lundi 30 octobre 2006

Halloween

D'une façon à la fois drôle et macabre, l'Halloween nous met face au mystère de la mort. Pourquoi la mort nous fait peur et nous fascine ? Parce que nous ne savons pas ce qu'il y a derrière la porte qu'elle nous ouvre.
"Ah ! si quelqu'un revenait pour nous en parler, dit-on, il aurait du succès". Sans aucun doute ! Mais voilà, personne ne revient. Alors, des auteurs à l'imagination fertile, en font revenir. Ils se risquent à nous rapporter des anecdotes où se mêlent revenants, apparitions, visions, rêves, parapsychologie, etc. Même si on y croit plus ou moins, ça excite la curiosité. Il y a quelque chose de cela dans l'Halloween. Et le commerce, qui ne rate aucune occasion, l'a bien compris.

Qu'y a-t-il après la mort ? C'est bien la question universelle et de tous les temps. Certains pensent qu'il n'y a rien. Après la vie, c'est le néant. Retour à la case avant le départ ! Sont-ils nombreux à l'affirmer ? À le dire, oui ! À le penser vraiment, je n'en suis pas sûr. Car, il y a quand même un petit doute. S'il y avait quelque chose ? Faudrait-il s'en réjouir, ou s'affliger de s'être trompé ? Ce n'est pas très confortable d'être agnostique ! De toute façon, on verra bien. Mais si c'est le néant, on ne verra rien du tout ! Il n'y aura plus d'yeux pour voir.

S' il y a quelque chose ? Dans ce cas, on aimerait bien, en attendant la vision "post mortem", en avoir un petit acompte. L'Halloween nous rassure-t-elle à ce sujet ? Pas beaucoup. D'ailleurs elle perdrait de son intérêt, car ce qui crée la fascination, c'est justement le fait de ne pas savoir. Faute de savoir, on s'amuse avec des squelettes, des sorcières, des masques, des citrouilles. C'est vrai que s'amuser avec ce qui nous chagrine ou nous angoisse, exorcise la peur. Pour un moment du moins.

Passons à un autre niveau. Il y a bien une réponse de foi à la question de l'après-vie, et j'y adhère. Mais, cette réponse, bien qu'essentielle, n'évacue pas le mystère. Que les amateurs d'Halloween se rassurent !

Que dire à ce sujet ? Notre cheminement vers notre destinée éternelle, dans ce monde tel qu'il est, ne peut se faire que dans la foi, c'est-à-dire dans la nuit, sans voir, sans certitude rationnelle.
Cependant la foi ne s'appuie pas dans le vide. Elle s'appuie sur la parole de Quelqu'un qui sait, qui a parlé, et en qui nous mettons notre confiance. Nous trouvons ses paroles dans l'évangile.

"Au réveil, je me rassasierai de ton visage !" dit le psaume. Voir la Face de Dieu, voila ce que nous attendons "au réveil", après le sommeil de la mort. Mais déjà en cette vie, nous devons nous tenir éveillés. Combien de fois, l'évangile nous le rappelle ? Serait-ce le rôle des épouvantails de l'Halloween ?

mercredi 25 octobre 2006

La raison est-elle intelligente ?

Quand j'écoute les gens donner leur opinion, exprimer ce qui, pour eux, est la vérité, je suis toujours étonné de voir les divergences et les oppositions. Tous sont pourtant doués de raison. Pourquoi s'expriment-ils si différemment ? Et, fait curieux, ce ne sont pas les plus doués, selon le quotient intellectuel, qui semblent toujours les plus proches de la vérité. On voit bien que la rectitude du raisonnement ne dépend pas du quotient intellectuel. C'est pour cela qu'on distingue sagesse et intelligence. Celle-ci, mesurée selon les méthodes de la psychologie, est plutôt réservée pour les mathématiques et le jeu d'échec !

La mémoire, dit-on, est la faculté d'oublier. On pourrait bien dire aussi que la raison est la faculté de déraisonner. C'est peut-être ce que je suis en train de faire ! Mais comment m'en apercevoir ? Il y a bien ceux qui m'écoutent, me corrigent ou m'approuvent. Mais ce n'est pas un critère sûr de vérité. Eux aussi peuvent s'égarer et juger mes propos différemment.

Pourquoi toutes ces divergences de pensée dans la recherche de la vérité ? Pourquoi tous ces dérapages de la raison ? Est-ce que l'intérêt, personnel ou collectif, influence quelque part ? Plus ou moins consciemment la vérité serait tordue, orientée à mon avantage ? Nous réussissons assez facilement à nous mettre d'accord en ce qui concerne la vérité objective, indéniable (en 2006, monsieur Bush est président des États-Unis), mais lorsqu'on passe à la vérité subjective (monsieur Bush est un excellent président des États-Unis), la belle unité se disloque, la diversité et les oppositions se manifestent.

Dans le domaine religieux, c'est encore plus difficile. Car il s'agit de la foi. On ne laisse pas tomber comme ça ce qui nous apparaît comme vérité divine. Comment faire quand on n'a pas les mêmes références au code de vérités ? Il y a des gens qui, de par leur fonction, ont à proclamer des "vérités" qui ne sont pas nécessairement évidentes. Je pense au pape. La pensée populaire s'imagine qu'on a attribué l'infaillibilité à tout ce qui sort de sa bouche. Pas du tout ! L'infaillibilité s'applique seulement à la définition des dogmes. Ce sont des cas très rares. Pas facile d'être pape. Je me rassure en pensant qu'il y a peu de risques que je me retrouve sur son siège !

Dans nos gouvernements démocratiques, considérés comme les moins mauvais, on a recours à la lumière du peuple. C'est souvent par référendum qu'on réglera certains problèmes importants. Si la solution n'est pas meilleure, au moins c'est celle voulue par la majorité. On a pu dire qu'un gouvernement monocratique serait bien meilleur, mais à une condition: que l'unique décideur soit un sage. Ce qui n'est pas habituellement le cas !

Notre intelligence, disons ordinaire, paraît bien obscurcie en ce qui concerne le jugement subjectif. Voilà pourquoi les sages orientaux, en distinguent une autre, meilleure, plus profonde: la bouddhi. Elle n'est pas affectée par notre ego, ni par notre inconscient. À la suite d'une ascèse de l'esprit, d'une érosion de l'ego (qui cherche toujours son avantage, parce qu'il est "égo-iste") la bouddhi peut enfin se manifester. Alors, décapée de tout ce qui l'obcurcissait, l'intelligence peut voir la vérité. Nous retrouvons chez Saint Jean de la Croix cette même purification, active et passive, de l'intelligence.

Ici-bas, nous sommes condamnés à essayer de faire l'unité dans un monde de divergences. Nous avons l'espérance de marcher vers le monde d'en-haut, celui de l'unité, du Royaume. Là, où "tout ensemble ne fait qu'un !" Psaume 120 (121).

vendredi 20 octobre 2006

Le don et le Donneur.

Je vais parler de choses étranges, remonter jusqu'au début des temps. Spéculations inutiles ? Pas pour moi ! Car ces considérations m'aident à faire mes choix et rendent mon âme paisible.

Le don ? Il s'agit ici du don de la vie, de ma petite vie, humaine et quotidienne. Je l'ai ni achetée, ni fabriquée moi-même. Je l'ai reçue. Et le Donneur ? Qui est-ce ? Certains diront: nos géniteurs, nos parents. Réponse trop facile ! (1)
Remontons plutôt au-delà des causes secondes, jusqu'à la cause première, pour trouver le véritable Donneur. La réponse ne semble pas évidente à tout le monde. Je ne comprends pas bien pourquoi ? Je n'ai sans doute pas l'esprit assez scientifique. Mais il serait intéressant de fouiller davantage pour mieux comprendre les raisons qui font refuser à quelqu'un la Source première, métaphysique.

Le Donneur est innommable, au-delà de nos catégories humaines. Il est situé dans un monde intemporel, pas étranger au nôtre, mais tellement différent du nôtre. Car, c'est un monde de totale et parfaite gratuité, régi par des lois différentes. Il est au-delà de nos relations de causes à effets. S'il est innommable , comment lui donner un nom ? Faisons-le quand même et nommons-le: Dieu. Puisque, depuis longtemps, c'est ainsi qu'on l'appelle.

Dieu, le Donneur, est l'Être et la Vie. C'est sa nature. L'Être et la Vie sont dans le Donneur, d'une façon dite "nécessaire", c'est-dire-qu'il ne peut pas ne pas être. Ce n'est pas mon cas ! Mon statut, à moi qui ais reçu la vie, est dit "contingent". Je pourrais bien ne pas être.

Comment le bénéficiaire du don de la vie, (mon petit moi qui décide) peut-il s'élever au-dessus du Donneur ? Dès le début de la création c'est arrivé à celui qu'on a appelé Adam et à sa compagne Ève. Et ça continue aujourd'hui. Nous touchons là un problème grave, qui n'est pas nouveau. C'est que le Donneur ne m'a pas consulté pour me donner la vie; il ne m'a pas demandé la permission. À qui se serait-il adressé, alors que je n'étais pas encore ? Mais maintenant que j'ai reçu le cadeau de la vie, je pourrais bien ne pas le vouloir !

Il y a des gens qui, dans une grande épreuve, comme Job dans la bible, maudissent le jour de leur naissance; et ils en font le reproche à leur Créateur. C'est bien compréhensible ! Job, lui, s'en repentira: "J'ai parlé sans intelligence... " Job 42, 3. D'autres, ne croyant pas au monde spirituel d'en-haut, feront leur reproche directement à leurs géniteurs, leurs parents.

Mais voilà, le Donneur est Amour, tout comme il est la Vie. Le don reçu, sans ma permission, il faudra bien, d'une façon ou d'une autre, que je l'accepte ou le refuse, puisque l'amour ne s'impose pas, mais se propose. Je dois donc avoir une possibilité de jugement pour faire un choix, dire oui ou non. Sorte d'épreuve à subir, car ce choix a des implications. Le don de la vie sera donc accompagné d'un ingrédient nécessaire: la liberté. Avec, aussi, ce que je pourrais appeler un "mode d'emploi"de la liberté. Façon de m'aider à bien m'en servir.

La genèse est le premier livre de la bible. Il nous raconte, naivement et poètiquement, la création. On peut y reconnaître le "mode d'emploi" dans les recommandations du Dieu créateur. En effet, il dira à Adam, notre ancêtre: " Tu pourras manger de tout arbre du jardin, mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connassance de ce qui est bon ou mauvais, du jour où tu en mangeras, tu devras mourir" Genèse 2, 16-17. Ce qui sous-entend: "tu es libre de faire ce que tu veux, tu en as le pouvoir".

Quelque soit le sens qu'on puisse donner à "l'arbre de la connaissance du bien et du mal", il reste qu'il est suggéré une restriction à la liberté. "Tu peux manger tout... sauf..." Nous connaissons la suite. Le choix, qui ne pouvait être fait avant le don de la vie, est fait après. Et il est mal fait. Il mange le fruit défendu. Aurions-nous fait un meilleur choix ? Pas sûr !

Nous avons tous de nombreux choix à faire. Le décalogue dans l'ancienne alliance (les 10 commandements), ou les paroles du Christ, dans l'évangile, sont aussi comme des "modes d'emploi"de notre liberté, parce qu'ils nous disent comment l'exercer dans le bon sens. Faire consciemment autrement, n'est-ce pas une façon de s'élever au-dessus de Donneur ? Nous savons ce que ça donne: Le monde de Dieu n'est plus reconnaissable, il devient le monde des hommes, ce monde temporel et matériel où nous ne sommes plus du tout comme il le voulait: "à sa ressemblance". Nous gardons cependant la programmation "à son image". Elle doit se réaliser.

Quand Jésus nous dit: "Qui veut sauver sa vie, la perdra..." Peut-être pourrions-nous traduire: "Qui veut vivre selon ses caprices, sa volonté propre (en faisant fi d'une volonté supérieure à la sienne) perdra sa vie !

(1) Cf. "L'oeuf et la poule" au 29 mai 06; et "Le grand-père de l'homme" au 25 juin 06



samedi 14 octobre 2006

D'où vient ce monde des hommes ?

Nous sommes habitués, en milieu chrétien, à considérer notre monde concret, ses habitants, et tout le cosmos, comme étant la création de Dieu. Faut-il le nier ou le nuancer ?

"La précarité de ce monde et le mal qui l'investit de toutes parts lui enlèvent toute prétention à une origine divine...".
L'auteur de cette affirmation, Frédéric Marlière, s'inspire de l'encyclique "Foi et Raison" de Jean-Paul II, pour dire qu'un regard métaphysique (au-delà de la physique, de ce que perçoivent nos sens), est nécessaire pour lire et comprendre les Écritures:

"Il est urgent, en ce troisième millénaire, de lire et comprendre les textes inspirés pour les libérer d'une interprétation irrécevable qui nous a valu beaucoup d'athées de 'bonne foi' parmi les grands esprits de tous les temps. La lecture courante et banale de ces textes, en effet, n'exprime guère les sublimes vérités qu'ils signifient. Il est nécessaire d'en décrypter le contenu profond par la réflexion métaphysique"

Et l'auteur, théologien catholique, a l'audace de dire: "Sartre a raison de conclure... que ce monde tel qu'il nous apparaît, est absurde; à ce point , disait Nietzsche, 'qu'il ne devrait pas être".

Bon ! Après ce passage que d'aucuns jugeront peut-être blasphématoire, il dira (comme pour se racheter !) que pourtant , de ce monde absurde, croyants et incroyants en confessent les admirables merveilles. Et la liturgie chrétienne proclame que "Le ciel et la terre chantent la gloire de Dieu".

Mais, ce n'est pas au niveau de ces "merveilles"que se trouve notre difficulté, mais plutôt "du mal qui l'investit", et qui nous fait dire: comment un tel monde peut il être d'origine divine ? Alors, s'il n'est pas de Dieu, de qui est-il, d'où vient-il ? Grosse question ! J 'avoue cependant que je me sens plus apte à la formuler qu'à y répondre.

Frédéric Marlière, lui, donne une réponse intelligente, mais il s'explique avec des arguments théologiques que je ne peux pas rapporter ici. La vulgarisation est une opération difficile.
Il montre, mais avec un regard métaphysique, comment le monde de Dieu est fort différent du monde des hommes. La vraie création à l'origine (Le Réel "ontologique", métaphysique) est non perceptible par les sens. Le monde de Dieu est spirituel, immatériel; c'est un monde de parfaite gratuité. Ceux qui l'habitent ne peuvent être "qu'à son image et à sa ressemblance"; ce qui n'est pas notre cas. Tandis que le monde des hommes est non conforme à ce que le Créateur voulait, même si tout ce qui est dans notre monde matériel a sa source en lui. C'est le mauvais choix de l'homme, (péché originel) qui a fait basculer le monde et l'a rendu tel que nous le connaissons. Nous sommes bien "dans le monde, mais pas du monde".

Ces quelques lignes sont un condensé inassimilable. Elles ne sont qu'une invitation à un approfondissement. Pour pénétrer la pensée de Frédéric Marlière, on devra avoir recours à ses ouvrages. Tous sont publiés chez Anne Sigier. Il y en a sept ou huit, sinon plus.

Heureusement, cependant, que notre salut ne dépend pas de notre compréhension intellectuelle, ni même de nos actes, ou de nos "mérites", vus comme un prix à payer pour l'obtenir (Cf. le "bon laron" dans St. Luc 23,42), mais les actes bons (dits "méritoires") découlent de la foi en un salut gratuit. C'est parce que je suis "sauvé" que je fais, par amour, ce que Dieu veut ! Et non le contraire.

dimanche 8 octobre 2006

Dieu le veut !

C'est la volonté de Dieu ! Que d'actions et d'événements, à tort ou à raison, on lui attribue. Et que de réactions pouvons-nous susciter en l' affirmant. Il est vrai que lorqu'un tueur enlève la vie à de jeunes innocents, comme cela est arrivé dernièrement dans une école des Etats-Unis, il est difficile de soutenir: "Dieu le veut". On essaie quelquefois d'atténuer l'affirmation en disant: "Dieu le permet". Mais cela ne change pas grand-chose; une permission étant une acceptation de quelqu'un qui pourrait dire non. Alors, il le veut ou il ne le veut pas ?

Quand j'écoute les opinions des uns et des autres, j'entends plutôt dire, dans les milieux chrétiens: non, impossible ! Dieu est Amour, il ne peut pas vouloir le mal, ni même la souffrance ou la mort. Dans la bible, il ne manque pas de textes qui le soutiennent. Alors, on explique le mal en ayant recours au respect de la liberté humaine. Le Créateur a créé l'être humain libre, car l'amour ne peut en aucune façon s'imposer, mais seulement se proposer. Proposer l'amour signifie donc la possibilité de le refuser ou de ne pas agir dans son sens. D'où les conséquences: le mal et la souffrance.

Il y a aussi une spiritualité de l'acceptation inconditionnelle de la volonté divine. Dieu parle par l'événement, il intervient dans l'histoire. Accueillir l'événement, heureux ou malheureux, est donc un moyen de transformation intérieure puissant qu'il ne faut pas rater, au risque de passer à côté de "sa volonté". Nous trouvons peut-être cette soumission plus facilement dans la spiritualité orientale, non spécifiquement chrétienne, au point que, en occident on s'en scandalisera. Pourquoi ne réagissent-ils pas ? Pourquoi acceptent-ils si facilement ou si passivement l'événement douloureux ?

Combien de personnes, et de saints canonisés, ont vécu de cette spiritualité ! Ils y ont trouvé la paix intérieure et la force d'avancer malgré tout. On ne peut pas nier la noblesse de cette attitude, même si raison et foi ne semblaient pas toujours s'accorder.

Ces sujets sont et seront toujours difficiles, car nous ne sommes plus ici au niveau de la logique humaine. Le mal et la souffrance sous toutes ses formes sont là. Avant de les expliquer il faut partir de leur réalité. Comme disent les bouddhistes, quand quelqu'un est blessé par une flèche lancée par l'ennemi, on ne commence pas à disserter savamment sur les causes et les origines de la flèche, mais on cherche à l'enlever pour ne plus souffrir, sans rien chercher d'autre à comprendre.

"Se soumettre à la volonté de Dieu" est une expression qui, aujourd'hui, n'a pas bonne presse; car que signifie "volonté de Dieu" ? S'il n'y avait aucun doute à ce sujet, l'expression ne ferait pas problème, mais elle passe difficilement car elle n'est pas claire. De plus "soumission" fait passif. Il ne faut pas laisser faire, mais il faut agir, dit-on.

Peut-être pourrait-on voir les choses autrement et dire, selon une expression orientale : "Faire un avec ce qui est". Ou encore: "Dire oui à ce qui est". Ce qui est, ne peut pas ne pas être, puisque le fait est là, devant nos yeux. Il ne s'agit pas de l'approuver, mais tout simplement de le vivre le mieux possible, quelque soit sa valeur morale. On pourra plus facilement voir cette attitude conforme à la "volonté de Dieu", et voir aussi sa valeur transformante.

Deux choses à tenir ensemble, à ne pas lâcher:
1. Dieu est Amour. Il ne peut vouloir ni le mal, ni la souffrance. Et pourtant le mal et la souffrance sont là, dans ce monde des hommes qui n'est pas celui voulu par Dieu.
2. Le monde de Dieu, c'est celui que l'évangile appelle le "Royaume". Dans le "Royaume de Dieu", c'est l'amour qui règne. Le mal (péché) n'y a pas la moindre place. Mais en ce monde d'ici-bas où bien et mal s'affrontent, la souffrance est encore compatible avec le Royaume, et elle devient moyen de transformation. Le Christ lui-même a vécu cet affrontement pour vaincre le mal ou plutôt, pour parler comme St Jean, pour "vaincre le Prince de ce monde", encore actif tant que dure le temps auquel nous sommes assujettis. Mais la victoire est chose faite, elle est déjà potentiellement acquise.

La vie de foi laisse largement la place au Mystère. Il faut choisir entre le Mystère et l'absurde. Comme beaucoup, j'ai choisi le Mystère. La Lumière est au-delà de l'absurde.

lundi 2 octobre 2006

Automne

J'intitule ce nouveau message, en ce début d'octobre: "automne". Saison qui associe la beauté et la tristesse. Beauté du coloris automnal. Beauté passagère comme celle de la vie qui passe. Tout ce qui naît meurt. Annonce d'une fin de saison, d'une fin de vie, d'une mort. Belle tristesse ou tristesse joyeuse. Joyeuse car il y aura un nouveau printemps, les feuilles réapparaîtront, la vie renaîtra; celle des feuilles et la nôtre. Je m'habitue à considérer la mort sous cet aspect joyeux. Des sages, considérant la mort comme un passage, ont dit qu'elle était aussi un "remède".

Un remède, car elle efface de notre être profond, ce que nous traînons de lourdeur et de mal incurable. C'est elle aussi qui nous soustrait au monde de la souffrance pour nous faire entrer dans celui de la vie divine. J'ai eu l'occasion, ce matin, de parler de cela à des personnes atteintes d'alzheimer et en attente de la mort. Je les rencontre chaque semaine. Je les questionne: Avez-vous peur de la mort ?- Non ! Aimez-vous que nous en parlions ? - Oui ! Réponse laconique, mais sincère. Elles aiment entendre parler de la mort. Rien de macabre.

Cependant, la vie n'est pas l'attente de la mort. Mais la mort est l'entrée dans la grande Vie. Une promotion ! Ce qui, dans le monde du temps, doit inéluctablement arriver est, d'une certaine façon, déjà là. Vivre dans l'instant présent, c'est déjà se familiariser avec la mort. Le moyen d'entrer en contact avec l'éternité. Mystère de la sortie du temps et de l'espace.

J'entends quelquefois ridiculiser l'éternité . Elle n'est pas comprise. "Passer son éternité à louer Dieu... On va s'ennuyer ! Quelle platitude !" Je suis heureux de vivre ici-bas, et je ne fais rien pour devancer l'heure de la mort. Je ne la fuis pas non plus, mais je me dispose à la recevoir en son temps. Comme la plupart, je redoute ce moment du passage, l'entrée dans le mystère de la grande Présence. L'inconnu est toujours un peu redoutable. Ici, c'est la nouveauté d'une naissance commencée dans la foi. Réalité redoutable mais combien fascinante !