lundi 3 septembre 2007

Temps et Éternité

Je reviens à des choses un peu plus abstraites. Ces deux mots, temps et éternité, semblent opposés, ils sont pourtant très proches l'un de l'autre. Ils ont passionné beaucoup de penseurs et comme nous sommes tous plus ou moins penseurs, ils devraient bien nous passionner, nous aussi !

L'éternité est difficile à cerner parce qu'elle échappe à nos catégories humaines, et à toute mesure numérique: plus d'heures, de mois, d'années. Le temps, lui, nous est beaucoup plus familier. Depuis notre naissance, nous avons appris à jongler avec les données du calendrier et de l'horloge.

On ne mesure pas l'éternité. Où trouverait-on son commencement et sa fin ? J'ai déjà abordé le sujet sur ce blogue. Guidé par Frédéric Marlière, philosophe et théologien, j'ai essayé de montrer que, dans l'éternité, tout existe dans une parfaite unité; une unité telle qu'il n'y a plus de pluralité numérique: 1, 2, 3, 4, etc. La comptabilité y devient impossible. Au plan spirituel, cette éternité se nomme: Royaume des Cieux, Ciel, Jérusalem céleste, etc. Là, il n'y a que de pures relations entre les êtres. Ils ne sont plus concrétisés. Il n'y a plus de "choses". Les livres de F. Marlière en font un exposé détaillé. (1)

Cela nous laisse d'abord perplexes: plus d'objets concrets, plus de comptabilité ! Quelle déception pour les forts en math, nous qui sommes habitués à compter ! Nous comptons tout: les sous, les choses, les hommes, les femmes ... Peut-être que cette déception s'estompera lorsque nous aurons rejoint le monde de l'éternité; car l'intelligence, enfin satisfaite, jouira de la connaissance parfaite !

De toute façon, si cette absence de pluralité numérique et d'objets concrets nous dérange intellectuellement, oublions-la ! Et pensons plutôt à l'unité parfaite qu'elle implique, un peu comme dans une assemblée d'amis intimes. où nous nous sentirions en parfait accord, tous un, sans autre opposition que celle de la seule relation entre nous. C'est-à-dire, Paul n'est pas Pierre, ni Marie.

Que faire de tout cela ? Est-ce seulement un jeu cérébral, bavardage sans fondement ? Je ne le pense pas. Personnellement, cela m'aide à dépasser notre langage de ce monde concret où tout est mesurable et quantifiable. Ce langage, merveilleux et suffisant pour parler des choses du temps, est imparfait pour traiter de l'éternité. À quoi servent ces hypothèses sur l'éternité ? Elles nous aident à saisir quelques bribes de ce qui se passe dans l'autre monde. En attendant de jouir de la plénitude, c'est déjà beaucoup !

On oppose le temps à l'éternité. Mais n'ayons pas une idée négative du temps. Il n'est pas vraiment une illusion, ni une entrave à notre progrès spirituel. Le langage des religions orientales peut laisser croire qu'il faut échapper au temps et nous soustraire aux réalités de ce monde. En réalité les orientaux savent très bien que le temps rythme notre existence; ils expérimentent comme nous qu'il nous fait cheminer vers notre but: l'éternité (Pour eux, la fin du cycle des renaissances). Le temps nous fait prendre conscience de notre devenir. Il nous fait traverser des étapes successives où chacune coexistent avec l'éternité. Car le temps vient de l'éternité. Sans elle, le temps n'existerait pas, disait St. Grégoire de Nysse (2). L'éternité fonde le temps.

Nous disions que le temps n'était pas une entrave au progrès spirituel. Bien au contraire, il permet la transformation, spécialement la nôtre. En mieux ou en pire ! Mais normalement en mieux. Car nous sommes comme programmés pour aller vers le mieux. Mais ce n'est pas automatique. Le choix reste toujours possible: programmation souple qui laisse la place à la liberté et à la responsabilité. Même s'il peut y avoir, dans nos choix, un certain pourcentage de déterminisme, c'est rarement (peut-être jamais ?) à cent pour cent. Mais alors, dans ce cas, nous n'aurions pas à en porter la responsabilité.

Ordinairement donc, nous voulons faire un bon usage du temps, et quand c'est nécessaire, il nous donne la possibilité de réparer des erreurs antérieures. Voilà pourquoi nous n'aimons pas être jugés d'après nos actes passés, mais par ce que nous sommes devenus aujourd'hui. Malheureusement les criminels, après la purgation de leur peine, sont souvent figés dans leur état de délinquant, avec les conséquences que cela comporte. "Les dossiers les plus complets et les plus rigoureusement exacts présentent ceci d'injuste: c'est de conserver un passé à l'état stationnaire, alors que le passé se transforme avec la vie. La bonne façon de tenir un dossier serait donc d'éliminer à mesure qu'on ajoute; ainsi chacun n'aurait plus qu'une fiche à son dossier, qu'un renseignement, celui de la minute présente, le seul d'ailleurs qui vaille". Notre bon sens peut alors suppléer à cette faiblesse.

Quant à l'avenir, nous savons comment le: "Tu ne feras jamais rien de bon !" peut être paralysant pour un jeune mal diagnostiqué par un parent ou un enseignant mésestimant le pouvoir de transformation du temps. Quoique aussi, un tel jugement peut parfois être un stimulant. Pour prouver le contraire !

(1) Cf. Texte de ce blogue au 13 août 2006, note 1
(2) Cf. St. Grégoire de Nysse dans 'Contre Eunomius', liv. 1: "Rien ne peut avoir commune mesure avec la divine et bienheureuse Vie (l'éternité). Car celle-ci n'est pas dans le temps, mais c'est le temps qui vient d'elle"

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

*Ce qui se passe dans l'autre monde ou dans le Monde de Dieu*

Tout «est» dans l'Éternité..dans les temps éternels..dans les éternités des éternités.

L'Éternité c'est Dieu lui-même. Cette Éternité pour nous sur terre, on la pense comme un «temps» ou une durée. Or il n'en est rien. C'est l'Éternel moment présent de Dieu le Père en lequel tout est en unité, Un, Immuable, Infini, Impassible.

C'est l'Acte parfait, l'Acte d'«Ètre» de Dieu (..dans le moment présent)..éternel. Et on peut entrer en relation avec cet Acte créateur de Dieu. Pour nous,sur terre,en tant que personne humaine, seul l'Instant ou le moment présent donne accès à cet Acte de Dieu ou à son Éternité. Dieu est Éternité.

Pour nous, la mort chrétienne ou la mort à son personnage dans l'Instant est créatrice d'Éternité ou d'«être» car mourir à soi-même c'est vouloir devenir celui que l'on «est». Mourir à soi-même c'est aussi Aimer (aimer nuptialement). C'est un acte d'Amour car c'est *«vouloir que l'on «soit»*

(Réf.: bouton 27, (7),www.spiritualitedunouveauregard.net).

9:35 PM  

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