mercredi 25 octobre 2006

La raison est-elle intelligente ?

Quand j'écoute les gens donner leur opinion, exprimer ce qui, pour eux, est la vérité, je suis toujours étonné de voir les divergences et les oppositions. Tous sont pourtant doués de raison. Pourquoi s'expriment-ils si différemment ? Et, fait curieux, ce ne sont pas les plus doués, selon le quotient intellectuel, qui semblent toujours les plus proches de la vérité. On voit bien que la rectitude du raisonnement ne dépend pas du quotient intellectuel. C'est pour cela qu'on distingue sagesse et intelligence. Celle-ci, mesurée selon les méthodes de la psychologie, est plutôt réservée pour les mathématiques et le jeu d'échec !

La mémoire, dit-on, est la faculté d'oublier. On pourrait bien dire aussi que la raison est la faculté de déraisonner. C'est peut-être ce que je suis en train de faire ! Mais comment m'en apercevoir ? Il y a bien ceux qui m'écoutent, me corrigent ou m'approuvent. Mais ce n'est pas un critère sûr de vérité. Eux aussi peuvent s'égarer et juger mes propos différemment.

Pourquoi toutes ces divergences de pensée dans la recherche de la vérité ? Pourquoi tous ces dérapages de la raison ? Est-ce que l'intérêt, personnel ou collectif, influence quelque part ? Plus ou moins consciemment la vérité serait tordue, orientée à mon avantage ? Nous réussissons assez facilement à nous mettre d'accord en ce qui concerne la vérité objective, indéniable (en 2006, monsieur Bush est président des États-Unis), mais lorsqu'on passe à la vérité subjective (monsieur Bush est un excellent président des États-Unis), la belle unité se disloque, la diversité et les oppositions se manifestent.

Dans le domaine religieux, c'est encore plus difficile. Car il s'agit de la foi. On ne laisse pas tomber comme ça ce qui nous apparaît comme vérité divine. Comment faire quand on n'a pas les mêmes références au code de vérités ? Il y a des gens qui, de par leur fonction, ont à proclamer des "vérités" qui ne sont pas nécessairement évidentes. Je pense au pape. La pensée populaire s'imagine qu'on a attribué l'infaillibilité à tout ce qui sort de sa bouche. Pas du tout ! L'infaillibilité s'applique seulement à la définition des dogmes. Ce sont des cas très rares. Pas facile d'être pape. Je me rassure en pensant qu'il y a peu de risques que je me retrouve sur son siège !

Dans nos gouvernements démocratiques, considérés comme les moins mauvais, on a recours à la lumière du peuple. C'est souvent par référendum qu'on réglera certains problèmes importants. Si la solution n'est pas meilleure, au moins c'est celle voulue par la majorité. On a pu dire qu'un gouvernement monocratique serait bien meilleur, mais à une condition: que l'unique décideur soit un sage. Ce qui n'est pas habituellement le cas !

Notre intelligence, disons ordinaire, paraît bien obscurcie en ce qui concerne le jugement subjectif. Voilà pourquoi les sages orientaux, en distinguent une autre, meilleure, plus profonde: la bouddhi. Elle n'est pas affectée par notre ego, ni par notre inconscient. À la suite d'une ascèse de l'esprit, d'une érosion de l'ego (qui cherche toujours son avantage, parce qu'il est "égo-iste") la bouddhi peut enfin se manifester. Alors, décapée de tout ce qui l'obcurcissait, l'intelligence peut voir la vérité. Nous retrouvons chez Saint Jean de la Croix cette même purification, active et passive, de l'intelligence.

Ici-bas, nous sommes condamnés à essayer de faire l'unité dans un monde de divergences. Nous avons l'espérance de marcher vers le monde d'en-haut, celui de l'unité, du Royaume. Là, où "tout ensemble ne fait qu'un !" Psaume 120 (121).

2 Comments:

Anonymous Anonyme said...

La raison fait partie de la non-gratuité du monde des hommes car elle est à l'opposée de la Gratuité divine.

(Bouton 19, (2), www.spiritualitedunouveauregard.net).

7:47 PM  
Anonymous Anonyme said...

Et Bouton 27, (3), www.spiritualitedunouveauregard.net

7:49 PM  

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