dimanche 28 décembre 2008

78 fois le tour du soleil !

Vivre dans le temps, nécessairement c'est vieillir. Impossible d'y échapper ! Dans quelques jours, pour bien commencer la nouvelle année, le temps me donnera 78 ans. Donc, sur mon véhicule spatial (la planète terre), j'aurai tourné 78 fois autour du soleil. Quel voyage ! Sans les savants qui me l'ont appris, je ne le saurais pas. Que de kilomètres parcourus en 78 révolutions autour de notre grand luminaire !

Dans mon véhicule, j'emmène avec moi plus de 6 milliards de co-voyageurs. Beaucoup en sont déjà descendus pour aller rejoindre un mystérieux "ailleurs", hors espace-temps, un non-lieu. Avec la natalité, d'autres voyageurs montent à bord pour les remplacer. Cet "ailleurs", cet "au-delà" nous, les chrétiens, nous l'appelons ": Vie éternelle, Royaume des cieux, Ciel. Je n'aime pas le mot "paradis", spontanément comparé à nos plus beaux lieux de villégiature. Ce qui serait une misérable réduction. Et les blagues sur le paradis ne manquent pas !

Il m'arrive de regarder, sur le journal, la "nécrologie". C'est comme ça qu'on appelle la liste des gens quittant le véhicule terre. Ils ont terminé leur voyage ! Je consulte cette liste, non pour savoir qui est parti, mais plutôt pour savoir combien, parmi eux, sont plus jeunes que moi. Souvent, un bon pourcentage: 30, 40% ou plus. Cette constatation me donne une certaine satisfaction: celle d'être encore en vie en ce monde. Mauvais calcul peut-être, pour quelqu'un qui croit à la vie éternelle...

Mais, est-ce une faveur de vivre plus vieux que d'autres, jusqu'à un âge avancé ? Beaucoup le pensent. Et si l'on considère, d'une part les efforts de la science pour prolonger la vie humaine et, d'autre part, l'empressement que nous avons à prendre les pilules offertes pour cela, il est évident que nous avons envie de vivre le plus longtemps possible, jusqu'au jour ou le fardeau de la vieillesse deviendrait trop lourd.

Il y a aussi d'autres considérations en faveur d'une longue vie: des sages orientaux se sentent prêts à mourir parce que, disent-ils, "j'ai fait ce que j'avais à faire, j'ai reçu ce que j'avais à recevoir, j'ai donné ce que j'avais à donner". Sentiments pacifiants ! Il faut du temps pour cela. Vu ainsi, ils ont sans doute raison. Mais je ne suis pas sûr que le fait de disposer de plus de temps pour me préparer à la mort, me soit un avantage.

À part que ... grâce au temps, je peux acquérir des convictions sur le coeur de Dieu, influencé en cela par ceux qui le connaissent mieux que moi. Pour Celui qui doit nous accueillir "post mortem", ce n'est pas tellement notre préparation en ce monde qui compte, mais bien plutôt sa joie de recevoir ceux qu'il a créés, en leur communicant sa Vie éternelle. N'est-ce pas pour cela qu'il nous a faits ? On essaie quand même, malgré tout de se préparer, de se tenir dans la vigilance, de "garder nos lampes allumées", même si nous devons arriver devant lui, les mains vides.

Ne faisant pas exception, je sortirai donc un jour, moi aussi, de mon véhicule terre, pour aller rejoindre tout ce monde hors du temps: parents, amis, et tant d'autres jamais connus ici bas. Et j'y attendrai ceux qui n'y seront pas encore. Bien que, c'est vrai, hors du temps, on n'attend plus ! Difficile de parler de cet "ailleurs", avec nos pauvres mots, pas tellement faits pour parler d'éternité. Mais le langage de l'analogie et des symboles, nous aide à approcher la réalité nouvelle que nous rencontrerons dans ce non lieu. Peut-il y avoir un lieu, en dehors de notre cosmos ?

L'éternité, dans le Royaume dit "des Cieux", sera un monde nouveau de relations (ou de relations nouvelles). Pas de doute, en ce qui concerne la nouveauté. Les relations ne peuvent qu'être nouvelles; elles ne peuvent pas reproduire celles de ce monde, pas de la même manière. Nous en connaissons leurs limites et leur inachèvement. Des penseurs, (ont-ils raison ?) disent que pour qu'il y ait une relation, il faut un corps avec des sens, puisque c'est par les sens que les relations entre nous et avec le cosmos, sont possibles. D'où la nécessité d'une résurrection. Résurrection, oui ! La foi chrétienne nous l'affirme. Mais que sera ce corps spirituel de ressucité ? Je ne suis pas sûr qu'un corps doué de cinq sens, soit le seul moyen d'entrer en relation ? Car la relation existe en Dieu (trois Personnes) et entre les êtres purement spirituels, donc sans les sens. Mieux vaut ne pas trop essayer de nous l'imaginer. Laissons la place au Mystère, en faisant confiance à Celui qui nous introduit dans cette nouvelle vie.

Les questions essentielles débordent le cadre du quotidien et du connu rassurant. On peut les laisser en suspend quand on ne peut pas y donner une réponse rationnelle. Ce qui ne les supprime pas. Pourquoi ne pas chercher à y répondre, malgré leur irrationalité ? Ce que nous faisons tous, plus ou moins, à notre façon. Voici, dans ce lien, quelques réponses possibles, acceptables ou réfutables, (je n'ai pas tout lu !) de ceux ou celles qui essaient malgré tout de parler d'éternité.

http://www.info-bible.org/question/mort.htm

samedi 20 décembre 2008

Dire et écouter

Des choses nous semblent profondément vraies, et cependant on ne peut pratiquement pas en parler, ou très discrètement. Pourquoi ? On a le sentiment qu'elles ne seront pas reçues, ou d'une manière distraite, avec un haussement d'épaule. Ou encore on s'attend, peut-être à tort, à une réponse agressive.

Mais parler devient quelquefois une exigence interne. Ça presse en dedans ! À ce besoin de dire, devrait correspondre le devoir d'écouter. En parlant à un écoutant, une transformation peut se faire, et dans les deux sens. C'est dans la relation à un autre "je", que l'être humain se façonne et se crée lui-même (Cf. dans ce blogue, le message du 7 déc. 08). Mais pour qu'il y ait relation véritable, il faut qu'il y ait deux "je" éveillés et dans un climat de confiance.

Quand nous sommes impliqués douloureusement dans des situations difficiles, en quête de solutions, nous sommes portés à nous taire tant que nous ne trouvons pas une oreille attentive. Ce qui nous dispose aussi à devenir, pour d'autres, celui qui sait écouter.

Dans les échanges spirituels, le fait de partager les mêmes convictions peut sans doute économiser bien des détours avant de se trouver sur le même axe. Cependant, devant nos divergences, ces détours eux-mêmes ont leur importance. Ils permettent que surgissent des lumières nouvelles qu'on ne soupçonnait peut-être pas. L'essentiel n'est-il pas d'aller "Vers la Vérité" en se laissant guider par elle ? Et ainsi en la vivant. Mais je ne peux vivre la vérité que tel que je la ressens. Non pas qu'il y ait la mienne, et celle des autres. Mais dans le dialogue, la vérité à laquelle j'adhère me conduit vers un point de convergence avec l'autre. Alors, dans cette convergence secrète, "là où tout ensemble ne fait qu'un" (Ps. 121), nous n'avons plus à nous préoccuper de nos convictions, ni de celle des autres. Mais il faut savoir en attendre l'heure. Peut-être même l'heure finale qui nous sortira du temps. Qu'importe ? Pourvu qu'elle arrive !

L'oecuménisme, au sens large du mot, a fait de gros progrès depuis quelques décades. On n'y ressent plus, généralement, le désir d'attirer vers son clocher. La vérité fait son chemin avec nous. Nous avons à la suivre, sans que nous passions les premiers. Un bel exemple de cette attitude est réalisé dans la communauté de Taizé, en France, au rayonnement mondial. Tout le monde peut s'y trouver bien, car il n'y a plus vraiment d'adversaires, mais des frères, dont les relations ne sont plus fragilisées par les différences. Celle-ci sont atténuées ou supprimées par l'amour mutuel. Les liens ci-dessous nous en donnent une idée:

http://www.taize.fr/fr_article7806.html

http://www.taize.fr/fr_article444.html

samedi 13 décembre 2008

Clins d'oeil d'en haut ?

Certains faits extraordinaires, défiant les lois naturelles, forcent la réflexion et nous interpellent. Ils sont quelquefois niés, ridiculisés ou ramenés à une dimension purement humaine: illusion, hystérie, supercherie, etc.

Cependant les faits sont là. Qu'il s'agisse de guérisons subites, de cadavres sans corruption, de lévitations, stigmates, apparitions, etc. Rien de plus rationnel de ne pas les écarter à priori, mais de les considérer sans parti pris. Et s'ils étaient des petits clins d'oeil d'en haut ? Des signes un peu provocants qui nous élèvent vers la transcendance, l'absolu ? Beaucoup ont retrouvé en ces signes, même vécus par d'autres, un nouvel élan. Il est vrai que la foi ne repose pas sur les miracles. Mais la foi les rend possibles. Cependant, foi n'est pas crédulité; il est donc normal d'avoir une attitude critique. L'église elle-même a toujours été prudente à ce sujet. Trop, selon certains !

Remarquons que tous ces phénomènes extraordinaires se retrouvent aussi en dehors de l'église chrétienne, même en dehors d'un cadre religieux. Et c'est significatif. Mais souvent, ils sont liés à une certaine perfection de vie, à une souffrance acceptée ou transcendée. En ce qui concerne les guérisons dites miraculeuses, elles peuvent aussi être liées à la foi, sinon du bénéficiaire, de celle de l'entourage.

Au pied des Pyrénées, à Lourdes, des milliers de guérisons ont été constatées, analysées, critiquées, par toutes sortes de médecins et spécialistes, croyants ou non croyants. Seulement 66 auraient été retenues comme étant vraiment miraculeuses. C'est vraiment peu. Et, comme on peut le voir dans le lien ci-dessous, au cours des années, après trois exhumations (1909- 1919-1925) on a pu constater que le corps de Bernadette Soubirou (la voyante de Lourdes) s'est conservé intact, sans corruption.

http://pagesperso-orange.fr/revue.shakti/plourdes.htm

Cette incorruptibilité est-elle un signe de sainteté, ou un phénomène naturel ? Il est possible que la sainteté puisse développer des potentialités inexplicables. Mais peu importe toutes ces hypothèses. Ce que je retiens ici c'est l'aspect "clin d'oeil d'en haut". Pour cela, il n'est pas nécessaire que ces clins d'oeil prennent la forme du miracle. C'est le cas pour les milliers de guérisons non officiellement reconnues à Lourdes, ou même passées inaperçues. Elles ont cependant transformé physiquement et spirituellement tant de malades et souvent aussi leurs accompagnateurs.

Il est regrettable de toujours vouloir éclairer le haut (monde du divin) par le bas (la seule raison). C'est ce que Freud, fondateur de la psychanalyse à fait (et bien d'autres). C. G. Jung heureusement, s'est séparé de Freud. Dans ses écrits, Jung parle, relativement à notre sujet, de "synchronisité", c'est-à-dire de coïncidence d'événements qui ne présentent pas de rapport de causalité entre eux, mais dont l'association prend un sens pour la personne qui les perçoit. Perception donc toute subjective et qui échappe au seul regard scientifique.

Je viens justement de vivre un fait apparemment très banal, mais pas insignifiant. Il me semble bien être une synchronicité. Et curieusement, je m'en aperçois seulement en écrivant cet article. Avant hier, je suis allé dans un magasin de musique, à Trois-Rivières, pour me procurer une partition musicale (le très beau 'choral des Veilleurs', de la cantate 140 de J.S. Bach). Pas de chance, la personne responsable des partitions était absente. On m'invite donc à revenir un autre jour. Ne voulant pas être venu pour rien, j'en profite pour regarder la musique écrite étalée sur les étagères. Apercevant un petit recueil de pièces adaptées pour flûte, je l'achète. Rendu à la maison, quelle ne fut pas ma surprise de constater que la partition recherchée (choral des Veilleurs) s'y trouvait. J'étais loin de m'en douter. Son titre anglais (Sleepers, Wake !) n'avait vraiment pas attiré mon attention. Rien là de miraculeux, bien sûr ! Et c'est justement pour cela que j'aime le rapporter ici. Plus qu' une simple coïncidence, c'est pour moi, un "clin d'oeil", une gentillesse d'en haut; et elle prend plus d'importance que la partition elle-même. Notre vie peut être ainsi tissée d'événements semblables.

L'attitude subjective de chacun peut transformer un simple hasard en événement signifiant, à nous seul perceptible, insignifiant aux autres. Ce qui peut quelquefois orienter notre destinée, et toujours nous procurer le bonheur de se sentir "relié". De tous ces signes, comme de certains rêves, il faut savoir s'en nourrir. Mais d'abord se réveiller et les voir: Sleepers ... Wake ! Dormeurs ... Réveillez-vous !

dimanche 7 décembre 2008

Qui a créé l'homme ?

La réponse à cette question est donnée par Marie Balmary, auteur célèbre de plusieurs ouvrages sur la bible (1). Elle sous-titre un de ses livres: "Dieu n'a pas créé l'homme", en étant bien consciente d'être provocante pour ses lecteurs. Mais alors, qui donc aurait créé l'homme ? Qui est le potier ? Elle va scruter mot à mot les chapitres 1 et 2 du livre de la genèse pour répondre à la question, mais pas tellement en exégète (bien qu'elle se réfère aux textes hébreux originaux), mais en psychanalyste. Elle dira d'ailleurs vouloir "rêver le mythe ... et en jouer comme on joue d'un instrument de musique, d'une façon toujours nouvelle". Elle jouera en effet avec beaucoup de liberté, toujours prête à emprunter de nouvelles voies. Avec ses groupes de lecture (car elle ne travaille pas seule), elle découvre du nouveau, se rappelant les confidences de tous ceux qui se sont confiés à elle.

Les richesses symboliques, dira-t-elle, augmentent chaque fois que l'on puise en elles. L'Eden (paradis terrestre) n'est plus vu comme un lieu de délices, mais plutôt comme un lieu d'épreuve qui donne à ses premiers habitants (Adam et Éve) l'occasion de s'affronter et, en se parlant, de se découvrir comme des sujets (des "Je"). C'est dans la relation à un autre "Je", que l'humain se façonne, se crée lui-même. Ce que n'avaient pas pu faire ces enfants qui auraient été élevés par des loups, n'ayant pas un autre sujet parlant devant eux pour développer leur potentiel humain

Dans son optique, la "loi" dans le récit de nos origines (tu ne mangeras pas du fruit de l'arbre ....) est ce qui rend possible une transgression, et permet ainsi de se poser comme personne. Le "Je" se forme. Qui le crée ? D'où vient-il ? Son origine est très mystérieuse. La loi transgressée serait donc ici, si j'ai bien compris, une libération, un progrès et non une faute. Un peu comme, durant la crise de l'adolescence, l'enfant cherche à acquérir son autonomie par rapport à l'autorité parental; il affirme sa façon à lui de voir les choses. Si l'on compare cette compréhension de la transgression à l'interprétation traditionnelle, on voit qu'elle n'est pas dans la même ligne: la tache originelle (due précisément à la transgression ) serait une faute impersonnelle, transmise à la naissance, et effacée au baptême. Marie Balmary voit l'épreuve en Eden (que chacun de nous doit revivre) comme une épreuve qui "est forcément au-delà de nos possibilités". Il faudra un bon coup de main d'en haut ! "Je crois, dit-elle, que l'auteur de la genèse, parle d'un Dieu qui le sait". Pour en savoir plus:

http://www.protestantismeetimages.com/article.php3?id_article=188

L'être humain n'est pas créé achevé, parfait. Il est plutôt, à sa création, un paquet de potentialités. Personne, précise Madame Balmary, naît totalement homme ou femme. C'est un devenir spirituel à faire à chaque naissance et chaque jour. "L'accès à l'humanité n'est pas héréditaire. Seule l'aptitude à l'humanité l'est". Le récit biblique (genèse 2 et 3) serait donc, selon notre auteur, le récit de l'humain qui s'élève en reconnaissant l'autre comme sujet, et non comme objet. Beau message pour notre époque où l'on parle tant de respect mutuel, de dialogue et de démocratie. Voici, pour finir, d'autres lectures intéressantes sur la différence des sexes, d'après le même auteur:

http://www.ceras-projet.com/index.php?id=1174=description

(1) L'homme aux statues: Freud et la faute cachée du Père (1979) - Le sacrifice interdit: Freud et la bible (1986) - La divine origine: Dieu n'a pas créé l'homme (1993) - Abel ou la traversée de l'Eden (1999) - Le moine et la psychanalyse (2005)