lundi 26 février 2007

Adam et Êve, et autres planètes ...

1. Quelqu'un me dit:
"On nous montre Adam et Êve étant des humains comme nous. Mais les ossements qu'on découvre, montrent une évolution qui font voir les premiers hommes bien différents de l'homme d'aujourd'hui ..."

Il y a bien longtemps qu'on se pose ce genre de question. Je peux seulement dire ceci: Adam et Êve, tels qu'ils sont présentés d'une façon naïve dans la bible, au début du livre de la genèse, sont insérés dans un texte mythique. Il nous est impossible de dire ce qui s'est passé historiquement, dans ces débuts. C'est là ce que cherche à approcher la science par ses découvertes et ses analyses. Quant à la bible, elle cherche autre chose. Et comment dire autrement, qu'en récits symboliques, ce qui concerne l'événement primordial, préhistorique. Ce message biblique concernant nos premiers parents, en relation avec d'autres, nous donne des renseignements d'ordre spirituel, pour nous faire comprendre: Qu'est-ce que l'être humain ? D'où vient-il ? Non pas: comment vient-il ? Mais plutôt: qui l'a voulu et créé ? Vers quoi il va ? Pourquoi il y a en lui une tendance au mal, cause de la souffrance ? Quelle relation garde-t-il avec son Créateur ?

Voilà, c'est la réponse à ce genre de questions que je dois chercher dans la bible. Et même là, je ne suis pas capable d'y répondre seul; je dois m'aider, pour cela, de tout ce que les savants chercheurs ont pu dire ou écrire sur le sujet. Qui cherche trouve ...

La science, en observant les ossements découverts, a formé la théorie de l'évolution. Elle ne m'apparaît pas inconciliable avec les textes bibliques. Quoique cela ait déjà été contesté.


2. On me dit encore:
"Je crois que notre terre n'est pas la seule à avoir des êtres vivants, certainement différents de nous... "

Pourquoi pas ? Certains théologiens l'admettent comme possible. La science ne le rejette pas non plus, mais rien n'est prouvé. C'est un sujet pas mal hypothétique qui excite la curiosité. Rappelons-nous le succès qu'ont eu les histoires de soucoupes volantes et les témoignages dits "authentiques" au sujet des martiens venant nous visiter, ou les visions d'ovni dans le ciel. Le sujet, comme le précédent, aussi passionnant soit-il, ne me semble pas être d'un grand intérêt pratique pour notre progrès spirituel. Mais, c'est intéressant... Suivons l'affaire !

mardi 20 février 2007

Dieu a-t-il des chouchous ?

"Présence d'une absence". J'ai trouvé l'expression chez un sage moine trappiste (1). Je vais m'en servir pour essayer de faire comprendre (si possible) à ceux ou celles qui n'ont pas encore reçu le don de la foi, ce que ressentent , relativement aux choses de ce monde, les personnes qui vivent intensément de la foi qu'elles ont reçue.

La foi, un don reçu ? Pourquoi certains la reçoivent, et d'autres pas ? Nous prenons là Dieu en flagrant délit d'injustice ! La foi semble un don qui peut être reçu au berceau, ou bien, "in extremis", sur le lit de mort. Je n'en connais vraiment pas la raison. La seule chose que j'aimerais dire à ce sujet, c'est qu'il ne faut surtout pas y voir une question d'injustice. Ne projettons pas sur Dieu nos visions de tribunaux et de juge inique.

Quant au jeu de mots: "présence d'une absence". Je crois pouvoir l'expliquer par une analogie, une banale histoire de notre monde: un jeune homme est follement amoureux. Plus rien ne l'intéresse en dehors de sa bien-aimée ! Des amis invitent ce jeune homme à un "party", où tout le monde a beaucoup de plaisir. Là, il a tout pour être heureux et pour faire la fête. Mais, notre jeune amoureux est profondément triste. C'est que sa bien-aimée n'a pas été invitée ! Comment pourrait-il trouver un semblant de bonheur ? Les copains qui voient sa tristesse, ne comprennent vraiment pas. Est-il malade ? Oui, il est malade. Il lui manque l'essentiel ! Mais comment les amis du jeune amoureux comprendront-ils qu'il ne se passionne pas des mêmes réjouissances qu'eux ? Ils n'ont pas été favorisés du don de la bien-aimée !

Cet exemple peut suffire pour comprendre la "présence d'une absence" Ceux qui n'ont jamais été amoureux (s'il y en a !) ne peuvent pas comprendre la souffrance du jeune homme. Ainsi, la foi plus ou moins vive de ceux qui l'ont reçue, peut donner une joie profonde, mais qui reste difficilement compréhensible à ceux qui n'ont pas connu cette joie, puisqu'il n'ont pas de points de comparaison. Dans les réjouissances des milieux mondains où la foi n'est pas, celui qui la possède peut ressentir une souffrance de cette absence; où, si l'on préfère de la "présence d'une absence", comme dit notre moine. Souffrance d'ailleurs qui permet de mieux identifier la source de cette joie, ce qui la nourrit.

Ceci illustre un peu le passage de l'homme terrestre (Saint Paul dira l'homme psychique) à l'homme spirituel. Il ne faut pas prendre ces expressions dans un sens de supériorité. Le psychique d'aujourd'hui peut être un grand spirituel de demain, plus peut-être que celui qui l'est depuis son enfance. "L'homme psychique n'accueille pas ce qui est de l'Esprit de Dieu: c'est folie pour lui, et il ne peut le connaître" (2) L'homme psychique est celui qui est laissé aux seules ressources de sa nature humaine. Elles ne sont pas nécessairement mauvaises, loin de là !

Si nous nous percevons encore comme des êtres "psychiques" (terrestres), sachons que nous sommes appelés à devenir des êtres spirituels. Alors, là où la foi n'est pas, nous ressentirons à notre tour, la souffrance de "l'absence de la bien aimée" !

Mais, pour répondre à la question-titre de ce message blogue, je dirais: oui, Dieu a peut-être apparemment des favoris, mais les exigences d'être "chouchou" de Dieu, font quelquefois préférer de ne pas l'être... (3)

(1) Yves Girard, moine trappiste. Pour ceux et celles qui penseraient accrocher aux sujets quelquefois difficiles des livres d'Yves Girard, en voici quelques titres: "L'Amour est vivant"; "Aubes et Lumières"; "Lève-toi, resplendis !"; "Braise silencieuse"; "Les injustices de l'Amour".
Tous ces livres sont publiès chez Anne Sigier, où vous retrouverez la liste.
Cf.
www.annesigier.qc.ca
(2) I Cor. 2, 14
(3) Sainte Thérèse d'Avila, écrivait: "je comprends pourquoi Dieu a si peu d'amis !"

dimanche 18 février 2007

Rien n'est éternel ?

Une autre question m'est posée:

"Qu'entend-on par vie éternelle ? Rien n'est éternel, même notre planète terre aura une fin ..."

Évidemment, notre terre va vers une fin, et tout ce qui s'y trouve, y compris nous-mêmes. Tout ce qui commence, finit et meurt. Il y a une dégradation inévitable de la création matérielle. Ce que disait Lavoisier: "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme" s'applique à la transformation de l'énergie qui peut prendre diverses formes: elle disparaît d'une sorte de réservoir pour en remplir un autre. Mais dans le cas de la vie éternelle, on change vraiment de registre. Cette finitude de toute chose en ce monde doit-elle mettre en doute la réalité de la vie éternelle, sans dégradation, sans mort ? Si la vie éternelle n'était que le prolongement sans fin de la vie d'ici bas, on pourrait bien penser qu'il faille y renoncer. En effet, la finitude (la mort) est inscrite dans notre nature même ! Comment pourrait-elle être éternelle ?

Il est bien difficile de concevoir la vie éternelle avec nos catégories de pensée. En effet, comment s'imaginer ce qui est en dehors du temps et de l'espace ? Impossible ! Pas étonnant alors qu'on cède à la tentation de fabuler une vie éternelle qui ressemble à celle que nous vivons en ce monde. Si on a un esprit un peu rigoureux, on risque de ne plus y croire. Ou bien, on essaye de la comprendre autrement; et ce sera pour une meilleure avancée "vers la vérité" !

Je ne m'imagine rien de précis au sujet de la vie éternelle. Mais je prends ce que me donne la révélation. Où donc irais-je puiser ailleurs ? Voici ce que dit Saint Paul: "Ce que nous proclamons, c'est comme dit l'Écriture, ce que personne n'avait jamais vu de ses yeux, ni entendu de ses oreilles, ce que le coeur de l'homme n'avait pas imaginé, ce qui avait été préparé pour ceux qui aiment Dieu ... " (1). Et encore: " La foi est le moyen de posséder déjà ce qu'on espère, et de connaître des réalités qu'on ne voit pas..." (2) Il dira aussi qu'à la mort on sème un corps psychique (terrestre, celui que nous avons) et qu'on ressuscite corps spirituel. (3)

Si la vie éternelle nous est inconcevable, on peut cependant y adhérer en faisant un saut dans le Mystère, sans rien imaginer et sans comprendre intellectuellement. Nous savons qu'elle nous a été promise par Dieu lui-même; il ne nous raconte tout de même pas des blagues !

(1) 1 Corinthiens 2, 8-9
(2) Hébreux 11, 1
(3) 1 Corinthiens 15, 44

jeudi 15 février 2007

L'Inconnaissable

C'est le meilleur titre que je trouve pour répondre à la question qui m'est maintenant posée. La voici:

Qu'est-ce que Dieu ? Moi je pense que c'est l'homme qui a inventé Dieu pour atténuer sa souffrance devant la mort ... "

Répondre à une aussi grosse question: "Qu'est-ce que Dieu ?" , il faut une tête différente de la mienne ! De grands penseurs, comme saint Thomas d'Aquin, s'y sont essayés. Ils ont sans doute pas trop mal réussi. Mais il faut le courage de les lire... Pas toujours facile ! Dieu ? C'est l'Inconnaissable ! C'est ma meilleure réponse, bien qu'elle ne soit pas de moi.

Cependant, si vous voulez en savoir un peu plus, il y a dans la tradition chrétienne, des gens saints et savants, qui ont répondu en disant, non pas ce que Dieu est, mais ce qu'il n'est pas. Pas si bête, comme idée ! Ça décape pas mal la réponse, car on évite beaucoup de fausses voies. C'est ce qu'on appelle la "théologie négative".

Je trouve un petit exemple de ce genre de réponse dans une hymne (1) qu'on attribue à saint Grégoire de Naziance (IV siècle) grand théologien et poète. Il va répondre à ma place. Il faut les faire travailler ces saints savants ! Voici donc cette poèsie qu'il ne faut pas prendre, bien sûr, comme un exposé scientifique"

O toi, l'au-delà de tout, n'est-pas là tout ce qu'on peut chanter de toi ?
Quelle hymne te dira. quel langage ? Aucun mot ne t'exprime.
À quoi l'esprit s'attachera-t-il ? Tu dépasses toute intelligence.
Seul tu es indicible, car tout ce qui se dit est sorti de toi.
Seul tu es inconnaissable, car tout ce qui se pense est sorti de toi.
Tous les êtres, ceux qui parlent et ceux qui sont muets te proclament.
Tous les êtres, ceux qui pensent et ceux qui n'ont point la pensée, te rendent hommage.
Le désir universel, l'universel gémissement tend vers toi.
Tout ce qui est te prie, et vers toi tout être qui pense ton univers,
fait monter une hymne de silence.
Tout ce qui demeure, demeure par toi; par toi subsiste l'universel mouvement .
De tous les êtres tu es la fin; tu es tout être, et tu n'en es aucun.
Tu n'es pas un seul être, tu n'es pas leur ensemble.
Tu as tous les noms, et comment te nommerai-je, toi le seul qu'on ne peut nommer ?
Quel esprit céleste pourra pénétrer les nuées qui couvrent le ciel même ?
Prends pitié, O toi, l'au-delà de tout, n'est-ce pas tout ce qu'on peut chanter de toi ?

En méditant ce poème, on devient un grand théologien ! Ce n'est peut-être pas votre but, vous qui pensez que l'homme a inventé Dieu, pour ne plus avoir peur de la mort ! C'est peut-être pour ça que Dieu existe, parce que l'homme l'a inventé ... Mais s'il a inventé le Dieu décrit dans cette hymne, il fallait qu'il soit bougrement intelligent ! Et bien inspiré ! Mais par qui ? Et qui a inventé l'homme ?

(1) Cf. Liturgie des heures I. Office des lectures, page 1021

mardi 13 février 2007

Je ne crois ni en Dieu, ni au diable !

Après avoir visité mon site, un lecteur me communique sa pensée.

"Je ne crois ni en Dieu, ni au diable. Je voudrais bien pouvoir y croire pour ne plus être affolé à la pensée de mourir..."

En répondant ici ce sera peut-être aussi utile à la réflexion de ses amis auxquels il a communiqué l'adresse de mon site. On pourra voir aussi le texte de ce blogue "Croire ou ne pas croire" (1).

Ma réponse:
Un français célèbre, mort tout récemment, l'abbé Pierre, répliquait à quelqu'un qui lui faisait à peu près la même réflexion: "Vous ne croyez pas en Dieu ? Aucune importance ! " Drôle de réponse pour un membre du clergé ! Comment la comprendre ?

Je la vois comme ceci. Nous sommes tous aimés de Dieu. Il a pour nous des entrailles de Père. Le Christ nous fait connaître Dieu, son Père, comme étant aussi notre Père. Alors, si on est son enfant, son amour pour nous ne dépend pas du fait que l'on croie en lui ou non.

On n'aime pas son fils pour ce qu'il dit , ce qu'il pense ou ce qu'il fait. On l'aime pour lui-même, pour sa personne, tout simplement. Envers Dieu, il peut se faire qu'on lui fasse des reproches, ou qu'on pense qu'il n'existe pas ! Je dirais à la suite de l'abbé Pierre: peu importe ! je ne pense pas me tromper en parlant ainsi. Ce qui ne veut pas dire que c'est aussi bien de ne pas croire en lui. On se prive d'une immense richesse. Mais ...

Pour mieux comprendre, j'invite à lire ou relire la parabole de l'enfant prodigue. Elle se trouve dans l'évangile de Saint Luc, au chapitre 15, versets 11 à 31. En cherchant dans vos vieux bouquins poussièreux, vous trouverez peut-être une bible ou un recueil des évangiles ! Qu' on médite bien l'attitude de chaque personne: le père surtout, mais aussi le fils prodigue et le fils aîné resté fidèle. Il y a là, un trésor de révélations.

(1) Cf. Au 26 juillet 2006: "Croire ou ne pas croire"

dimanche 11 février 2007

Que faire avec nos émotions ?

Nous avons toutes sortes d'émotions, heureuses ou malheureuses. Voici comment je vois les choses, du moins au sujet de deux catégories:
1. Celles qui viennent comme ça... sans qu'on les cherche. Elles nous viennent des événements de la vie quotidienne.
2. Celles que nous allons chercher. On les importe en nous parce qu'on les veut. Ainsi, il y a des gens qui aiment les émotions fortes; ça leur donne l'impression, dans leur sensibilité, de vivre pleinement.

Les premières sont apportées par le déroulement quotidien des événements: on s'en aperçoit lorsqu'elles sont là, agréables ou douloureuses, selon que l'on reçoit une bonne ou mauvaise nouvelle, à la suite de chances ou malchances, ou encore lorqu'on vit quelque chose d'intense: une musique qui nous transporte, une déclaration d'amour ou de haine, un verdict, une situation dangereuse, etc. Nous nous efforçons de les assumer du mieux possible. Elles accompagnent nos réactions devant les événements qui se présentent à nous. Si je refuse l'événement qui suscite une émotion douloureuse, je crée un conflit et me voici pris avec un problème à régler. Pourquoi ne pas faire de tout cela des occasions de progresser, de cheminer vers la réalisation de ce que j'ai à devenir ?

Ainsi, la vie me forme et m'aide à devenir moi-même: "Deviens ce que tu es !" disait le sage. Ce que je suis déjà dans mon être essentiel, j'ai à le devenir petit à petit dans le temps de ma vie. "Dire oui, à ce qui est", et que je ne peux pas changer, m'aide à me débarrasser des effets négatifs des émotions. Principe qui, sur le plan religieux, se retrouve dans cette prière, bien connue des alcooliques anonymes: "Mon Dieu, donne-moi d'accepter ce qui ne peut être changé; le courage de changer ce qui doit être changé; la sagesse nécessaire de distinguer l'un de l'autre".

Les deuxièmes catégories d'émotions, dépendent de moi puisque je les cherche. Certaines peuvent avoir un effet bénéfique, comme celles de l'alpiniste qui escalade un sommet. Mais, il y a certainement un discernement à faire, car d'autres sont poison pour l'âme. J'ai à placer des filtres pour sélectionner ce qu'il m'est bon de recevoir et ce que je veux laisser dehors. Je ne peux m'empêcher ici de penser à la TV, qui brasse pas mal d'émotions. Un coup de télécommande et hop ! Me voici en contact avec un tas de canaux. Quelques émissions sont intéressantes et instructives, du moins ça arrive, mais d'autres... ! D'un autre coup de télécommande , nous avons le pouvoir de faire disparaître toutes ces intrusions dans notre intérieur, et enfin retrouver la paix.

Les médias, surtout ceux qui se veulent divertissants comme la TV, peuvent être des portes d'entrée d'émotions souvent nocives qu'on aurait intérêt à laisser dehors. Qu'il s'agisse de sentiments de haine, de violence, de scènes sentimentales ou autres, elles nous encombrent et nous imprègnent des problèmes de personnages fictifs. Nous n'avons rien à faire de cette espèce de voyeurisme sur la vie intime des autres. Ces situations fictives sont peut-être divertissantes, mais nous volent notre temps et notre sérénité. Et même les reportages de situations réelles, dont nous sommes surinformés, en avons-nous besoin ? Connaître les détails des meurtres et des accidents peut-il apporter un soulagement aux victimes, ou améliorer la situation ? Si oui, regardons-les. Sinon... Out !

De toute façon, quand nous sommes pris dans le filet des émotions, surtout de la première catégorie, rappelons-nous que, bonnes ou mauvaises, ce n'est pas le moment de prendre des décisions importantes. Oui, même avec les émotions heureuses ! Je me fie là aux conseils des sages orientaux qui sont de fins psychologues. Nous ne sommes pas alors dans de bonnes conditions pour discerner l'action juste à faire, et nous avons tendance à être répétitifs, selon nos vieux "patterns", dans la recherche de solutions. Puis, sachons attendre. Car les émotions passent. Même si d'autres les remplacent, elles passent toujours. Consolation quand elles sont douloureuses !