vendredi 22 juin 2007

Tuer le temps

Tuer le temps ? Oui, comme un ennemi, quand il devient pesant, trop long. L'ennui est un ennemi redoutable quand on devient inocupé. Comment le combattre ? Je me souviens d'un ami qui me disait aller à la chasse pour tuer le temps. Peut-être qu'en effet, il tuait plus le temps que le gibier ! Et pourquoi vouloir tuer ce qui est pourtant si précieux ? On a tellement de choses à faire et on a si peu de temps !

Mais que toutes ces "choses à faire" viennent à disparaître, comme c'est le cas pendant la retraite après une vie bien occupée, pendant les vacances par temps de pluie, pendant la solitude du grand âge, et dans bien d'autres circonstances, où le temps peut ne plus être un allié. On cherchera alors un moyen de le voir passer plus vite, un divertissement, souvent synonyme de passe-temps; ou bien une rencontre amicale. Ennui et solitude vont souvent de pair.

Comment échapper au poids du temps et de la solitude ? Le divertissement est souvent la solution adoptée. Mais il me semble que ce n'est pas la meilleure, ou du moins pas la seule. Les divertissements ont leur valeur en soi, même si on a bien d'autres choses à faire. On fait des mots croisés pour faire travailler son esprit, on écoute de la musique parce qu'elle nous élève ou nous rend joyeux, on fait des jeux de société pour entretenir des relations, on lit pour se cultiver, etc.

Dans le cas de l'ennui, et plus encore de l'ennui dans la solitude, bien que le divertissement puisse nous aider, je dois aussi trouver une autre solution, un moyen plus fondamental, qui m'aide à faire de mon ennui et de ma solitude, une occasion favorable de m'accrocher à la Réalité essentielle. Mes occupations et mon activisme m'empêchent trop souvent de l'atteindre. Je finis donc par l'ignorer complétement, et par vivre comme si elle n'existait pas. J'ai donc à apprendre à me tenir un peu comme hors du temps.

Est-ce possible ? Pas complétement ! Car il faut vivre, bien sûr, selon notre condition humaine sur cette terre. Mais d'une certaine façon, oui ! C'est possible en ne luttant pas contre le temps. je ne suis pas dans une course. Je dois m'efforcer d'y découvrir la dimension verticale qui l'habite. En le vivant comme si nous étions déjà hors de lui; en assumant la souffrance présente, celle de l'ennui et de la solitude, avec l'émotion qui l'accompagne, sachant qu'elle passera. Vivre tout cela, non pas comme une anomalie, mais comme quelque chose qui fait son chemin, tout comme les nuages dans le ciel.

Cela est vrai aussi, non seulement en assumant une émotion douloureuse, mais encore celle qui accompagne une circonstance heureuse, sans attente, sans trop vouloir me l'approprier ou la conserver, car elle aussi, comme le nuage, passera.

Mais dans tout apprentissage la théorie ne suffit pas. Il faut pratiquer ! Ces moments difficiles d'ennui dans la solitude, doivent être pour moi des occasions d'avancement 'vers la Vérité', celle qui, hors du temps et de l'espace, demeure éternellement, et coupe verticalement notre vie dans notre temps et notre lieu.

Heureux ennui ! Heureuse solitude ! Jusqu'au jour peut-être où je pourrai dire avec Saint Augustin: "Bienheureuse solitude, seule béatitude" !

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Le divertissement (exagéré) nous empêche de penser aux vrais choses de la vie..à l'Essentiel comme disait Pascal.

10:30 AM  

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