samedi 17 novembre 2007

Anarchie

Voici un mot qui évoque plutôt le désordre, le mépris de la loi. Dans une réflexion que j'ai écoutée dernièrement à Radio Ville-Marie, Yves Girard, trappiste de l'abbaye d'Oka (1), l'emploie dans un sens qui peut déconcerter nos façons de penser. Bien sûr, il s'inspire de l'évangile qui n'est pas toujours notre modèle. Il parle de l'anarchie de l'amour, celle du coeur. "L'amour doit se soumettre, dit-il, à la loi de son propre coeur, et non à la loi extérieure" qui va si souvent à l'encontre de celle du coeur. Ce paisible moine veut-il encourager la désobéissance civile ? Ce n'est sans doute pas son intention première. Mais la société, (et toute l'humanité), si elle se soumet à cette loi du coeur, marche vers sa libération des injustices, et vers son ordre véritable. Et il cite quelques paraboles de l'évangile:

1- La parabole des ouvriers dans la vigne (2). Jésus montre que ceux qui n'ont travaillé qu'une heure, parce qu'embauchés au dernier moment, reçoivent du patron le même salaire que ceux qui, toute la journée, ont supporté un dur labeur. Il y a des plaintes. L'employeur répond: "Faut-il que tu sois jaloux parce que je suis bon". Quelle injustice ! Que fait-on de la loi de la juste rétribution ?

2 - De même dans la parabole de l'enfant prodigue (3). Le fils aîné, travailleur acharné et fidèle sur les terres de son père, se sent lésé en voyant son père favoriser son frère cadet qui, après avoir abandonné la maison paternelle pour aller faire la bamboula, y revient repentant. Au lieu de le punir, le père organise une fête pour se réjouir de son retour. Quant au fils fidèle, jaloux, il reçoit une remontrance de son père pour refuser d'entrer dans la fête. Quel père ingrat ! N'y a-t-il pas une loi qui veut qu'on encourage le travail et la fidélité ?

On trouverait encore dans l'évangile, d'autres exemples de la gratuité de l'amour. Dans la maison du Père (le Royaume des Cieux) faire valoir sa propre justice et ses mérites est "un langage irrecevable; et il est odieux de faire des comparaisons. Les élans spontanés de l'amour sont gratuits. On ne peut pas faire appel à nos réussites et à notre justice, pour mériter l'amour ... il a toutes ces conditions en horreur !"

La mort biologique dépouille de tout. "En entrant dans le Royaume des Cieux, précise Yves Girard, nous ne serons plus que le pauvre qui doit tout recevoir. Le salut est gratuit. Et cependant nous persistons à vouloir le mériter, comme si le visage de l'enfant que nous sommes, ne suffisait pas, à lui seul, à faire toute la joie du Père".

Si je comprends bien, nous déformons ce visage en voulant l'embellir. Il suffit qu'il retrouve toute sa beauté originelle. Un peu comme ce tout jeune enfant qui, n'ayant pas pris conscience de sa beauté, ne l'a pas encore défigurée.

Voilà ce que j'ai pu retenir de la méditation d'un sage. et qu'on peut retrouver dans la lecture de ses livres. (1)

(1) Yves Girard, auteur de nombreux livres. Entre autres, chez Anne Sigier: Lève-toi; Resplendis ! - Aubes et Lumières - Les injustices de l'amour - Solitude graciée - Etc.
(2) Évangile de St. Matthieu 20, 1-16
(3) Évangile de St Luc 15,11-31

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Pas mal!

6:14 PM  
Blogger michel said...

Merci pour votre appréciation !

Et de me donner maintenant l'occasion de parcourir votre site: "femmethéâtre".

M G

9:14 AM  
Anonymous Anonyme said...

La loi de l'Amour ou celle qui *«veut que l'autre «soit».*

8:15 PM  

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