mardi 17 avril 2007

Les enfants devant la mort

Je viens de lire un article: "La mort expliquée aux enfants". À la suite d'une étude sur le sujet, on montre la perplexité des parents devant les questions, plutôt embarrassantes, d'un enfant lors du décès d'un proche.

Les parents se posent les questions suivantes:
L'enfant est-il prêt à apprendre tout sur la mort ?
Si nous lui en disons trop, est-ce qu'il aura des difficultés à résoudre son deuil ?
Deviendra-t-il angoissé, ou obsédé par la mort ?
À quel âge les enfants sont-ils intellectuellement et émotionnellement prêts à comprendre ce qu'est la mort ?
Ce serait seulement vers l'âge de 9 ou 10 ans qu'ils comprendraient le caractère universel, permanent et irréversible de la mort.

Maintenaant, quelles réponses propose-t-on à ce questionnement des parents ? Les voici:
Lui dire la vérité sans aller au-delà de ce qu'il demande.
Lui retourner la question: "Et toi, qu'est-ce que tu en penses ?
Lui suggérer, devant son chagrin, de se rappeler des moments positifs qu'il a vécus avec le défunt ou la défunte.
Lui suggérer que le chagrin s'estompera avec le temps.
Favoriser l'expression de ses émotions par le dialogue, le dessin, le bricolage, et lui faire comprendre que la vie continue ...

La vie continue, oui ! Mais laquelle ? Seulement la nôtre qui sommes encore de ce monde ? Ces réponses ont du bon, bien sûr, mais elles évitent la seule qui serait la bonne, apte à le consoler de la séparation, et à lui donner définitivement un sens à la vie: La vie de celui ou celle qui nous a quitté continue après la mort. Il ne faut pas avoir peur de le dire, surtout aux enfants. Je trouve donc ces réponses très pauvres et inadéquates. Reconnaissons cependant qu'on ne peut guère aller plus loin si l'on adopte la pensée de certains philosophes modernes (1) qui affirment, devant la constatation de la peur de la mort, en gros, ceci:
Les croyants n'ayant pas le courage d'accepter leur finitude, ont inventé Dieu pour se consoler.
La croyance en Dieu répond tout simplement au désir naturel de survivre après la mort, aussi bien qu'à celui d'être protégé et aimé. Mais le Dieu qu'ils inventent est tout simplement trop beau pour être vrai. Il est d'ailleurs contredit par l'omniprésence du mal en ce monde.

Cette philosophie n'aide certainement pas les adultes, et spécialement les parents, à répondre adéquatement aux enfants. Si ce désir naturel de survivre à la mort est inscrit en nous, êtres intelligents et conscients, ce n'est pas pour rien. Il est là pour être comblé. Cherchez à l'évacuer, avec "le courage de voir la vérité en face" n'est pas pour pacifier, ni les enfants, ni les adultes, philosophes ou pas.

En fait, on peut constater que l'enfant a moins peur de la mort que l'adulte. Il ne croit pas vraiment à une mort définitive, totale. Il n'a pas tellement de difficultés à croire que grand-père, grand-mère, ou ses proches défunts sont encore vivants. Ses questions puériles se prêtent aussi à des réponses puériles, mais dans le fond, ce qu'il sait confusément, sans l'avoir jamais appris, c'est que la vie, la vraie, ne meurt pas ! Toutes les Traditions spirituelles, avec leurs textes sacrés, pointent dans cette direction. En grandissant, l'enfant se rationalise, et ce savoir inné risque de s'étioler et disparaître. Alors l'esprit humain est malade. Il ne reconnaît plus que ce qu'il y avait dans son coeur, était là pour donner un sens à sa vie, le nourrir, le réjouir, et l'encourager à lutter contre le mal et la souffrance. On veut trouver des preuves rationnelles. Il n'y en a pas ! Soyons un peu moins philosophe et plus enfant. Ne nous apprennent-ils pas à redevenir comme eux ?

(1) André Comte-Sponville.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

*L'enfant a moins peur de la mort que l'adulte.*

Pourquoi ?

Peut-être croit-il qu'il va revoir l'être aimé un jour ? qu'il va ressusciter pour lui seul ?

Si c'est la raison, il n'aurait pas tort.

1:28 PM  

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