jeudi 16 novembre 2006

Ce corps que je suis

Je vais essayer d' exprimer des choses difficiles. Je vais faire des distinctions dans ce qui ne fait qu'un. Il s'agit de réalités spirituelles profondes que je ne peux saisir que globalement. Je prends le risque de m'exprimer confusément, et peut-être de n'être pas compris en voulant trop prendre des raccourcis.

Il y a un mystère du corps. Mais dire qu'il y a un mystère du corps, ne signifie pas qu'on ne peut rien comprendre. Ce corps que nous avons est-il différent de celui que nous sommes ? Oui ! Et la distinction est importante; il est légitime de la faire.

Le corps que j'ai, c'est le corps-objet, le corps biologique de nos perceptions. Il a un poids, se déplace, habite un lieu, souffre et meurt, car il est voué au vieillissement et à la mort. En un mot, il est éphémère et fragile. Y a-t-il un remède aux "irréparables outrages" que le temps inflige à ce corps que j'ai ? On fait bien des efforts pour en trouver, mais ils ne sont pas d'une très grande efficacité. Du moins, jusqu'à maintenant, on n'a rien trouvé qui nous permette d'échapper au vieillissement et à la mort. Tout au plus on a réussit à les retarder. Mais ne nous faisons pas trop d'illusions, aucun remède n'y remédiera !

Mais voilà, il y a autre chose ! Oui, il y a le corps que je suis, c'est le corps-sujet. L'être humain est un corps animé ou, ce qui revient au même: une âme incarnée. On a souvent fait la distinction entre âme et corps. Elle est théorique, et vient de la philosophie grecque. D'après la spiritualité biblique, elle ne semble pas justifiée, car âme et corps sont inséparables. L'âme n'est rien sans le corps, elle vit et s'exprime par le corps. Est-ce dire que, une fois le corps mort, il ne reste plus rien ?

Il faut comprendre que le corps que je suis, n'est pas celui que j'ai, bien qu'essentiellement inséparable de lui. Mais alors en quoi est-il différent ? Le corps que je suis est une personne, c'est-à-dire quelqu'un de conscient et libre, quelqu'un qui pense et aime. C'est un moi-sujet. Il utilise son moi-objet (le corps que j'ai) pour s'incarner dans le monde, faire un avec ce qui l'entoure. Contrairement avec le corps que j'ai, le corps que je suis a une permanence. La personne humaine ne meurt pas. À travers son substrat biologique (corps que j'ai) elle perdure et s'oriente vers l'Éternité.

Cependant la distinction ne concerne que les apparences, car les deux corps ne font qu'un. L'un (le corps que j'ai) est le signe et l'instrument de l'autre. Le corps que je suis est essentiel et permanent. Celui que j'ai est éphémère, accidentel mais, par une mystérieuse mutation, il devient le corps que je suis. Un auteur (1) compare cette mutation à une combustion et considére le cadavre que laisse la mort comme les cendres de cette mutation du corps. Il dit encore: "Comme le germe mange sa graine pour devenir sa plante, ainsi du corps propre à l'endroit de son substrat biologique".

Voilà toute une pédagogie du signe: le corps que l'on a , au service du corps que l'on est. Et le même auteur de conclure: "Autant ma biologie... m'impose ses lois (je nais, souffre, vieillis et meurs sans l'avoir voulu) autant , comme le divin potier de la Genèse, je façonne et repétris à mon gré, le corps que je suis en ce monde, mais pour l'Éternité. Qui mesurera jamais l'inépuisable intérêt de cette incroyable révélation ? Elle nous livre la clé du destin de chacun et du monde".

(1) Frédéric Marlière.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Le corps spirituel ou le corps que l'on «est» est différent du corps mortel ou du corps que l'on «a».

L'ancienne conception grecque qui remonte à Aristote et qui considérait la «personne humaine» comme une âme dans un corps mortel est maintenant surpassée par le concept de la «personne» comme étant un être entièrement spirituel (corps spirituel + âme). Et c'est la personne qui anime le personnage. La personne est éternelle alors que le personnage est fini.

C'est formidable de savoir que l'on peut façonner spirituellement le corps spirituel à sa guise et le faire devenir corps de résurrection, celui qui sera le nôtre dans le Royaume ; celui qu'on aura façonné nous-mêmes par nos actes d'Amour et nos pensées créatrices.
«Il y a plusieurs demeures dans la Maison de mon Père» a dit Jésus.

(Bouton 18, (1), www.spiritualitedunouveauregard.net).

6:11 PM  

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