dimanche 26 octobre 2008

Influences et hérédité

Mon vieil ami, plein de sagesse, vient de m'écrire: "Je crois toujours que l'on n'est pas responsable des défauts que l'on peut avoir. C'est d'ailleurs pour cela que je pardonne à tous le monde " Une petite phrase qui ne manque pas de noblesse. Je vais essayer, sur ce blogue, de lui répondre.

Si tout le monde pensait comme lui, il y aurait sans doute moins de bagarres verbales et de guerres fratricides. Nous sommes façonnés non seulement par notre milieu et notre éducation, mais aussi, paraît-il, par nos antécédents qui peuvent remonter assez loin parmi nos ancêtres. Nous sommes héritiers de façons de penser et d'agir. Mais que faire avec tout ce bagage reçu ? Y a-t-il un tri à faire ? À partir de là, nous avons peut-être à remonter une pente, et à trouver qui nous sommes. Qui suis-je moi ? "Nous n'arriverons jamais, à moins d'être très éveillés, à évaluer la puissance, voire la tyrannie, de tous les conditionnements qui nous influencent quotidiennement, sans même que nous nous en rendions compte". (1)

Ces considérations peuvent nous aider à avoir un regard bienveillant, compréhensif ou admiratif sur les autres qui sont si différents. Qu'ils soient kamikazes ou semblables à celle qui vient de s'éteindre en France: Soeur Emmanuelle.

Ceci dit, je continue à penser que nous ne sommes pas à ce point conditionnés pour être continuellement menés par le bout du nez par tous ces éléments étrangers à notre être propre. Le déterminisme a ses limites. Tant qu'il nous reste quelques minutes de vie, il nous reste aussi quelques minutes de transformation personnelle. Après ... Qui sait ? Mieux vaut ne pas attendre le dernier moment !

Notre Créateur n'a jamais voulu faire de nous de simples robots qui obéissent aux ficelles tirées par d'autres. Il veut nous rendre semblables à Lui : Amour et liberté. Il veut que nous devenions maîtres avec Lui, et non esclaves. Nous avons à y travailler, comme l'a fait soeur Emmanuelle. C'est bien ce que fait aussi, sans trop s'en rendre compte, mon vieil ami qui, à 93 ans, est probablement meilleur qu'à 20 ans !

(1) Yves Girard, auteur trappiste.

dimanche 19 octobre 2008

Abandonner pour trouver

C'est un fait assez connu: un désir anxieux de trouver, nuit à la recherche. Il faut faire place à un abandon, pour que la recherche se poursuive plus calmement et plus efficacement. Une nuit de sommeil, d'oubli ou de renoncement, favorise la recherche, qu'il s'agisse d'objets, ou de réponse à une difficulté. Il y a là une vérité d'expérience qui dépasse la psychologie.

En ce qui concerne les choses perdues, beaucoup affirment avoir trouvé après avoir confié leur recherche infructueuse à St. Antoine de Padoue qui prend la relève et, souvent, trouve. Faudrait-il ici en conclure, avec légèreté, qu'il s'agit de superstition ou de dévotionnettes infantiles ? Je ne le pense pas. Au contraire, c'est plutôt un excellent exercice de confiance et de détachement. Exercice qui doit dépasser la simple recherche d'un objet, et qui doit s'insérer dans une attitude globale de toute une vie. L'objet trouvé devient alors comme un clin d'oeil d'en-haut pour nous signifier: attention, il y a encore plus important ... Quelqu'un est avec toi !

L'exaucement de notre désir de trouver peut prendre des formes bien différentes de celles attendues. Il faut donc être assez perspicace et attentif pour le découvrir là où on pourrait d'abord voir un refus ou un échec. Cette découverte se fait souvent lorsqu'on ne s'y attend plus (signe de l'abandon). À notre insu, nous avons été conduit sur un chemin au bout duquel nous trouvons la réponse à notre attente. La dimension foi, acquiert alors une plus grande force de conviction, confortée par l'expérience.

L'abandon a déjà été comparé à une lettre que l'on confie à une boîte postale. Si l'on veut qu'elle arrive à destination, il faut la lâcher, et ne plus s'en préoccuper; notre tâche est terminée. L'abandon est comme une phase d'incubation où l'on confie notre projet à une intelligence supérieure. Les choses ensuite se font spontanément. Notre vie n'est-elle pas une continuelle recherche dans l'abandon et la confiance ?

L'abandon, dans le psaume 131, utilise l'image de l'enfant dans les bras de sa mère. À méditer : http://www.spiritualite2000.com/page.php?idpage=1051

samedi 11 octobre 2008

Tous et chacun

Dieu a un regard particulier pour chacun d'entre nous. Regard apparemment différent, semble-t-il, du regard plus distant et moins intime qu'il a pour tous. C'est du moins ainsi que je perçois le comportement de Dieu, dans sa relation avec ses amis.

Nous trouvons dans la bible de terribles menaces de la part de Dieu. Est-ce possible ? Si nous les prenons à la lettre, elles ont de quoi nous faire trembler de peur, et nous transformer en esclaves. L'art religieux des siècles passés a bien su les exploiter avec ses terribles scènes d'enfer. Des générations ont vécu dans la peur de Dieu, au point que beaucoup, marqués par ces images, sont devenus aujourd'hui incapables de se faire à l'idée que Dieu est essentiellement Amour, qu'il nous aime vraiment et veut notre bonheur éternel. Il faut changer cette mentalité et supprimer cette contradiction.

Nous savons bien que Dieu avait affaire à un "peuple à la nuque raide", pas très doux, ni très docile (ce qui peut encore arriver aujourd'hui ! ). Mais qu'il est difficile de se défaire de tant de menaces pour faire prévaloir son message d'espérance, et en vivre vraiment. On trouve encore bien des échappatoires à l'amour inconditionnel, en ayant recours à la justice divine comme à un besoin de punition, si ce n'est de vengeance. Quelle projection !

L'amour de Dieu reste encore pour beaucoup de croyants une connaissance théorique. Connaissance qui a un point d'appui solide dans la bible, malgré les airs courroucés du Dieu biblique. Mais nous n'arrivons pas à nous défaire du langage justicier, celui de la récompense-punition. De nombreux croyants vivent plus comme les esclaves d'un Dieu trop exigeant et dur, plutôt qu'en enfants bien-aimés. "Difficile pour un esclave de s'habituer à vivre en pleine liberté !". Il faut du temps pour se libérer du besoin de soumission servile. Il faut aussi l'expérience de l'intimité du Maître qui devient un ami.

Esclaves de Dieu nous le sommes d'une certaine façon, non de son pouvoir autoritaire, mais de son amour. Cet 'esclavage' salutaire est une dépendance qui mène à la libération. Dépendance qui fait de nous des maîtres et des amis. Oublions donc ces images des siècles passés. "Elles font de notre Dieu Amour ce qu'il n'est pas: un Dieu externe qui n'est qu'une allégorie des rois terrestres, et rien d'autre" (1). Le Christ ne disait-il pas: "Je ne vous appellerai plus serviteurs, mais amis !" . Voilà le langage qu'il a pour "chacun", celui d'un ami.

Par contre le regard que Dieu a pour "tous", est un regard qui semble moins personnel, d'une exigence moins nuancée. Tandis que celui qu'il a pour chacun est adapté, fait de bienveillance et de compréhension. Adapté à notre expérience individuelle, à notre intelligence, comme nous le ferions avec des enfants qui ne savent pas encore grand-chose. Façon de parler, bien sûr, car il n'a pas deux regards !

Sujet inépuisable ! À "chacun" de le méditer et d'en tirer la nourriture qui lui convient. Et à "tous" de s'efforcer de vivre en ami, comme si nous étions seuls avec Dieu. Bon moyen de former une communauté solide !

Sur l'amour en nous, voir: http://www.catechese.viateurs.ca/spiritualite/trinite-divine-2/index.cfm

(1) Alexandre Turincev, dans "Dieu est vivant" (Catéchèse orthodoxe) p. 430; Cerf.

dimanche 5 octobre 2008

Ignorance ?

En vieillissant, j'ai plutôt l'impression de ne plus savoir grand-chose en matière spirituelle. Ce sentiment d'ignorance a comme remplacé un certain bagage de connaissances intellectuelles d'autrefois. Une simplification s'est faite; un gain en somme, prenant la forme d'une perte.

Car l'ignorance d'aujourd'hui n'est pas celle de mon point de départ. Ni celle de l'agnostique. Elle ressemble un peu à ce qui reste lorsque le temps a presque tout effacé de la mémoire. Une certaine connaissance, précieuse, mais qu'on ne peut expliciter clairement. Comme on a pu le dire de la culture: C'est ce qui reste quand on a tout oublié !

L'accumulation de connaissances par l'étude théologique peut rassurer et rapprocher un peu de Dieu. Mais lui, inaccessible, semble toujours s'éloigner plus, et se manifeste insaisissable. Comme l'horizon qu'on approche sans jamais l'atteindre. Dieu est toujours au-delà. Ce qui reflète bien ce qu'il est: l'Infini. "Seul, tu es inconnaissable ... O toi, l'au-delà de tout, n'est-ce pas tout ce qu'on peut chanter de toi ? " (1)

En fait, ce qu'on peut en savoir, se ramène a peu de choses: "On peut le contenir dans le creux de la main". Et c'est suffisant pour instaurer un dialogue entre lui et nous, et comprendre la raison de notre présence en ce monde. Cela suffit aussi pour savoir qu'aimer ceux qui nous entourent est la chose essentielle. Puisque, dans le peu que je sais, je sais que Dieu est Amour !

Mais cela n'est pas une raison pour me satisfaire de quelques notions élémentaires. Toutes les occasions qui me sont offertes de le connaître je dois les saisir, et chercher si je le peux, à les approfondir. Que ce soit dans les écrits sacrés, les lectures, les échanges spirituels, la nature, etc. Sachant bien que toutes ces connaissances me laisseront bien en-deçà de la réalité insaisissable.

(1) Attribué à Saint Grégoire de Nazianze