jeudi 7 septembre 2006

Mal sans remède ?

Quel mal ? ni le sida, ni le cancer ou autres maladies plus ou moins incurables. Mais il s'agit d'une maladie de ceux qui, comme moi, sont en bonne santé, et qui pourtant sont atteints d'un mal de fond plus grave que le cancer ou le sida. Et nous en sommes tous atteints.

Quel est donc cette grave anomalie ? Rien qui puisse s'observer au microscope, et le chirurgien ne peut pas l'éradiquer. Il s'agit d'un "quelque chose", d'une certaine tendance qui affecte notre volonté dans son orientation, comme une dysharmonie, une "faute de programmation". Réalité pernicieuse qui ne se voit pas; mais ses effets, eux, sont visibles. Quels sont-ils ?
C'est ce qu'on appelle, d'une façon générale, le mal. Celui qui engendre , dans l'humanité, la souffrance et la mésentente sous toutes ses formes.

Parler de ce mal comme étant incurable (tant mieux si je me trompe !) peut sembler très pessimiste. Ce n'est certainement pas un encouragement à ne rien faire pour le combattre. Cela fait partie de notre tâche de lutter contre sans cesse. Et quelle tâche ardue, personnelle et collective ! Tous ces efforts, ces dévouements, ces oeuvres bonnes et nécessaires, il convient de les louer et de les multiplier. Mais... au plan de l'efficacité, comme tout cela nous apparaît une goutte d'eau dans la mer ! Efforts de l'ONU, négociations, entraides, collectes. etc. Une grande misère reste toujours sans remède efficace et durable. Ce ne peut pas être une seule question d'argent. Et ça fait des millénaires que ça dure.

J'en arrive à penser, devant tant d'échecs à éradiquer le mal, que l'essentiel n'est peut-être pas l'efficacité de nos actes (je sens que beaucoup auraient envie de me reprendre !) mais l'essentiel serait plutôt le fait de les accomplir sans se décourager. Car il ne s'agit pas d'abord d'une réussite temporelle, mais d'une transformation intérieure qui se fait par l'accomplissement de ces actes eux-mêmes.
Elle se fait aussi par l'acceptation de la croissance "de l'ivraie avec le bon grain" comme le dit l'évangile, c'est-à-dire par la coexistence du bien et du mal. Nous avons à souffrir le mal dans l'Espérance. Bonne façon de le combattre.

Ce sera la solution proposée par Frédéric Marlière, philosophe et théologien. Comme pour nous aider à comprendre ce peu d'efficacité de nos remèdes temporels au mal de ce monde, il cite cette parole du Christ: "Vous aurez toujours des pauvres parmi vous...". Toujours ! Serait-ce à dire qu'aucun remède en ce monde ne viendra à bout de la pauvreté ?

Il continue: "La pauvreté sous toutes ses formes: indigence, maladie, handicaps de tous ordres, de naissance ou acquis, vieillissement, solitude et mort. Le mal de ce monde est en soi incurable. il faut bien en convenir... tel qu'il est dans son statut d'exil. Dieu lui-même ne peut pas le sauver..."

Il ne peut pas...? Voilà qui pourrait bien scandaliser les croyants ! Dieu serait-il impuissant ? Donc il ne serait pas Dieu. Peut-être le peut-il, mais il ne le veut pas ? Alors, ce qui est pire, il ne serait pas bon ? Pierre d'achoppement pour beaucoup.

Terminons la pensée de notre théologien: "Mais, il y a l'espérance, la seule vraie réponse au mal... 'Mon royaume n'est pas de ce monde'... il y a cette obstination à vouloir un sauveur pour ce temps, pour ce monde tel qu'il est. Plus ou moins consciemment les hommes continuent de penser que Dieu, s'il est Dieu, peut et doit porter remède aux malheurs de ce temps. C'est là toujours que leur foi vacille ou se meurt, au point que la notion d'exil, pour désigner ce monde, n'a même plus cours..."
Et il cite Péguy: 'La foi que j'aime, c'est l'Espérance'. L'Espérance nous dégage déjà des malheurs de ce monde".

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Ce n'est pas à partir d'«en-bas» que l'on peut changer le monde, mais à partir d'«en Haut». Le chrétien est responsable du salut de ce monde.

Voir sous le bouton 29, le numéro (5) dans
www.spiritualitedunouveauregard.net

10:19 AM  

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