dimanche 29 avril 2007

L'énigme de l'être humain et notre origine (suite 2)

Nous avons vu, avec François Varillon, que l'homme avait une origine terrestre. Personne ne la nie. La science la confirme. Cette origine explique sa dissemblance d'avec son Créateur. Il ressentira en lui une force de pesanteur et d'inertie qui l'invite à renoncer à être un être libre et le pousse à vivre comme les autres créatures, c'est-à-dire selon leur instinct. Mais cette force de pesanteur n'est pas la seule. IL y en a une autre, contraire, qui fera la spécificité de l'être humain: "une force ascensionnelle qui l'invite à construire sa liberté" (1)

K. G. Durckheim (2) parlera, lui, d'une double origine de l'homme: l'une céleste (surnaturelle), l'autre terrestre (naturelle). Très intéressant, mais la céleste n'est pas toujours très bien acceptée. On se bute à des réticences de la part de certains car, dit-on, on fait appel ici à la croyance ou aux convictions. Ce qui est mal reçu du côté scientifique. On a du mal à reconnaître que la réalité dans laquelle nous vivons (et par laquelle nous vivons !) "transcende celle où l'homme naturel se perçoit et se meut. Le principe de la double origine humaine exprime avec une simplicité et une clarté parfaites ce qui est, et ce que l'homme est appelé à savoir. Privé de sa vie intérieure, celle selon laquelle il doit vivre, il est malade, triste ou méchant ... L'origine infinie se trouve rejetée dans l'ombre...". (3)

Entre ces deux origines et ces deux forces, une de pesanteur qui le tire vers le bas, et l'autre ascensionnelle, nous sommes donc pas mal tiraillés. Situation peu confortable que nous expérimentons en ce monde, et qui est notre lot quotidien. "Le premier homme n'était pas, somme toute, dans une condition différente de la nôtre. Il est vain de chercher à se représenter ce qu'à pu être sa faute ... La faute, c'est l'obéissance à la force de pesanteur ... On ne peut être vraiment homme qu'en choisissant Dieu pour centre. Le péché originel, c'est l'homme ... qui choisit de se réaliser lui-même en se bouchant les oreilles pour ne pas entendre l'appel de Dieu à se créer lui-même. C'est l'homme qui choisit la servitude facile plutôt que la dure exigence de liberté ... Il ne s'agit pas d'une origine chronologique, mais il s'agit de l'origine de la nature humaine, de la racine même de l'existence. C'est pourquoi le péché originel est impensable indépendamment de la vocation de l'homme à être divinisé ... Le péché originel est la distance incommensurable entre ce qu'est l'homme livré à lui-même et ce qu'il doit être en vivant de vie divine". (2)

On pourrait trouver tout ceci un peu trop "mystique", au sens péjoratif du mot. Qu'on le prenne comme synonyme de "peu sérieux", ou encore comme un privilège réservé à un petit nombre, n'empêche que c'est cela la réalité vécue par ceux ou celles qui ont le courage de la vivre jusqu'au bout, et qui en cela, répondent à un appel d'en-haut. Ils sont "lumière qu'on ne doit pas mettre sous le boisseau" et "sel de la terre".

Selon K. G. Durckheim, l'homme ne se réduit pas "à ses cinq sens, sa raison, son appartenance à une communauté et sa fidélité aux valeurs et à l'ordre existentiels. Au-delà, commence le 'transcendant' qui est du domaine de la foi ..." Il ajoutera même, que "la transcendance qui nous habite ne se situe pas sur le seul plan de la foi, ou de la croyance. Elle entre dans le domaine de l'expérience et devient connaissance". Et là, Durckheim propose des pratiques de sagesse, corporelles mais liées aux spirituelles, qui permettent à chacun de se réorienter vers son "être essentiel". Il ne les invente pas. Mais ayant vécu longtemps au Japon, il dégage de ces pratiques ce qu'il y a d'universel dans la sagesse orientale, spécialement dans le bouddhisme zen. Ce n'est sans doute pas la seule façon d'expérimenter la transcendance, mais celle-ci vaut la peine d'être considérée. Tous les grands mystiques nous apportent un éclairage intéressant à ce sujet. C'est pour eux du vécu !

(1) François Varillon, op. cité dans le précédent texte.
(2) Cf. sur ce blogue: "Au-delà de l'absurde", au 1 août 2006.
(3) Cf. K. G. Durckheim, "L'homme et sa double origine" Albin Michel, (spiritualités vivantes).

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Cette *force de pesanteur et cette force ascensionnelle* ne serait-ce pas l'espèce humaine versus la nature humaine qui ferait que l'homme est constamment tiraillé entre le Spirituel et le matériel, entre le Bien et le mal, entre l'Ètre et l'avoir, entre le Vrai et le faux, le Réel et l'imaginaire, la Vérité par rapport à l'erreur..et qu'il lui faut faire des choix constamment.

(Réf. : bouton 23, (15) et bouton 10,www.spiritualitedunouveauregard.net).

2:10 PM  

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