je me laisserais emporter, sans effort, par le courant d'une rivière.

Cet automne, avec mon épouse, notre fils et sa conjointe, nous avons descendu la rivière Saint-Maurice en kayak, du barrage de "La Gabelle" jusqu'à Trois-Rivières. Pendant près de trois heures, nous nous sommes abandonnés agréablement au courant, passant quelques rapides, évitant les rochers; tout cela dans un décor magnifique. Quelques surprises: une île, un remous, une bizarrerie sur les rives sauvages.

Ainsi, me semble-t-il, doit être vécu le temps: au présent, sans s'y opposer, sans chercher à en remonter le courant, en accueillant les surprises et les remous. Alors, sur la pente descendante, en vieillissant, il continue d'être un ami. Bon gré, mal gré, je suis acculé à en faire un ami. Sinon, je vais le maudire; la pire des choses !

J'ai déjà entendu dire: "On passe la première partie de sa vie à envier la seconde, et la seconde à regretter la première". Ce n'est pas une bonne philosophie. Nous pouvons être tenté de regretter le temps de la jeunesse, mais attention, pas trop ! Nous ne devons pas entrer dans la vieillesse à reculons, en s'accrochant au passé. Il y a une pente descendante irréversible. Utilisons-la pour prendre notre élan afin de mieux sortir du temps. Mais, quand ce sera le temps ! En suivant le rythme du courant, je me sens ni pressé, ni anxieux d'aller trop vite; bien qu'en fait, vers la fin de la vie, le courant semble vraiment plus rapide !

Le temps est un ami, mais par le présent. C'est mon lien avec l'éternité. Je dois apprendre à ne pas le couper, sinon je risque de ne pas savoir mourir. Mais vouloir bien mourir, c'est encore une inquiétude inutile ! Au moment de faire le saut en dehors du temps, alors le pont se présentera. Je ne dois même pas dire: on verra ! Des milliards d'humains ont su faire ce passage avant moi, pourquoi ne le saurais-je pas moi aussi ?

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Entrer dans le temps..
Attendre le temps..
Prendre le temps..
Se payer du bon temps..
Arrêter le temps..
Tuer le temps..
Sortir du temps..
Regretter le temps..
Le temps le pire..
Le meilleur temps..c'est le moment présent.

7:18 PM  

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