mardi 20 février 2007

Dieu a-t-il des chouchous ?

"Présence d'une absence". J'ai trouvé l'expression chez un sage moine trappiste (1). Je vais m'en servir pour essayer de faire comprendre (si possible) à ceux ou celles qui n'ont pas encore reçu le don de la foi, ce que ressentent , relativement aux choses de ce monde, les personnes qui vivent intensément de la foi qu'elles ont reçue.

La foi, un don reçu ? Pourquoi certains la reçoivent, et d'autres pas ? Nous prenons là Dieu en flagrant délit d'injustice ! La foi semble un don qui peut être reçu au berceau, ou bien, "in extremis", sur le lit de mort. Je n'en connais vraiment pas la raison. La seule chose que j'aimerais dire à ce sujet, c'est qu'il ne faut surtout pas y voir une question d'injustice. Ne projettons pas sur Dieu nos visions de tribunaux et de juge inique.

Quant au jeu de mots: "présence d'une absence". Je crois pouvoir l'expliquer par une analogie, une banale histoire de notre monde: un jeune homme est follement amoureux. Plus rien ne l'intéresse en dehors de sa bien-aimée ! Des amis invitent ce jeune homme à un "party", où tout le monde a beaucoup de plaisir. Là, il a tout pour être heureux et pour faire la fête. Mais, notre jeune amoureux est profondément triste. C'est que sa bien-aimée n'a pas été invitée ! Comment pourrait-il trouver un semblant de bonheur ? Les copains qui voient sa tristesse, ne comprennent vraiment pas. Est-il malade ? Oui, il est malade. Il lui manque l'essentiel ! Mais comment les amis du jeune amoureux comprendront-ils qu'il ne se passionne pas des mêmes réjouissances qu'eux ? Ils n'ont pas été favorisés du don de la bien-aimée !

Cet exemple peut suffire pour comprendre la "présence d'une absence" Ceux qui n'ont jamais été amoureux (s'il y en a !) ne peuvent pas comprendre la souffrance du jeune homme. Ainsi, la foi plus ou moins vive de ceux qui l'ont reçue, peut donner une joie profonde, mais qui reste difficilement compréhensible à ceux qui n'ont pas connu cette joie, puisqu'il n'ont pas de points de comparaison. Dans les réjouissances des milieux mondains où la foi n'est pas, celui qui la possède peut ressentir une souffrance de cette absence; où, si l'on préfère de la "présence d'une absence", comme dit notre moine. Souffrance d'ailleurs qui permet de mieux identifier la source de cette joie, ce qui la nourrit.

Ceci illustre un peu le passage de l'homme terrestre (Saint Paul dira l'homme psychique) à l'homme spirituel. Il ne faut pas prendre ces expressions dans un sens de supériorité. Le psychique d'aujourd'hui peut être un grand spirituel de demain, plus peut-être que celui qui l'est depuis son enfance. "L'homme psychique n'accueille pas ce qui est de l'Esprit de Dieu: c'est folie pour lui, et il ne peut le connaître" (2) L'homme psychique est celui qui est laissé aux seules ressources de sa nature humaine. Elles ne sont pas nécessairement mauvaises, loin de là !

Si nous nous percevons encore comme des êtres "psychiques" (terrestres), sachons que nous sommes appelés à devenir des êtres spirituels. Alors, là où la foi n'est pas, nous ressentirons à notre tour, la souffrance de "l'absence de la bien aimée" !

Mais, pour répondre à la question-titre de ce message blogue, je dirais: oui, Dieu a peut-être apparemment des favoris, mais les exigences d'être "chouchou" de Dieu, font quelquefois préférer de ne pas l'être... (3)

(1) Yves Girard, moine trappiste. Pour ceux et celles qui penseraient accrocher aux sujets quelquefois difficiles des livres d'Yves Girard, en voici quelques titres: "L'Amour est vivant"; "Aubes et Lumières"; "Lève-toi, resplendis !"; "Braise silencieuse"; "Les injustices de l'Amour".
Tous ces livres sont publiès chez Anne Sigier, où vous retrouverez la liste.
Cf.
www.annesigier.qc.ca
(2) I Cor. 2, 14
(3) Sainte Thérèse d'Avila, écrivait: "je comprends pourquoi Dieu a si peu d'amis !"

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Personnellement je crois que nous sommes tous des êtres spirituels au départ (des personnes) mais qu'il faut développer cet être spirituel..le rendre à maturité, le faire naître de Dieu continuellement, le faire «naître de l'Esprit» continuellement, afin de devenir le chouchou de Dieu.

Mais pas toujours facile d'être le chouchou !

9:42 PM  

Enregistrer un commentaire

<< Home