jeudi 22 octobre 2009

La mort : un sens à la vie ?

« C'est la présence de la mort, qui donne un sens à la vie ». Pendant la première guerre mondiale, Maurice Genevoix, l'auteur de cette citation, a frôlé la mort de près. Et il a vécu celle des ses frères de combat qu'il a vu mourir, au front, près de lui. Hanté par cette expérience douloureuse, la présence de la mort sera pour lui, ce qui donne un sens à la vie.

Il n'est pas le seul à voir les choses ainsi. Il n'a sans doute pas tort. Qui peut rester indifférent devant cette réalité qui nous touche tous profondément. Chacun à son heure, nous aurons tous à l'affronter. Étant encore jeune, j'ai connu un ancien combattant affirmer qu'il s'était habitué à voir ses amis sauter autour de lui, les uns après les autres, dans les tranchées. Il n'était pas indifférent à ce carnage, bien sûr, mais il ne se posait plus de questions. La proximité de la mort, lui avait donné sa réponse: il savait qu'elle n'était pas la fin ! Sentiment très fort qui n'est pas dicté par la raison, mais qui s'impose à elle comme une vérité incontestable. Il pouvait alors vivre de façon sereine la mort de ses amis, et sentir la sienne qu'il croyait, dans les circonstances, imminente.

Certains préfèrent penser qu'après la mort, il n'y a rien. Ils affrontent la mort également avec résignation et courage, ne craignant pas la mort après une vie bien remplie. Nous n'avons pas tous la même sensibilité, et notre milieu d'éducation y est pour beaucoup. La vie adulte est souvent responsable de la perte de ces vérités enfantines (pas synonyme de puéril !) qu'on ne sait plus conserver. Souvent, elles reviennent quand certains événements nous interpellent.

Curieux paradoxe: la mort, perte de la vie biologique, celle du corps physique, est ce qui lui donne un sens ! La mort, en effet, ne peut atteindre l'essence de notre être. De nature spirituelle, notre être essentiel, ne peut mourir. Il est assumé par la grande Vie. Voilà pourquoi, Maurice Genevoix, trouve dans cette mort le signe de cette permanence de la vie. Elle ne supprime pas le mystère, mais elle l'éclaire.

D'ailleurs beaucoup, sans référence à aucune tradition spirituelle, pressentent cette continuité de la vie. Ils vivent cette transition comme une suite naturelle à leur naissance. Ils la pressentent comme une vérité innée, non rationnelle.

Merci à Maurice Genevoix d'avoir affirmé cette vérité, à la fois évidente et pourtant mise en doute. De sa demeure éternelle, sa voix se fait encore entendre.