samedi 9 décembre 2006

Où en suis-je ?

Quand on s'intéresse à la spiritualité, aux engagements qu'elle implique et aux transformations qu'elle peut accomplir dans notre être. il arrive un moment où, après s'être demandé: suis-je aimé de Dieu ? (1), on peut encore se poser la question: où en suis-je ?

Peut-on vérifier ses progrès dans la vie spirituelle ? Dans les sciences il y a des degrés de connaissance à gravir. Je me souviens qu'en arrivant à un stage pour musiciens amateurs, les organisateurs nous demandaient d'abord un auto-classement, les informant de la connaissance de notre instrument: débutant, moyen, avancé. Toujours un peu difficile de s'auto-évaluer. Je ne voulais pas me surévaluer pour me faire descendre ensuite. Par contre, si je sous-estimais mes aptitudes, je risquais de me retrouver dans une classe de débutants à pratiquer "Au clair de la lune" pendant toute la session !

Dans mes relations avec le monde d'en-haut, je peux aussi me poser la question: suis-je un débutant ? Ou ai-je atteint un niveau moyen, avancé, parfait, sur l'échelle de la perfection dans le domaine. Est-ce vraiment possible de donner une réponse ? Après tout, en spiritualité, il doit bien y avoir, là aussi, des choses mesurables, des barêmes, des tests de contrôle, pour savoir où j'en suis.

Thérèse d'Avila, cette grande maîtresse de vie spirituelle du XVI siècle espagnol, nous indique dans son livre "Le château de l'âme" sept étapes ou demeures, avec des repères, des signes assez clairs. Je l'ai lu et relu avec intérêt. Mais tout cela, bien que réaliste parce que fondé sur une expérience authentique, ne nous est finalement pas très utile, du moins pour nous situer. Utile sans doute pour un conseiller spirituel, pour reconnaître le progrès des autres, ou pour aider ceux et celles qui se confient à lui. Mais, pour soi-même, nos instruments subjectifs de mesure semblent inappropriès ou inaptes.

Étant donné ce qu'est la nature humaine, la stupidité de l'ego et sa force de conviction, c'est sans doute bien ainsi. Quand l'érosion de l'ego sera terminée, et donc qu'il n'existera plus (paraît-il que c'est possible ! Les gourous hindous (2) appellent cela la "réalisation") alors, et alors seulement, je pourrai me mettre une belle auréole, faite sur mesure, et sans danger pour l'orgueil. Car il n'y aura plus d'ego pour s'enorguellir ! Le seul suppôt possible de l'ego aura disparu. L'orgueil ne saura plus ou s'accrocher. Je pourrai même, comme le fait Saint Paul, me vanter car, dit-il, "ce n'est plus moi qui vit, mais le Christ qui vit en moi". Alors, même le souci de savoir si je suis sauvé et si je suis aimé, ne m'habitera plus. Tout cela deviendra de fausses et inutiles questions.

Sans aucun doute, Thérèse d'Avila était une femme "réalisée", au sens que donnent les sages hindous (2) à cette expression. Elle se promenait à l'aise, et sans danger, dans les demeures du "château de l'âme", avec le sentiment d'être parfaitement unie à Dieu.

La petite Thérèse de Lisieux, elle, s'expliquait à ce sujet très simplement. Elle affirmait être comme un petit enfant qui s'efforce sans succès, de monter un escalier, jusqu'au moment où sa mère, le voyant faire ses efforts en vain, vient finalement le prendre dans ses bras pour le monter. C'est ce qu'elle appelait l'ascenseur divin.

Conclusion: Je n'ai pas trop à me soucier pour savoir si je suis aimé de Dieu, ni pour savoir où j'en suis dans l'échelle de la perfection. J'ai seulement à faire de mon mieux en toutes circonstances, accepter mes nombreuses erreurs, et me précipiter plutôt à la dernièe place. C'est la plus sûre. De là, on tombe de moins haut !

(1) Cf. Texte précédent du 7 déc. 06
(2) On a souvent retenu le sens péjoratif du mot gourou. Cela n'empêche que les gourous, les vrais, ont enseigné des choses admirables sur la nature humaine et les voies spirituelles. J'ai personnellement beaucoup apprécié les enseignements des Maîtres comme les swamis Ramana Maharshi, Ramdas, Sivananda, prajnanpad, et ceux de cette femme extraordinaire qu'était Ma Anandamayi. Et bien d'autres...

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Peut-on vérifier ses progrès dans la vie spirituelle ?

Lorsque l'Esprit témoigne à notre esprit que nous sommes devenus Enfant de Dieu, je crois que ça peut représenter un pas énorme dans notre vie (Romains 8, 16). Il ne reste plus alors qu'à le demeurer en se conduisant comme un Enfant de Dieu.

5:15 PM  

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