vendredi 15 août 2008

Miroir de Beauté

Si je contemple mon chanteur, ou mon athlète préféré, si j'en fais mon idole, j'aurai tendance à lui ressembler, à m'identifier à lui, au point d'aimer et d'imiter ses plus graves défauts; ou ses plus belles qualités ... De même pour l'admiration que l'on porte aux athlétes des jeux olympiques. Si mon préféré remporte une médaille d'or, c'est un peu moi qui, par identification, la remporte.

Nous pouvons alors mieux comprendre ce que, à un autre niveau, un sage dit: "Chacun de nous a besoin de se voir transfiguré dans la beauté d'un seul être parfaitement accompli, pour devenir parfaitement lui-même ...C'est l'unique chemin qui nous permet d'atteindre jusqu'à l'essentiel"(1) On devient ce que l'on contemple, disent les orientaux. Donc, si je contemple le 'diable' avec admiration, je ne deviendrai pas un fils du Royaume de Dieu ...

La nature humaine est ainsi faite. Ce n'est sans doute pas sans raison ! Au plan spirituel nous avons aussi des modèles, des identifications bénéfiques qui se font par contemplation dans la foi. La grandeur et la beauté divine, dans le christianisme, sont rendues accessibles à nos sens. Dieu s'est fait homme, il a pris chair dans le sein d'une femme. Elle devient ainsi objet de notre contemplation, et cause de notre "transfiguration".

Certains pensent, bien à tort, que les chrétiens adorent Marie. Pas du tout ! Marie n'est pas une déesse. On ne l'admire pas non plus pour ses talents humains de "diva", comme on le fait si facilement pour les grandes cantatrices. Bien au contraire, elle est une femme parmi les femmes de la terre, mais "bénie parmi toutes les femmes", parce que sans tache, "Immaculée". Voilà pourquoi nous la contemplons. Comme nous contemplons un coucher de soleil; ce qui nous apaise et nous transforme. Marie, Mère du Christ, est donc cet être "parfaitement accompli", plus que ne peuvent l'être les athlètes sur le plan physique. Je peux, non pas l'adorer, mais la contempler dans sa beauté. Ce qui me permet de "devenir parfaitement moi-même".

K. G. Yung, ce grand psychanalyste, et savant spirituel, parlait de notre "ombre" lorsqu'il voulait désigner cette part de nous-même qu'on ne veut pas voir, qu'on n'aime pas et que nous refoulons dans les profondeurs de notre inconscient. La contemplation de cette icône de beauté qu'est Marie, nous permet de mieux gérer notre ombre, de l'accepter et de l'illuminer. On pourrait dire la même chose au sujet de l'ombre collective de tout un peuple. Quand cette ombre refoulée ressort, elle est capable de faire bien du grabuge !

Au sujet de Marie dans le christianisme, je dirais, à la suite d'Albert Camus (qui ne pensait sans doute pas à Marie !): "L'honnêteté consiste à juger une doctrine par ses sommets, non par ses sous-produits". (2)

(1) Yves Girard, trappiste. Entendu sur les ondes de Ville-Marie.
(2) Cité par Jean-Claude Guillebaud dans 'La force de conviction' page 21

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

On oublie toujours qu'il est plus important de se réaliser au niveau de l'être que du point de vue physique.

11:46 AM  

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