jeudi 17 septembre 2009

Veiller

Veiller, dans le sens évangélique, c'est ne pas dormir, patienter, espérer, attendre sans savoir quand, sans fixer de date, mais avec la certitude que cela arrivera en son temps.

D'une certaine façon, ce qu'on attend est déjà là, parce que Celui qui me donne est nécessairement présent, lui que me donne l'être et la vie. je peux espérer parce que je possède déjà, dans mon fond caché, ce que j'attends. Au point que Ste Thérèse de Lisieux, avant de mourir et en pleine nuit de la foi, pouvait dire : « Je ne sais pas ce que j'aurai de plus au ciel ...». Elle se plaçait, bien sûr, au seul point de vue de la foi.

Quelle incompréhension de la part de certains incroyants d'affirmer que les croyants espèrent pour fuir leur responsabilité en ce monde en se réfugiant dans l'autre. Leur espérance en quelque chose de meilleur dans l'au-delà serait comme un refuge illusoire, par peur de la dure réalité, ou par peur d'affronter la mort, « comme s'il y avait péché à nourrir notre espérance » (1).

La vigilance dans l'espérance implique de ne pas savoir quand; car le temps importe peu dans ce nouveau registre de la foi où «un jour est comme mille ans». Mais, il nous est bien difficile, nous qui sommes si souvent portés à consulter notre calendrier et notre montre, de sauter dans ce registre hors du temps et de nous y tenir. Voilà pourquoi il nous est répété de «veiller et prier». Sans la prière, l'espérance est longue; nous pouvons nous sentir oubliés, abandonnés. Nous risquons alors le découragement et la tristesse.

Quand quelqu'un de notre entourage quitte ce monde définitivement, notre raison de vivre et notre espérance sont souvent réactivées. Nous pouvons éprouver le besoin de garder un contact nouveau, tout spirituel, avec celui qui n'étant plus là physiquement, nous apparaît encore proche cependant, mais accessible autrement. Puis, nous reprenons une conscience plus forte, qu'un jour, ce sera notre tour.

(1) Yves Girard, moine trappiste.