jeudi 14 février 2008

Le plus petit domaine

"Combien fécond le plus petit domaine, quand on sait bien le cultiver" (Goethe)


Mon père avait ce savoir faire: avec quelques mètres carrés de bonne terre, il nous fournissait en légumes de toutes sortes.
(Ci-dessus: mon père et mon fils Daniel, en 1979)

J'ai découvert, par hasard, cette sentence de Goethe. J'ignore, hors contexte, le sens qu'il voulait y donner. S'agit-il de l'art de cultiver un jardinet pour lui faire rendre son maximun ?

Je serais étonné que ce grand poète allemand n'ait pas voulu en dire plus. Car "domaine" ici, peut signifier bien des choses. Au delà du lopin de terre, on peut y voir la culture de nos "petits" talents. En y travaillant intelligemment et avec persévérance, on finit par aboutir à une réelle fécondité. Sur ma méthode flûte, dès la première page, on peut lire: "Vous désirez bien jouer ? C'est une simple question de temps, de patience, et de travail intelligent" Réflexion encourageante pour ceux qui ne se sentent pas surdoués ! Et transposable en bien d'autres domaines.

Ces petits talents, insoupçonnés ou presque inexistants, sont généralement plus difficiles à cultiver que nos talents naturels évidents. Ceux-ci se développent rapidement et sans grand mérite. C'est peut-être ce que veut dire le proverbe africain: "Ramer dans le sens du courant, fait rire les crocodiles". Les moqueurs ! Ramer à contre courant les ferait sans doute applaudir.

Il y a aussi en nous d'autres petits domaines. Petits, pas en importance, mais parce que souvent ignorés, comme des personnes sans instruction, mais intelligentes et efficaces. Nous pouvons les découvrir sur le tard, après avoir travaillé longuement à développer d'autres talents socialement plus rentables: pratique d'un sport, habileté professionnelle, etc. Ainsi sur le plan de l'être, et non de l'avoir, ces petits domaines négligés, endormis, deviennent très importants. Tellement, qu'une fois éveillés, ils prennent toute la place. Le reste devient alors secondaire et perd son ancien prestige.

Ainsi en est-il de notre relation avec le monde d'en haut. Il est d'ailleurs tout autant d'en bas, mais nos symboles aiment le placer en altitude, au ciel; comme pour nous signifier qu'il n'y a pas que les choses de la terre. "Recherchez donc les réalités d'en haut" dira Saint Paul (1). Un peu paradoxalement, il se trouve qu'en recherchant les réalités d'en haut, celles d'en bas prennent du relief, tout en nous faisant sentir leur valeur relative. Elles passent !

La liturgie chrétienne nous fait dire: "Élevons notre coeur !" Au dessus du ciel visible, la cosmologie des anciens plaçaient un ciel invisible: "Les cieux des cieux", domaine de Dieu, tandis que la terre était celui des hommes. L'évangile compare le royaume des cieux à une toute petite graine à cultiver, une graine de sénevé (moutarde). En poussant, elle devient un très grand arbre, et les oiseaux viennent se percher sur ses branches. (2) Cette semence et sa croissance, nous sont données par un Autre. Mais il nous appartient de cultiver le terrain, le "petit domaine". "Quand on sait bien le cultiver", avec du temps, de la patience et un travail intelligent, "combien fécond"peut-il devenir.

(1) Épitre aux Colossiens 3, 1-2
(2) Évangile de Matthieu 13, 31-32

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Ce n'est pas à partir d'«en-bas» que l'on peut transformer le monde mais à partir d«En-haut».

La transformation du monde actuel commence par notre propre transformation..dixit M.!

10:16 AM  

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