mercredi 10 février 2010

Au-delà de la raison

J'entends souvent des raisonnements qui refusent la foi, comme si le fait de croire était une injure à la raison humaine. Mais non, la foi supplée à la raison qui ne peut aller plus loin. On peut, bien sûr, la refuser. Car il faut souvent une longue démarche de réflexion et d'événements qui nous instruisent avant de pouvoir dire: oui ! Quelquefois, cependant, de nombreuses expériences, qu'on pourraient qualifier de mystiques (Paul Claudel, etc), nous montrent que ce « oui » vient instantanément, sous l'effet d'une lumière d'en haut. Mais ce oui est souvent précédé de nombreuses années de recherches douloureuses.

Laissons une belle place à notre esprit raisonnable, capable d'avancer assez loin dans la recherche de la vérité. Mais ne lui laissons pas toute la place. Car cela aussi fait partie de la vérité: la raison a ses limites. Elle doit accepter et se soumettre à une vérité plus haute qui la dépasse: une plénitude que la foi seule peut pénétrer.

Cette vérité est de l'ordre du divin, elle ne peut être contenue dans un être créé, limité. C'est à la fois une souffrance d'adhérer à ce que l'on ne peut comprendre, mais aussi une joie de se sentir saisi dans l'infini du divin. Surtout quand on sait que cet Infini s'appelle aussi l'Amour (cf. « Joie de croire, Joie de vivre. » de François Varillon, Centurion). Toute la vie du Christ nous oriente vers cela.

Alors, ce que l'on considérait comme l'absurde de la vie prend un sens. Et nous entrons dans la plénitude du Mystère. Ce Mystère nous fait souvent peur parce qu'il dépasse notre mesure humaine comme un inconnu qu'on ne peut appréhender.

J'ai souvent réfléchi à cette possibilité du refus de la foi. En ce qui me concerne, il m'est impossible de la refuser, comme si je ne pouvais faire autrement. Est-ce un don gratuit ? On le dit, et je le pense. Je ne peux donc pas m'en vanter !

Mais pourquoi est-elle donnée aux uns et pas aux autres ? Question à laquelle je ne peux répondre. Peut-être est-ce une question de « timing ». ? Chacun à son heure ! Mais heureusement la rédemption est universelle, offerte à tous les humains. « Ce problème de la foi des incroyants se posait déjà au temps où l'Église naissait. Dans le discours après la Cène, l'évangile de Jean met dans la bouche d'un des apôtres interrogeant Jésus : comment sa fait-il que tu te révèles à nous, et non pas au monde ?. C'est la question qu'on se posera toujours et toujours: Comment se fait-il que Dieu qui pourrait tout illuminer, n'illumine pas tous ? Comment réserve-il une illumination à quelques uns, sans pouvoir connaître les motifs se son choix ? La rédemption est universelle, la révélation demeure particulière..... Il existe une révélation virtuelle qui est plus large que la révélation explicite. Cette révélation est l'oeuvre secrète du Logos » (1)

(1) Cf. «L'évangile dans ma vie » de Jean Guitton, page 30, Foi Vivante 247. Desclée de Brouwer, 1990

3 Comments:

Blogger Réjeanne said...

Une phrase déjà lue dans la bible: "Dieu était dans la brise."

Est-ce dès la naissance que certaines personnes soient disposées à entendre cette douce brise et qu'après l'avoir entendu ne peuvent plus l'oublier parce qu'une chaleur leur a brûlé le coeur à tout jamais?

Mon père me racontait qu'un de ses oncles était comme un genre de mystique, très pieux. Par contre son épouse, tout en étant une bonne personne, éprouvait beaucoup de difficulté face à la prière.

Dans une même famille, la foi n'est pas donnée à tous de la même manière. Certains prétendent ne pas croire. J'ai entendu à quelques reprises: "Je ne crois pas que Dieu existe mais je souhaite me tromper et qu'il y aie quelque chose après la mort". Peut-être que ces personnes se disent athées face à notre vision de Dieu ou à cause d'une expérience différente de nous. J'ai remarqué que, même dans une assemblée de croyants, il est surprenant de constater jusqu'à quel point les idées diffèrent. Parfois certains veulent ne pas croire pour n'en faire qu'à leur têtes et un jour Dieu vient les rattraper.

Il y a aussi ceux qui sont saisis par Dieu ( sous forme d'une lumière qui vient d'en haut), comme tu le soulignes, à la suite d'une longue démarche et il en suit une transformation spectaculaire.

Et pourquoi certaines personnes qui ont consacré leurs vies à Dieu éprouvent sur leurs lits de mort des doutes face à leurs saluts ou leur foi et, que d'autres ayant vécu tout simplement partent dans une confiance paisible? D'où vient l'épreuve? D'un manque d'abandon? d'une tentation du malin? tout simplement d'une disposition psychologique? d'une plus grande conscience?
J'ai vu des personnes mourantes avec une telle résignation dans la souffrance que je sentais presque l'au-delà présent. Ces êtres décharnés m'apparaissaient magnifiques et pas seulement à moi.

Voilà beaucoup de questionnements dans ton écrit mais je crois que tu donnes aussi les seules réponses valables aux paragraphes 2 et 3.

Comme toi, un jour, j'ai eu un doute: Si le Christ s'était trompé? Si les apôtres avaient des illusions? Je me suis volontairement mise dans un vide absolu de foi. ( L' expérience dura environ 30 minutes) Par la suite, j'ai ouvert doucement à l'aveuglette une bible côté Évangile et mes yeux sont tombés directement sur une phrase qui m'est apparue ainsi: " Vers qui irais-je puisque c'est Toi qui as les paroles de la vie éternelle. Alors j'ai su que ma foi n'était pas vaine car je reconnaissais que l'enseignement du Christ donnait la vie même ici-bas. Par moi-même je n'aurais pu tomber sur ce texte.

Merci pour ton bel exposé. Gardons notre confiance en ce Dieu Amour malgré tous nos questionnements car la raison n'a pas toute les réponses. Il faut s'abandonner entre ses Mains tous les jours de notre vie: tout lui donner: nos talents, nos faiblesses, nos doutes.

5:50 PM  
Anonymous Omega3 said...

Bien dit.

7:15 PM  
Anonymous Anonyme said...

À-Dieu Michel !

8:04 PM  

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