mardi 26 janvier 2010

Transformer la banalité du quotidien

« Le vivant est celui qui donne naissance, qui sort la joie de la tristesse, qui tire la vie de la mort, qui puise la lumière au coeur des ténèbres. Cela non en fermant les yeux sur les souffrances ... mais en les transformant en outil de croissance, ce qui les habille de grandeur et de beauté ». (1)

Ainsi rien n'est vraiment banal; car notre foi nous aide à tout dépasser, « à ne pas nous enfermer dans l'absurdité de la souffrance et de nos nuits ...les passages difficiles sont des moyens pour provoquer la puissance de résurrection dont nous avons hérité ».

Il n'y a donc plus de grandes ou petites choses, plus de banalités, tout est transformable et occasion de dépassement. Ce qui paraît absurde, l'est pour la raison, mais le sens se trouve au-delà, dans le Mystère. Il cache une réponse insaisissable. La mort de Jésus sur la croix nous fait entrer dans sa vie divine. Le passage se fait par notre propre mort. C'est alors que Dieu vient au devant de nous. Le temps finit, l'éternité s'ouvre. Mais je ne dois pas m'étonner d'avoir des résistances à ce grand passage vers la Vie qui ne finit pas !

(1) Y. Girard

dimanche 17 janvier 2010

Vaincre la violence ! Est-ce possible ?

Une amie m'a envoyé un video sur la violence dans les mouvements extrémistes de l'islam. Comme beaucoup, il m'est difficile de visionner ces images d'enfer. Je ne suis pas très porté à regarder ce monde de l'absurdité, me rappelant ces paroles lumineuses de KG Durckheim (1): « L'homme reçoit la lumière du sens quand il ne comprend plus rien avec sa tête ... Si, dans les ténèbres de la non-connaissance perdu dans le non-sens et déchiré par des situations absurdes ou le ridicule de son existence, il est capable d'accepter l'inacceptable, alors il peut faire l'expérience d'une autre Vie; et, de l'acceptation des ténèbres, au-delà du sens et du non-sens, jaillit la lumière. »

Il est vrai que ce monde absurde est là devant nos yeux, mais il y a aussi autre chose qu'il faut savoir regarder : un monde d'amour coexiste au monde de la violence, même si les médias semble souvent l'ignorer.

Oui, c'est possible de vaincre la violence, mais c'est une lutte cachée qui commence d'abord humblement en chacun de nous. Soyons heureux d'avoir cette possibilité: vivre toutes nos relations dans la douceur, avec chacun de ceux qui nous entourent et d'une façon très discrète, ordinaire, mais efficace et contagieuse.

Mon mauvais caractère et mes défauts de nature ne sont pas un obstacle; heureusement, car c'est ma seule façon de vaincre la violence. C'est par cet humble moyen que je dois commencer. Il y en a sans doute d'autres réservés aux hommes politiques courageux. Quant à moi, n'étant pas dans cette sphère, les moyens plus humbles me permettent de trouver un peu de bonheur et d'en apporter autour de moi. Je le sais, la violence continuera d'exister, comme le bon grain continue de croître avec l'ivraie, ainsi que nous l'a enseigné le Maître. Il fait là une grande place au Mystère.

Dieu est toujours caché dans ces petites choses à notre portée. La prière simple, incessante, souvent dans la foi pure, aride et silencieuse, nous permet de la rendre agissante en nous et avec nous. Il y a certainement plus de bonheur à le voir agir ainsi, qu'à vaincre l'ennemi avec une armée puissante dans le fracas des armes.

« Venez à moi, car je suis doux et humble de coeur » nous dit la Maître. Cependant, la non violence demande beaucoup de violence contre soi-même, comme le faisait remarquer Gandhi.
(1) Souvent cité dans les début de ce blogue en 2006

samedi 9 janvier 2010

Ouvrons-nous à ce qui nous dépasse

Dans ce qui nous dépasse, c'est-à-dire dans ce que nous ne comprenons pas, il y a une chose qui fonde notre acceptation du Mystère: c'est qu'il est normal de ne pas comprendre. Nous avons seulement à y adhérer. Ce n'est pas une abdication ou une paresse de l'intelligence. Mais l'intelligence saisit là qu'elle ne peut aller plus loin. Elle ne peut qu'y adhérer ou le refuser. C'est le beau risque de la foi !

Que de belles choses nous sont dites ainsi que nous avons seulement à recevoir. « Même si ton père ou ta mère t'abandonnaient, moi, je ne t'abandonnerai pas !» dit un psaume. Et cela s'expérimente tout au long des épreuves de cette vie. Saint Paul nous révèle que « les souffrances du temps présent sont sans proportions avec ce que nous sommes appelés à vivre éternellement ». Il y a vraiment un changement radical entre cette vie et celle à laquelle nous sommes appelés à vivre éternellement.

Dieu s'est incarné en prenant notre nature humaine blessée jusque dans ses racines. Pourquoi ? Pour nous communiquer sa nature divine et ainsi nous guérir. Grand Mystère de l'incarnation ! « En se faisant homme, il nous divinise » Quel saut il nous fait faire ! Et Jésus, comme pour marquer cette différence de niveau dira, au sujet de Jean-Baptiste qu'il était le plus grand parmi les enfants des homme; puis, il ajoute: mais le plus petit dans le Royaume des Cieux est plus grand que lui. Dépassement inouï !

Voilà ce qui nous est réservé par un Dieu Père, tellement aimant que nous avons peine à croire à cet amour gratuit. Nous avons simplement à le recevoir avec gratitude. Sa joie est de nous recevoir parmi les siens. En causant avec un voisin un peu incrédule devant cette gratuité, il dit à mon épouse: « Après tout nous ne sommes pas des brigands ». Elle lui réplique avec raison: « Et même si nous étions des brigands ...cela ne changerait rien à cet amour infini du père qui ne veut que nous compter parmi les siens éternellement » C'est ainsi que Jésus sur la croix dit au bon larron repentant: «Aujourd'hui même tu seras avec moi dans le paradis !».

Ne refusons pas cette gratuité. S'il y a un point dans l'évangile bien évident, c'est bien celui-là. (Cf. la parabole de l'enfant prodigue, la brebis perdue, etc.) Ne projetons pas sur Dieu nos façons humaines de comprendre les choses spirituelles du Royaume. Ce serait encore un misérable commerce incompatible avec la gratuité divine. Recevoir cette gratuité, voilà ce qui nous transforme, nous rend meilleur. Dieu n'attend que cela de nous.

Au sujet de ma santé ébranlée, je suis toujours dans cet état d'attente confiante, ignorant la raison de cet ébranlement. Ça fait partie de ce qui me dépasse. Mais je ne négligerai pas ce que la science médicale met à ma disposition pour guérir.

samedi 2 janvier 2010

Dieu est Amour

Première étape vers la guérison terminée. Me voici avec une colostomie. Il reste à enlever la tumeur concéreuse après les traitements pour la diminuer de grosseur. Chaque chose en son temps.

Celui qui me donne la vie me tient au-dessus de la tristesse et du découragement. « Espère le Seigneur, sois fort et prends courage », me dit-il par un psaume. Qu'il est bon de ne pas se sentir seul dans l'épreuve. Et tant d'aide concrète et de signes d'amitiés qui m'ont été manifestés ! L'entraide et l'amour est ce qu'il y a de plus beau sur la terre !

Certains me disent ne pas croire mais, par contre, ils me disent faire telle ou telle chose pour aider les autres. Encore, il y a trois jours, Jean-Louis me disait répondre au téléphone aux personnes en détresse. Mais c'est là que Dieu est caché, et non dans le ciel ! Dans une véritable relation horizontale, il y a nécessairement la verticale, divine et essentielle, même si je n'en ai pas conscience. On le sait: un monde sans amour est un enfer ! Que valent nos rites s'ils ne sont pas fondés sur l'amour gratuit. Dieu est Amour, et rien que cela. Voilà pourquoi, il est mort pour nous sur une croix, après avoir assumé notre nature humaine mystérieusement blessée. Que pouvait-il faire de plus ?