mercredi 21 mai 2008

Alzheimer

Une personne atteinte de la maladie d'Alzheimer est-elle diminuée dans sa vie de foi ? Est-elle capable de garder et de développer une relation de confiance avec Dieu ? Peut-elle y trouver un secours dans son épreuve ?

Je n'ai guère de doute à ce sujet. Il y a quelques années s'est ouvert ici à Trois-Rivières, la Maison Myosotis, une ressource pour ce type de maladie. Lors de l'ouverture, une demande avait été faite au responsable de la communauté paroissiale, pour qu'il y ait une célébration eucharistique hebdomadaire. Ce qui n'était pas possible. Mon épouse et moi, nous nous sommes demandé si nous pouvions faire quelque chose. Nous avons donc des rencontres avec les malades, chaque lundi matin, depuis quelques années. Nous nous rassemblons pour un échange spirituel et prier ensemble, dans une structure souple qui ressemble à celle d'une célébration eucharistique, avec des chants pris sur un CD de Taizé, des extraits de textes bibliques courts et simples qui servent de base à un échange avec ceux et celles qui comprennent très bien et aiment parler. Les autres écoutent ou .... dorment ! Mais je sens que pour ceux là, il y a une autre porte d'entrée, ouverte au message spirituel.

De ces rencontres nous revenons souvent réconfortés de voir que, malgré leur handicap, quelque chose se passe. J'en conclus, et c'est à cela que je veux en venir, qu'il y a dans notre organisme humain, à côté du physique et du psychique, une structure spirituelle qui a une certaine autonomie, et non vulnérable par la maladie. Le spirituel se garde intact et probablement se conforte davantage quand le reste est blessé. Ils sont réceptifs aux réalités de la foi. Plusieurs expriment leur reconnaissance pour ce qui leur est apporté. D'autres s'expriment par le regard, et le message n'en est que plus fort. Ce regard, souvent accompagné d'un sourire, ne ment pas. C'est bien le meilleur encouragement que nous puissions recevoir. Quand le contact s'établit ainsi j'ai l'impression de les entendre dire: " Je dors, mais mon coeur veille !"

Au début je me posais des questions: Sont-ils tous croyants ? de religions différentes ? Etc. Je ne m'encombre plus maintenant de ce questionnement et de ces catégories. La rencontre est ouverte à tous ceux qui veulent venir et qui le peuvent. Ce sont des amis, et nous leur donnons l'occasion de favoriser leur relation avec Dieu. Nous offrons la communion eucharistique, à ceux qui désirent la recevoir. Ceux qui ne savent pas trop: oui ? non ? Nous respectons leur hésitation. Il suffit alors de les regarder en souriant avec un geste d'amitié. Ce qui est aussi une communion. Et cela suffit. J'ose croire que certains ont déjà un pied dans le Ciel, sans en avoir encore la béatitude !