mardi 3 avril 2007

Des "insignifiants" méritent-ils la vie éternelle ?

Un ami, lecteur de mon blogue, me fait cette objection: "Il y a de grosses têtes, comme l'abbé Pierre, qui méritent la vie éternelle; mais des gens insignifiants, pourquoi leur donner ce qu'ils ne demandent même pas ?"

La vie éternelle, dans la tradition chrétienne, n'est pas d'abord une récompense pour nos bonnes actions en ce monde. Le Christ en croix a promis à un bandit d'être au paradis avec lui ! (1) La vie éternelle n'est donc pas un dû, en échange d'une vie méritoire; bien qu'on ait souvent entendu dire, au sujet d'un défunt qui a trimé fort: "Ah ! il a bien mérité son Ciel !". Cependant, mérite et Ciel ne sont pas sans relation dans l'évangile: "Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître..." (2)

Entre Dieu et nous, pas de commerce. Nous pouvons même être choqués par sa conception de la justice, qui ne ressemble pas tellement à la nôtre. On voit, dans la parabole des ouvriers de la dernière heure, qu'ils sont payés autant que ceux qui ont travaillé trois fois plus. Le maître répond à ceux qui s'en étonnent: "C'est le salaire que j'avais convenu avec vous ... Faut-il que vous soyez jaloux, parce que je suis bon ..." (3). Tant mieux si, à la fin de notre vie, nous pouvons offrir à Dieu, plein de belles réalisations. Mais ce n'est que l'offrande de ce qu'il nous a donné de faire, et que nous avons accepté.

Les vedettes, "comme l'abbé Pierre", sont sans doute plutôt rares dans le "Ciel". Ceux ou celles qu'on a officiellement déclarés saints aussi. Ce sont ceux qu'on envoie se montrer au balcon. Mais, heureusement, le "Royaume de Dieu" n'est pas peuplé que de vedettes. Le Christ a déjà dit: "Dans la maison de mon Père, il y a beaucoup de demeures". Oui, il y a des demeures pour toutes sortes de personnes, y compris des prostituées (4), des voleurs (1), etc. Mais tout ont ceci en commun: conscients de leurs faiblesses, ils ont reconnu et accueilli l'amour gratuit de Dieu.

Autre interrogation: "Je ne comprends pas pourquoi nous aurions une autre vie, différente de la nôtre. Elle ne peut être plus belle que celle que nous vivons. En enlevant, bien sûr, maladies, guerres ..."
C'est vrai "qu'on ne demande même pas" ce bonheur éternel que Dieu nous offre dans les textes sacrés. On se contenterait d'une autre vie, à taille humaine, comme celle que nous avons ici-bas, sans souffrance et sans la mort. Mais voilà, on nous offre beaucoup mieux ! Dieu veut nous faire "participant de sa vie divine" (5). Vais-je refuser un cadeau plus beau que celui désiré ?

On me dit encore: "Je crois comprendre que beaucoup de 'bandits' ou tout simplement les 'mauvais', ceux qui ont plaisir à faire le mal, vont quand même vers une vie éternelle, (enfin, d'après tes écrits). S'ils sont récupérables, d'accord ! Mais s'ils ne le sont pas ?"

Je me suis mal exprimé, pour être compris ainsi ! C'est l'occasion d'y apporter des corrections. La vie éternelle, dans le "Royaume des Cieux", où "tout ensemble ne fait qu'un !" (6) ne peut pas intégrer la haine, la discorde, l'égoisme, l'orgueil, etc., tout ce qui engendre la souffrance. Sinon, on y retrouverait ce que nous avons dans ce monde. Donc, "ceux qui ont plaisir à faire le mal", s'ils héritent de la vie éternelle, c'est qu'ils ont changé leur coeur, c'est-à-dire qu'ils sont "récupérables". Mais que pouvons-nous dire ici ? Dieu seul connaît le coeur des hommes, et il nous recommande de ne pas juger !

Encore une fois, je ne peux que conseiller de lire la parabole de l'enfant prodigue. je la reproduis en note ci-dessous. Le père du "fils prodigue" reflète le coeur de Dieu. Tandis que le fils aîné, resté fidèle à son père, reflète notre coeur avec nos façons étroites de voir la justice. Le fils prodigue, lui, reflète aussi toute l'humanité blessée qui, après s'être coupée de Dieu, revient vers lui (7).

La question suivante, difficile, délicate, fera l'objet d'un autre message de ce blogue. Elle m'est formulée comme ceci: "Enfant, on m'apprenait l'existence du paradis, de l'enfer, du purgatoire. Comment vois-tu cette vie en enfer qui, elle non plus ne peut être éternelle ?" On a beaucoup parlé, et souvent mal compris et ridiculisé ce sujet. Il me semble qu'il est important de bien digérer d'abord ce que nous avons vu aujourd'hui.

(1) Cf. épisode du bon larron: Luc 23, 39-43
(2) Cf. parable des talents: Matthieu 25, 14-30
(3) Cf. Parabole des ouvriers envoyés à la vigne: Matthieu 20, 1-16
(4) Cf. Jésus dit aux pharisiens de mauvaise foi: "Les prostituées vous devanceront dans le Royaume ses Cieux" (?)
(5) Cf. Épitre de Saint Pierre (?)
(6) Cf. Psaume 121 (122), 3

(7) Parabole de l'enfant prodique ou du fils retrouvé. (Luc 15, 11-32)
Jésus dit: Un homme avait deux fils. Le plus jeune dit à son père: "Père, donne-moi la part de bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son avoir. Peu de jours après, le plus jeune fils, ayant tout réalisé, partit pour un pays lointain et il y dilapida son bien dans une vie de désordre. Quand il eut tout dépensé, une grande famine survint dans ce pays, et il commença à se trouver dans l'indigence. Il alla se mettre au service d'un des citoyens de ce pays qui l'envoya dans ses champs garder les porcs. Il aurait bien voulu se remplir le ventre des gousses que mangeaient les porcs, mais personne ne lui en donnait. Rentrant alors en lui-même, il se dit: "Combien d'ouvriers de mon père ont du pain de reste, tandis que moi, ici, je meurs de faim ! je vais aller vers mon père et je lui dirai: 'Père, j'ai péché envers le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils. Traite-moi comme un de tes ouvriers'. Il alla vers son père. Comme il était encore loin, son père l'aperçu et fut pris de pitié: il courut se jeter à son cou, et le couvrit de baisers. Le fils lui dit: 'Père, j'ai péché envers le ciel et contre toi. Je ne mérite plus d'être appelé ton fils...' Mais, le père dit à ses serviteurs: 'Vite, apportez la plus belle robe, et habillez-le; mettez-lui un anneau au doigt, des sandales aux pieds. Amenez le veau gras, tuez-le, mangeons et festoyons, car mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il est retrouvé. et ils se mirent à festoyer.

Son fils aîné était aux champs. Quand, à son retour, il approcha de la maison, il entendit de la musique et des danses. Appelant un des serviteurs, il lui demanda ce que c'était. Celui-ci lui dit: 'C'est ton frère qui est arrivé, et ton père a tué le veau gras parce qu'il l'a vu revenir en bonne santé'. Alors il se mit en colère et il ne voulait pas entrer. Son père sortit pour l'en prier; mais il répliqua à son père: voilà tant d'années que je te sers sans avoir jamais désobéi à tes ordres; et, à moi, tu n'a jamais donné un chevreau pour festoyer avec mes amis. Mais quand ton fils que voici est arrivé, lui qui a mangé ton avoir avec des filles, tu as tué le veau gras pour lui ! Alors, le père lui dit: ' Mon enfant, toi, tu es toujours avec moi, et tout ce qui est à moi est à toi. Mais il fallait festoyer et se réjouir, parque ton frère que voici était mort et il est vivant; il était perdu et il est retrouvé. "


1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

La vie éternelle ou le Royaume n'est pas un prix à payer. Il est gratuit. C'est un consentement seulement.

Mais il est important de se créer une demeure là-haut dès ici-bas et ne pas attendre à la dernière minute alors qu'il sera alors trop tard pour le faire.

12:46 PM  

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