dimanche 25 mars 2007

Bonheur d'avoir tous le même âge !

(Texte qui paraîtra aussi sur Natura Vox (http://www.naturavox.fr/) (1).

Puisse, cet article, contribuer à donner un gramme de bonheur supplémentaire à quelqu'un ! J'aime tellement être heureux ! J'imagine que c'est le cas pour tout le monde !

Le titre peut paraître bien irréaliste. En effet, en dehors de ceux ou celles qui sont nés en même temps que nous, nos âges diffèrent et s'échelonnent au fil des ans. Alors, est-il possible d'imaginer une société où disparaissent bébés et vieillards ? Où l'on ait vraiment tous le même âge et fixés dans la fleur de l'âge ? Je ne veux pas faire de science fiction, mais à partir de la citation d'un philosophe et académicien français, Jean Guitton (1901-1999), j'aimerais y réfléchir et en tirer des applications concrètes pour des gens bien "groundés" comme nous !

Voici ce qu'il écrit: "Malgré les dates inscrites sur les tombes, les morts nous semblent tous avoir le même âge indéfini. Ainsi se prépare la coulée de la race dans l'intemporel ..." (2)

Ces lignes reflètent une certitude tranquille, une attente qui est la sienne ! Je suis certain qu'il y a dans le coeur de chacun, implicite ou explicite, cet attrait de l'intemporel, ou mieux (mais ça fait plus religieux !). de l'éternité. Je ne ferai pas un sermon sur le "bonheur éternel", je veux seulement amorcer une réflexion.

Dans un texte de Virgile, Guitton se souvient d'un mot d'Énée qui, se rendant à Carthage, a une vision de sa mère sous la forme d'une chasseresse au milieu d'un bois. Il la nomme 'vierge'. "Ce mot de vierge, écrit-il, m'avait surpris, appliqué à une mère. . Mais les ans me l'ont fait comprendre. Une apparition de ce genre, presque angélique, nous reporte à ces jours dont parle l'évangile de Saint Luc, où il n'y a plus ni homme, ni femme, ni mariage, car nous serons ... pareils aux anges, étant ajoute Luc mystérieusement, des fils de la résurrection ..."

Plus d'homme, ni de femme, ni mariage ... Pas drôle ! Mais rappelons-nous, dans la citation, nous sommes dans l'intemporel. Là où il n'est plus question d'engendrer des fils et des filles. Un jour, celui de notre mort physique, nous sortirons, nous aussi, du temps et de l'espace terrestre. Alors, quel bonheur de trouver ce genre de situation ! Elle n'est pas réductive ! Pensons-y bien, c'est l'échange de notre vieille bagnole contre une Cadillac ! Spirituelle, bien sûr; je ne fais pas ici de publicité !

Certains penseront: une croyance, comme tant d'autres ! Oui, mais une croyance fondée sur des textes sacrés, enracinés depuis des siècles dans le coeur de beaucoup. Pas plus bête, à mon avis, que l'attente du néant ! Et sans doute plus tonifiant !

En attendant, nous tous qui avons encore bien les pieds sur la terre, dans le temps de nos âges différents, et l'espace de ce monde, puisque nous ne pouvons pas encore jouir, toujours et tous ensemble, de la fleur de l'âge, eh bien ! rappelons-nous cette phrase de Paul Valéry: "Que vous soyez heureux, il ne vous manque que de vous en rendre compte ! ..." (3). Peut-être un peu optimiste ? Oui, mais il y a quelque chose à prendre.

Saint Simon avait déjà affirmé: "C'est un grand bonheur que de savoir goûter celui que l'on a ..." (3). Bravo ! Avec nos différences d'âge, soyons heureux du bonheur que l'on a. Pour cela, la conscience de notre dimension spirituelle, peut y contribuer grandement. Car cette dimension fait partie de notre nature humaine qui, sans elle, est tronquée. Il lui manque un élément essentiel. C'est alors plus difficile de vivre intégralement le bonheur que l'on a. Mon bonheur goûté aujourd'hui, même restreint et fragile, n'est pas étranger à l'éternité. "Il prépare la coulée de la race dans l'intenporel".

(1) Premier site participatif dédié au quotidien naturel et lancé par Agora Vox le 1 mars 07.
(2) Une mère dans sa vallée, p. 30
(3) Je ne peux pas en donner les références exactes. Je les cite dans mon blogue et les développe un peu, dans "Bonheur subit" au 22 août 06



mardi 20 mars 2007

La prière respiration

Je continue la réflexion du texte précédent sur la prière (1) où je disais qu'elle était plus qu'une demande. La demande dans la prière, peut même finir par s'effacer, pour laisser toute la place à la relation confiante et vitale avec Dieu. Comme une respiration, disions-nous !

Plus qu'une demande, plus aussi qu'une simple pratique dévotionnelle, la prière est un élément vital de notre vie spirituelle. Peut-on s'en passer ? Je ne sais quel pourcentage de la population la pratique, mais des millions de personnes semblent s'en passer allégrement, et réussissent à survivre ! Est-ce donc si essentiel ? Selon ma mauvaise habitude, je me contenterai de poser seulement la question. Chacun trouvera la réponse qui lui convient; meilleure façon de trouver une réponse personnelle. De toute façon, la bonne réponse nous est donnée lorsque qu'on est prêt à la recevoir, en fonction de notre cheminement.

Nous avons ici, dans notre maison, une femme de 93 ans. Elle est ma belle-mère. Bien sûr, comme toutes les belles-mères, elle n'est pas sans défaut, entre autres: elle ne sait que prier ! Pour lui rendre justice, disons qu'elle sait aussi essuyer la vaisselle et faire des mots-mystères. Mais, à part ça, la prière c'est ça vie. Et ça commence à 5 h. le matin. Vous me direz: à cet âge là que peut-on faire d'autre ? Attendre la mort ? C'est aussi ce qu'elle fait, mais dans la sérénité la plus totale. Elle a encore un autre défaut: elle se plaint que Dieu l'a oubliée ! Dans sa prière c'est peut-être ce qu'elle lui reproche ...

Saint Paul dira: "Priez sans cesse". Qu'est-ce que ça veut dire ? D'abord, on a autre chose à faire ! Et puis, comment prier continuellement ? La réponse m'a été donnée dans un petit livre, intitulé: "Récits d'un pèlerin russe", dont l'auteur est resté anonyme. Publié en Russie vers 1870, il fait partie de le tradition russe orthodoxe (2). Il s'agit, en fait d'une pratique, la philocalie, qui date des origine du christianisme, et encore très vivante dans l'orient chrétien. C'est l'invocation du Nom de Jésus, soit employé seul, soit dans une formule qu'on peut répéter au rythme de la respiration. Une prière respiration. Si vous sentez un attrait, lisez ce livre de 185 pages.

(1) Texte du 15 mars 07: "Ce qui doit arriver arrive ?"
(2) Traduit en français, on le trouve aux éditions du Seuil (Collection Point, série Sagesse). En fait il s'agit de "la prière du coeur" ou "Prière de Jésus".
D'autres publications sur ce même sujet: "La prière du coeur", de Jacques Serr et Olivier Clément. Aussi: "La prière de Jésus" par un moine de l'église d'Orient.

jeudi 15 mars 2007

Ce qui doit arriver arrive ?

Autre objection: "Je ne crois pas à l'influence de la prière. Prier ou ne pas prier, ce qui doit arriver arrive... "

Oui, ce qui doit arriver arrive ! Mais faut-il le comprendre dans un sens fataliste ? C'était écrit... donc inévitable ! Nous sommes là dans un domaine incontrôlable, et insondable (1). Mais, à mon avis, si cette pensée doit nous convaincre de l'inutilité de la prière, il faut en revoir notre conception.

On peut dire:
1 - Si quelqu'un affirme ne pas croire en Dieu, il ne croira pas non plus à l'influence de la prière. Ou il la ramènera à de l'autosuggestion.
2 - Si quelqu'un doute de l'existence de Dieu, ou est agnostique (Dieu existe peut-être, mais on ne peut pas le savoir, ni le connaître) une prière conditionnelle peut toujours être formulée: "Si tu existes, réponds-moi ... ". C'est déjà un signe d'ouverture.
3 - Si quelqu'un croit en un Dieu indifférent à tout ce qu'on peut lui dire, ce n'est évidemment pas une disposition très favorable à la prière.

Je pense que ce qu'on exprime consciemment au sujet de la prière, ne correspond pas toujours à la réalité profonde, plus ou moins consciente, cachée en nous. On a vu des gens avoir eu recours à la prière dans des situations de catastrophe ou de grande épreuve, et qui ne priaient jamais avant. Qu'on soit motivé par la peur ou non, cela montre qu'on ne peut pas affirmer ce qui est latent en nous. Ce n'est pas clair. Ça peut aussi se manifester par une certaine inquiétude, par un désir d'en savoir plus.

Le dévouement de beaucoup de personnes à des causes humanitaires, ou pour le bien des autres, leur réaction face au mal et à la souffrance, me semble déjà être une forme de prière en action, même si ces choses ne sont pas faites explicitement pour Dieu. (2)

On conçoit souvent la prière comme étant seulement une demande. Mais la pratique de la prière fréquente peut vite devenir comme une respiration, un besoin de relation constante et intime avec Dieu. Ce sujet mérite d'être repris avec ceux (réels ou virtuels) qui savent que la prière n'est pas illusoire. Je peux, bien sûr, me faire des illusions au sujet de la prière, de sa nature et de son exaucement. Mais, vaut-il mieux prier avec des illusions, ou ne pas prier du tout ? Toute démarche sincère peut, avec le temps, nous sortir de l'illusion. Il faut bien, au départ, accepter la possibilité d'être dans l'erreur et d'en sortir, si l'on veut aller "vers la vérité" !

(1) Cf. "Temps et éternité", 2 mars 07
(2) Cf. Évangile de Matthieu 25, 34-40

vendredi 9 mars 2007

La vie peut-elle mourir ?

Pourquoi notre vie se termine dans la mort ? Qu'y a-t-il après ? Questions qui ne laissent pas indifférent bien que, à priori, elles semblent sans réponse. Ces temps-ci, plusieurs personnes de ma connaissance ont quitté ce monde. La mort des autres me réfère, bien sûr, à ma propre mort. Ce sujet, abordé déjà plusieurs fois sur ce site, est encore remis sur le tapis. Et sans doute pas pour la dernière fois !

Des enquêtes médicales sur "la vie après la vie", relatant les expériences "aux frontières de la mort" (1) nous donnent des renseignements qui ont tous, plus ou moins des points communs: traversée de tunnel, vision d'êtres de lumière, etc. Mais il reste que ces états ne sont ni la mort, ni l'au-delà : tous en sont revenus et se sont retrouvés ici-bas. De telles expériences, sont sans doute authentiques, mais ne semblent pas être la vie éternelle ! Elles peuvent cependant apporter une consolation, changer la façon de voir la vie, et même atténuer ou supprimer la peur de la mort. On peut les voir comme des clins d'oeil d'en haut qui passent à travers notre psychisme, ou des images de l'état "post-mortem" qui est au-delà du sensible, et demeurera toujours mystérieux.

Il faut donc se référer à quelque chose d'autre pour fonder une espérance véritable. En dehors de la révélation, qu'est-ce qui pourrait nous donner une réponse satisfaisante ? Bien sûr, la révélation suppose un préalable: la confiance en celui qui révèle. Je ne demanderai pas la route à suivre à un ivrogne titubant sur le bord du chemin ! Si je sais que l'Esprit de Dieu parle à travers les Écritures, alors la confiance est acquise.

La mort est à la fois redoutée et espérée. Plus souvent redoutée qu'espérée, parce qu'elle est la cessation définitive du "corps que l'on a", notre corps terrestre tel que nous le connaissons. Ce corps est celui de "l'individu" que nous sommes, celui de notre "personnage"qui joue des rôles dans ce monde, sur le plan social, professionnel, familial. C'est ce personnage qui cesse d'être vivant et rend la mort si difficile à accepter.

Par contre, bien que redoutée, la mort est aussi espérée. Au point que certains n'ont plus peur de la mort; non seulement les personnes souffrantes qui voient en elle une libération, mais aussi d'autres qui l'attendent comme l'entrée dans l'éternité. Car, en fin de compte, si le "corps que l'on a" meurt, la vie, elle, ne meurt pas.

La mort nous est présentée dans la révélation comme un passage et un remède. Passage vers l'inconnu, oui ! Mais les textes sacrés en soulèvent quand même un peu le voile. Il faut rechercher ces textes et les méditer. Remède parce qu'elle nous libère de ce "corps que l'on a", cause de souffrances, voué à la vieillesse et à la finitude. Et elle nous introduit dans le Royaume de l'Amour.

Par opposition au "corps que l'on a", il y a le "corps que l'on est". C'est notre corps spirituel. Bien que non palpable, il est déjà là. Il assume ce qui est du psychisme avec toute notre vie affective. On peut dire qu'il est notre personne véritable appelée à vivre éternellement; contrairement au personnage, qui disparaît (2). On saisit un peu mieux aujourd'hui le mystère chrétien de la résurrection. Il ne peut plus guère être vu comme une réanimation du "corps que l'on a". Dans un passé encore récent, on voyait l'être humain comme une âme spirituelle immortelle, unie à un corps matériel mortel qui devait ressusciter. La matière est aujourd'hui comprise par la science d'une façon tellement différente (3) qu'il faut adapter notre compréhension de la mort et de la résurrection. Le sens de la vie et de la mort n'en est pas pour cela affecté.

(1) Cf. "La vie après la vie" de Raymond Moody
(2) Cf. Texte sur ce site du 16 novembre 06, "Ce corps que je suis"
(3) Cf. "Dieu et la science" de Jean Guitton, Grichka Bogdanov, et Igor Bogdanov (son frère)

vendredi 2 mars 2007

Temps et éternité

Abordons un sujet un peu philosophique: "Le temps et l'éternité". On m'a déjà dit qu'on aimait les messages de ce site, mais qu'on ne les comprenait pas facilement. J'aime être compris. Vais-je me racheter aujourd'hui ?

Je vais utiliser deux mots bien connus: le moment et l'instant. Dans notre langage ordinaire, ils sont pratiquement synonymes. Eh bien, en suivant l'exemple de spécialistes (1) en la question, nous allons leur donner des sens différents. le mot moment servira à parler du temps, tandis que celui d'instant s'appliquera à l'éternité. Prenons une bonne respiration et ... Commençons !

Notre aventure humaine, comme celle de nos ancêtres ou des générations futures, se déroule dans ce monde du temps et de l'espace. Chaque événement de notre vie est situé sur la ligne horizontale du temps. Notre vie est une suite de moments successifs, situés dans un lieu. Nous sommes ordinairement bien conscients de ces moments, et nous en gardons le souvenir.

Mais il y a une autre dimension que celle du temps et de l'espace, plus fondamentale, mais pas séparée. Elle est plus difficile à saisir parce qu'elle nous échappe, et nous n'en sommes ordinairement pas conscients. Il s'agit de l'éternité. Il ne faut pas la voir comme une succession de moments, mais comme un présent perpétuel où se retrouvent à la fois passé et avenir. Difficile à imaginer ! Ne cherchons donc pas à le faire.

On ne parle plus alors de moments qui, eux, se déplacent avec les heures, les mois, les années, mais plutôt de l'unique instant. Il traverse tous les moments de notre vie, comme une flèche lancée d'en-haut, de l'origine de notre vie. Voilà pourquoi, on dira que l'instant (qui s'applique à l'éternité) est sur la ligne verticale. Soyons fidèle à ne pas l'imaginer, mais nous pouvons quand même le vivre intensément dans le temps, par une sorte de foi à l'instant.

Il y a des gens qui consultent des voyants (plus souvent des voyantes !). Je ne me prononcerai pas ici sur la valeur de leurs messages concernant l'avenir, mais ce qui est intéressant, c'est qu'il ne semble pas y avoir de problème à admettre que certaines personnes puissent "voir" l'avenir. On appellera peut-être cela de la crédulité, plutôt que de la foi, mais peu importe. Ce que je veux souligner, c'est notre aptitude à accepter qu'un événement futur puisse mystérieusement être connu dans une tête humaine. Je lisais ces jours-ci, dans notre journal "Le Nouvelliste" qu'un savant définissait notre cerveau comme une "machine à croire" (habituellement, on en parle plutôt comme d'une "machine à raisonner" !). Servons-nous donc de cette aptitude à croire pour accepter l'idée de l'éternité comme un perpétuel présent.

Ordinairement, nous voyons la création du monde et de l'être humain, dans un commencement, au début du temps. Tandis que nous voyons l'entrée dans l'éternité (d'un point de vue chrétien), dans un achèvement, à la fin de l'histoire non encore réalisée. C'est vrai pour notre façon habituelle de penser mais, pour les philosophes-théologiens (au moins certains) ce n'est pas totalement exact. Les moments successifs de nos vies s'accomplissent aussi simultanément, dans l'unique instant intemporel. Bien sûr, cette façon de voir, nous pose une grave question: comment pouvons-nous dire que nous sommes libres, si nos actes futurs sont déjà connus et fixés ? Sujet important et intéressant pour mieux comprendre ce qu'est notre liberté. Cela fera peut-être l'objet d'une autre réflexion.

Ceux qu'on appelle, dans la bible, les prophètes, et qu'on dit inspirés, ont pu avoir durant leur inspiration, un regard furtif sur l'éternité. Ce qui leur a permis de dire, souvent d'une façon confuse et imagée, des événements concernant l'avenir sur la ligne horizontale.

Ai-je réussi à me faire comprendre plus facilement ? En tous cas, écrire cela et l'envoyer sur le web, m'aide dans ma propre réflexion. J'ose espérer que d'autres, peut-être, seront stimulés aussi dans la leur !

(1) J'emprunte ces distinctions à Frédéric Marlière, dans son ouvrage: "Qui t'a appris que tu étais nu ?" p. 93 et suivantes. (chez Anne Sigier)
Sur le moment et l'instant, l'auteur cite: Louis Lavelle, dans "Le moi et son destin" et "Du temps et de l'éternité".