jeudi 6 mars 2008

De l'Eden au Ciel

"Aucun être ne peut avoir pour fin ce qu'il n'a pas pour origine". Une citation de Simone Weil. Que veut-elle dire ? J'essaie de la comprendre.

Quand je cherche à comprendre le sens de ma vie, impossible d'éviter la double question: d'où je viens ? (mon origine); où je vais ? (ma fin). La réponse ne peut pas se limiter à ma naissance en ce monde: à telle date, je suis né de ma mère. C'est un commencement oui, mais pas mon origine véritable. Ma fin n'est pas non plus ma mort physiologique: à telle autre date, je disparais de ce monde. Il faut donc chercher ailleurs notre origine; et chercher ailleurs notre fin. Car être parachuté ainsi mystérieusement en ce monde à la naissance, pour en disparaître aussi mystérieusement à la mort, apparaît absurde si rien d'autre ne se cache en dessous.

La question est essentielle. Elle a hanté l'être humain depuis toujours. La réponse nous projette nécessairement en dehors de nos limites historiques; car notre origine nous conduit avant notre naissance temporelle (peut-il y en avoir une autre ?) et notre destinée se trouve après notre mort physique (peut-il y avoir encore quelque chose ?).

Simone Weil, nous donne un élément de réponse: "Aucun être ne peut avoir pour fin ce qu'il n'a pas pour origine". Autrement dit, pour atteindre une fin divine, il faut une origine divine. Est-ce bien cela qu'elle a voulu dire ? Dieu ne peut être au terme que s'il est là au départ.

Avouons que, pour nous qui vivons en ce monde sensible, il est assez difficile d'imaginer une fin et une origine en dehors du temps et de l'espace où notre vie sensorielle se nourrit. Mais notre coeur peut très bien y être accordé, en être assoiffé, et souffrir de ce manque essentiel dont il est en espérance. Ce qui explique le sentiment dit "religieux".

Le point de départ de l'humanité ne semble pas être dans ce monde du temps et de l'espace. Il est ailleurs, dans ce mystérieux "Éden", dont nous parle le livre de la genèse. Voilà notre origine. Elle n'est pas terrestre, même si on a pu appeler l'Éden, un paradis "terrestre"(2). Notre fin, "le Ciel", n'est pas moins mystérieuse. Entre les deux, se situe notre cheminement en ce monde, notre "exil", car ce n'est pas notre demeure définitive, éternelle. L'exil constitue l'histoire. Pour chacun d'entre nous, ce cheminement dans l'exil est limité par la naissance et la mort. Mais notre parcours dépasse ces bornes, il va de l'Éden au Ciel. Et notre "fin" (le Ciel) est possible parce qu'elle est déjà dans notre "origine". Hors du temps, les deux se rejoignent.

Un philosophe de renom (1), pouvait alors dire: "Ce qui relègue parmi les faux problèmes, tous les essais de concordismes entre les données de la science (de la paléontologie en particulier) et la révélation de l'Écriture: le rapport vertical entre l'homme et sa source est d'un autre ordre que le déroulement horizontal de l'histoire"

Des experts en la matière (2), nous laissent entendre que l'histoire (c'est-à-dire la vie plutôt douloureuse dans ce monde concret qui nous est familier) commence à la "chute". Expression imagée d'une mystérieuse rupture dont l'homme libre est seul responsable. Car le "mauvais choix" (3) du premier couple en est la cause. Ces images qu'on pourrait dire "mythiques" (ce qui n'est pas synonyme de fable !) ne doivent pas nous détourner du sérieux de leur message. Le ridiculiser ferait perdre un élément important pour la compréhension de notre origine, de notre exil, et de notre fin.

Les voies d'approche de ce Mystère des origines peuvent être différentes. Certains éprouvent très peu d'intérêt pour la réflexion philosophique et théologique. Pour les encourager, voici une parole d'un chanteur de renom (4): "Pourquoi philosopher, alors qu'on peut chanter !" La musique et le chant sont une autre porte d'entrée. De toute façon, rien ne pourrait dispenser du message d'amour universel. Puisque cet Amour est à la fois l'origine et la fin.

(1) Gustave Thibon, dans sa préface du livre : "Et leurs yeux s'ouvrirent" de Frédéric Marlière. 1988, Ed. Anne Sigier. C'est là également qu'il cite Simone Weil.

(2) Cf. les ouvrages de Frédéric Marlière aux Ed. Anne Sigier.

(3) On a appelé cela "péché originel". L'expression peut être contestée.

(4) Si je me souviens: Jacques Brel (?)

Pour trouver les ouvrages de Frédéric Marlière: http://www.annesigier.qc.ca/livres_philo.html

Voir aussi le site: http://www.spiritualitedunouveauregard.net/files/




4 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Je vous suggère un lien additionnel pour retrouver les ouvrages de Frédéric Marlière :

www.annesigier.qc.ca/livres_philo.html

8:10 PM  
Blogger michel said...

Merci pour ce lien plus précis. Il nous améne en effet directement au but. J'ai fait la correction

9:19 PM  
Anonymous Anonyme said...

Merci bien pour la référence à mon site !

9:49 AM  
Anonymous Anonyme said...

Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ?

La fameuse question que l'on se pose tous un jour sur nos origines et notre destinée en passant par la connaissance de soi.

La réponse à ces questions est intemporelle, c'est-à-dire hors du temps et de l'espace. Elle est dans l'Instant ou dans l'éternel présent de Dieu..dans son Acte créateur et rédempteur..dans son éternelle Pensée d'Amour..dans son Plan, soit celui de faire de nous ses Enfants adoptifs pour l'éternité.

3:17 PM  

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