mardi 19 décembre 2006

L'aventure douloureuse de la vie

Nous connaissons l'exemple de la chenille qui devient papillon. Il est souvent cité pour illustrer la liberté du vol. Nous avons tous à faire cette mutation dont le terme est une libération de nos esclavages et qui se traduit par une légèreté comme celle du papillon. Nous disposons du temps de la vie pour sortir de notre chrysalide, et prendre notre envol. C'est l'aventure de notre vie.

Vu sous cet aspect idyllique, la vie est séduisante, même avec ses phases chrysalidales douloureuses. La souffrance elle-même paraît supportable, devient presque désirable, tant l'attrait du terme est fort. Dans un passé encore récent, une spiritualité doloriste nous était proposée, dans laquelle on faisait ressortir les bienfaits de la souffrance, porter sa croix, faire pénitence, etc. Aujourd'hui, on écrit des livres sur "La spiritualité du plaisir" Il y a bien longtemps, Epicure nous l'avait déjà dit: "On peut accéder à la sagesse et au vrai bonheur, par une vie fondée sur le plaisir" Alors, choisissez ! À moins que l'on ne soit masochiste, le choix est vite fait !

Mais dépassons les formes de la doctrine et les modes de présentation, pour voir la substance qui se cache par en-dessous; ce qu'il faut toujours faire quand on cherche la vérité ! Considérons la réalité de la vie, comme le font les existentialistes. Il ne s'agit aucunement de choisir entre la souffrance et le plaisir. Dans la vie quotidienne, les deux sont là. C'est comme la météo, on ne choisit pas. Tout le monde aime le beau temps et les températures clémentes, mais il y a des jours où il fait mauvais et froid. De même, sans la choisir, la souffrance est présente dans nos vies sous bien des formes. On peut s'efforcer de la rejeter. On peut aussi s'efforcer de la vivre le mieux possible. Et c'est peut-être la conduite la plus épicurienne, la façon de souffrir le moins possible !

Ce que nous refusons, dans la spiritualité doloriste, c'est l'amour de la souffrance en elle-même. Elle est méprisable. Personne ne l'aime. Alors comment ceux qui ont réussi dans leurs démêlés avec la souffrance s'y sont-ils pris ? On les appelle des saints ! En fait, la souffrance qu'ils disaient aimer, c'était l'amour, ou du moins l'occasion de le manifester. C'est dans les moments difficiles, dit-on, qu'on reconnaît les vrais amis. Les moments difficiles, s'ils le sont, c'est parce qu'ils sont des épreuves. Souvent ils impliquent notre entourage et lui donne ainsi l'occasion d'aider, de compatir, (c'est-à-dire de souffrir avec). En spiritualité on sait qu'aider peut aussi prendre la forme d'une attitude intérieure qui consiste à offrir une épreuve, une maladie, pour celui que l'on veut aider, ou pour la cause que l'on veut servir.

Les saints voulaient compatir à la souffrance des hommes, et ce faisant ils participaient aussi à celle du Christ, Dieu fait homme. Il suffit de lire l'évangile et surtout le récit de la passion, pour voir que Jésus de Nazareth a souffert; mais il n'a pas recherché la souffrance. Au contraire, il a même demandé à Dieu, son Père, d'éloigner de lui, si c'était possible, cette souffrance qu'il voyait fondre sur lui. (1)

Il reste l'éternelle question: Dieu Amour ne pouvait-il pas faire l'économie de la souffrance, celle de son Fils et la nôtre ? Je laisse aux théologiens le soin d'y répondre. Il y a des réponses, mais elles ne sont guère compréhensibles sans la foi. Je me contenterai de citer saint Jean l'évangéliste: "Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que tout homme qui croit en lui ait la vie éternelle" (2) Cela peut suffire, sans comprendre plus. Vivre les joies et les peines de sa vie avec cette visée est une belle aventure. Elle ne conduit ni à l'ennui, ni à la déprime. Elle vaut la peine d'être vécue !

(1) Matthieu 26, 39
(2) Jean 3, 16

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

L'épreuve chrysalidale...

(Bouton 29, (3), www.spiritualitedunouveauregard.net).

4:53 PM  

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