mardi 15 août 2006

Sortir de ce monde de l'histoire

Je vois deux sorties possibles. L'une, consiste à faire une incursion dans le "monde d'en-haut", sans quitter celui-ci. L'autre, à en sortir définitivement, parce que "notre heure" est venue de passer de ce monde à l'autre.

Au sujet de la première, je n'entrerai pas dans la considération des états mystiques, dits extraordinaires, mais j'aimerais parler des moyens de s'élever provisoirement vers cette autre réalité qu'est le monde d'en-haut, tout en gardant bien les pieds dans ce monde-ci. J'ai un grand respect et une haute estime des états mystiques où les personnes qui en sont favorisées en sortent transformées et instruites par une science nouvelle, infuse, et difficilement transmissible. Mais comme ce n'est pas la majorité d'entre nous qui en faisons l'expérience, y aurait-il d'autres moyens de s'élever de ce monde-ci à l'autre ?

Au sujet de la seconde, je peux dire avec évidence que, de ce monde, nous sortirons tous. Quant à entrer dans l'autre, je n'en sais rien ! Y en aurait-il un troisième ? Certains croient au retour à un néant possible, et ne s'en trouvent pas si mal ! "Nous n'étions pas malheureux avant de naître, disent-ils, pourquoi le serions-nous dans un néant final et éternel ?". Pas si mal comme raisonnement, mais je n'envie pas leur foi. Pas du tout ! Quoique je reconnais qu'il y a une certaine noblesse à ne pas vivre ici-bas pour une récompense "céleste", et à faire les choses parce qu'elles sont à faire, sans rien en attendre. Suprême détachement ? D'une certaine façon, oui ! J'aimerais même l'atteindre, car aimer la Vie dans toute sa plénitude implique cela: ne plus se préoccuper de "son salut" , mais accomplir au jour le jour ce qu'on a à faire, dans une confiance totale en la grande Vie, comme un enfant dans les bras de sa mère. Il ne se pose pas de questions, sûr que, puisqu'il se sent aimé, tout se passera bien. Peut-être est-ce cela qu'on appelle l'enfance spirituelle ? Mais, quand même, l'évangile, en lequel je crois, me dit qu'il y a quelque chose à espérer, à attendre. Entrer dans le monde d'en-haut, beaucoup l'attendent, c'est-à-dire l'espérent. Et c'est sans doute très bien de l'espérer. C'est même une vertu dite "théologale", orientée vers Dieu, plus qu'une résignation: on verra bien ! C'est un dynamisme, un ressort qui change notre façon de vivre et nous donne d'être heureux.

Mais d'abord, tant que nous vivons en ce monde, une incursion dans le monde d'en-haut, qu'est-ce à dire ? Je trouve un exemple dans la tradition japonnaise. Le Japon est un pays sans religion, mais non sans piété. Louis Pauwels raconte: "À Kyoto, une usine d'électronique. Des ouvriers sur une chaîne de montage... travaillant à la maîtrise de soi-même en vissant des transistors. Hommes doubles: appliqués et ailleurs. Faisant ce qu'ils ont à faire et tout occupés d'autre chose: cultiver la faculté d'être au-delà... ".
Ils ont comme un double ancrage, ici et, en même temps, en-haut.
"Prier sans cesse" dira Saint Paul. Voilà ce qui nous rattache et nous transporte dans le monde d'en-haut. À chacun de trouver et comprendre ce que veut prier veut dire. En priant, on n' est jamais seul.

Je reviens à l'autre sortie de ce monde, la définitive. Il n'y a pas grand-chose à en dire. Nous l'attendons. Heureux sommes-nous si nous y pensons et la désirons. Nous avons reçu du Créateur cet instinct qui nous accroche à ce monde de l'histoire. Bien normal de dire: "je ne suis pas pressé d'en sortir ! " Quoique la souffrance parfois, ou la drogue, fasse commettre l'acte fatal, irréparable.
Si nous sommes tant liés à ce monde, c'est peut-être parce que, d'une certaine manière, il fait partie de notre éternité. Nous devons le retrouver. Le retrouver, mais transformé en monde "ontologique", non matériel, fait de relations, de présences. Retrouver aussi notre corps, non "de chair et de sang" comme le dit, à sa manière l'Écriture, mais un corps "spirituel". La foi chrétienne est ferme là-dessus: Nous devons ressusciter à la suite du Christ.

Quelqu'un, une Femme, a déjà fait cette Assomption, pour s'élever en dehors de ce monde, à la suite du Christ. Elle l'a fait, pour nous qui comptons encore avec des chiffres, il y a 2000 ans. Il s'agit de la Mère du Christ, Marie de Nazareth. Elle est aussi Marie, Mère de Dieu, parce qu'elle a enfanté celui qui l'a créée, au grand étonnement de la nature; "natura mirante", dit l'hymne latine. Le 15 août, aujourd'hui, nous le rappelle. "J'irai la voir un jour" chante le cantique de nos ancêtres. C'est quand même mieux que le néant !

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Sortir de ce monde...
Des moyens de s'élever vers cette autre réalité...la seule qui existe vraiment...Y a-t-il des moyens pour s'élever de ce monde-ci à l'autre, le Monde de Dieu, pour ceux qui ne sont pas mystiques ?
Je le pense, j'y crois. Tout dépend de notre capacité de se tenir dans le Monde des présences..de se tenir continuellement à l'écoute de l'Esprit Saint par la pensée métaphysique et la prière. Je pense même que l'on peut concevoir le Royaume de Dieu par la connaissance intuitive cet autre mode de connaissance.

(Bouton 29, (11) dans www.spiritualitedunouveauregard.net).

11:31 AM  

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