mardi 29 mai 2007

Parole

Nous sommes doués de la parole. Exprimer nos pensées, entrer en conversation avec d'autres, c'est merveilleux ! Mais c'est aussi une arme à double tranchant redoutable. Disponible à tout moment, non confiscable et bon marché, elle peut détruire et servir le mensonge. Important donc de bien la contrôler !

Saint Jacques, qui n'avait pas la langue dans sa poche, l'avait bien compris. Dans un langage imagé, il nous dit: "Si quelqu'un ne commet pas d'écart de paroles, c'est un homme parfait, il est capable de réfréner tout son corps. Quand nous mettons aux chevaux un mors dans la bouche, pour nous en faire obéir, nous dirigeons tout leur corps. Voyez encore les vaisseaux: si grands qu'ils soient, même poussés par des vents violents, ils sont dirigés par un tout petit gouvernail, au gré du pilote. De même la langue est un membre minuscule et elle peut se glorifier de grandes choses ! Voyez quel petit feu embrase une immense forêt: la langue aussi est un feu. C'est le monde du mal, cette langue placée parmi nos membres ... elle est pleine d'un venin mortel. Par elle, nous bénissons le Seigneur et Père, et par elle nous maudissons les hommes faits à l'image de Dieu ... Il ne faut pas, mes frères, qu'il en soit ainsi. " (1)

En ce lendemain de Pentecôte, je remarque que c'est sous la forme d'une langue, organe de la parole, que l'Esprit de Dieu descend sur les apôtres du Christ, réunis ensemble. Mais cette langue est de feu. Dans le feu de l'Esprit, la parole peut-elle encore garder quelque chose d'impur: mensonges, agressions verbales, mots méchants ? Elle ne peut qu'exprimer la vérité. Et elle se répand vite car, nous dit l'Écriture: "ils se mirent à parler en d'autres langues, et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit ... Chacun les entendait parler en sa propre langue...". (2)

L'Esprit de Dieu, en ce temps là comme aujourd'hui, adapte notre langage à la réceptivité de l'autre pour qu'il comprenne. Il y a des gens qui ont le don d'apprentissage des langues; il y en a d'autres qui ont celui d'écouter les messages, et d'y répondre dans un dialogue authentique. Alors, cette réciprocité est toujours fructueuse, malgré les appartenances à des clans ou des clochers différents.

Mais ce n'est pas toujours le cas. L'ouverture à l'Esprit n'est pas toujours dans les deux camps, et la parole de vérité, qui ne nous appartient pas, est souvent contredite ou bafouée. C'est moins confortable et plus dangereux, mais peu importe, elle se transmet quand même. Je constate, en lisant les Actes, que l'Esprit guérit de la paralysie de la peur. Et pas seulement dans les Actes des Apôtres; on le voit aussi dans notre histoire contemporaine où des héros qui s'ignorent ont banni la crainte. J'ai donc tort d'avoir peur, quand je dis ou accompli ce qui est juste.

Mais il y a aussi une parole intérieure. Les mots, à l'extérieur, ne font que l'exprimer, souvent maladroitement. La parole intérieure est silencieuse. Elle peut aussi s'exprimer par des attitudes. C'est le langage du comportement, qui ne sait pas mentir. Il est souvent plus efficace; il est à la portée de ceux qui ne savent pas faire de discours, ni jongler avec les idées. À travers les humbles gestes silencieux (ou peut-être les saintes colères !) l'Esprit, souffle de Dieu, parle. Quand il souffle dans les voiles, il rend l'action plus facile, et le bateau avance plus vite !

(1) Cf. Épitre de Saint Jacques 3, 2-10
(2) Cf. Actes des Apôtres 2, 3-4

mercredi 23 mai 2007

Croire

C'est bien normal, nous avons besoin de vérifier l'authenticité de certaines allégations. Dans les soi-disant vérités on veut savoir: est-ce vrai ou non ? On ne peut pas tout gober comme ça, ce serait de la crédulité. Il y a un certain bon sens commun qui fait qu'on accepte ou qu'on rejette certains faits qui nous sont présentés comme vrais. Bien que, sans un minimum de confiance entre les êtres humains, la vie ici-bas serait pratiquement impossible. Je crois le professeur de géographie qui m'enseigne ce qui se passe dans un pays que je n'ai jamais vu, etc. Bien sûr, si mon intérêt me pousse à le faire, je peux vérifier et m'assurer de l'authenticité de ce qu'on m'a dit ou enseigné. Ce qui habituellement n'est pas nécessaire, sauf dans les cas douteux ou qui nous paraissent dépasser les bornes des lois naturelles. Comme ce blogue traite plus spécialement de spiritualité, voyons dans ce domaine, quelques exemples.

Une mystique française, Marthe Robin (1902-1981), née à Chateauneuf-de-Galaure, dans la Drôme, n'a rien mangé pendant, dit-on, une cinquantaine d'années, jusqu'à son décès. Ce n'était pas un jeûne volontaire, mais une maladie avait atrophié son oesophage et il lui était impossible de manger quoique ce soit excepté une parcelle d'hostie consacrée . De plus, elle était stigmatisée: son corps avait été marqué mystérieusement par les plaies douloureuses des clous de la crucifixion du Christ. Elle fut accusée de supercherie. De nombreux médecins l'ont donc surveillée et ont étudié son cas (1). La supercherie étant éliminée, il ne restait plus qu'à reconnaître le fait comme un signe venant d'en-haut, ou bien affirmer: la science ne peut pas encore expliquer ce phénomène d'inédie totale, mais ... ça viendra !

Bien d'autres exemples semblables seraient à signaler. Entre autres, celui du Padre Pio (1887-1968), canonisé en 2002 (2). Ou encore celui de Mère Yvonne Aimée de Malestroit (1901-1951) décorée par le Général de Gaule, pour ses actes d'héroïsme pendant la dernière guerre mondiale (3). Ces exemples sont relativement récents; nous trouvons encore bien des contemporains qui ont connu ces personnes. Nous pourrions les interroger. Ce que de nombreux biographes et journalistes ont fait.

Mais remontons plus loin, à plus de 2000 ans, à une époque où le contrôle des événements est plus difficile: la vie du Christ, sa mort, sa résurrection et son ascension. Il y a des témoignages (les textes évangéliques) sur lesquels s'appuie la foi chrétienne. Mais il y a aussi d'autres facteurs : l'expérience des gens qui, s'appuyant sur cette foi, ont vu leur vie se transformer et ont accompli des oeuvres difficiles qui perdurent et nous indiquent qu'il y a, par en-dessous, quelque chose de surnaturel. Ces "preuves" ne sont pas absolues. C'est-à-dire que notre esprit rationnel trouve toujours moyen de les contourner. Selon nos dispositions intérieures, il faut faire un choix. C'est ainsi que, sans juger personne, il y a des croyants et des incroyants.

Les évangiles nous rapportent que le Christ crucifié est ressuscité et, après quarante jours passés sur terre, il est monté aux cieux. Nous venons de vivre ces jours-ci, la fête de l'Ascension.
Depuis cette ascension, il n'est plus visible aux yeux de ceux qui l'ont connu. Aujourd'hui, notre situation est la même: on ne voit plus le Ressuscité, on ne l'entend plus. Et la foi nous dit qu'il est encore présent mais d'une toute nouvelle façon. C'est ce qu'évoque le mystère de l'Ascension: une présence discrète dans la foi. Le Christ n'est pas absent, il est seulement soustrait à nos sens. Il y a bien des raisons à cela qu'une étude plus approfondie nous aide à comprendre. Et cette qualité de présence non sensible est de beaucoup supérieure à celle dont les sens nous assuraient. C'est nous, les croyants, qui assurons sa présence visible.

Croire ici, se fait sans preuves tangibles. Évidemment, sinon ce ne serait plus croire. Mais la vérité à laquelle on adhère, se vérifie par l'expérience de sa présence qui transforme, réjouit, pousse au contact par la prière, et produit ses effets. Ainsi, Marthe Robin, Padre Pio et Mère Yvonne Aimée de Malestroit ont su, avec des milliers d'autres, nous "prouver" la présence, dans la foi, de l'Invisible.

(1) Cf. de Jean-Jacques Antier: "Le voyage immobile".
(2) Cf. de Mortimer Carty: "Padre Pio, le stigmatisé"
(3) Cf. de Paul Labutte: "Yvonne Aimée telle que je l'ai connue"

mardi 15 mai 2007

Enfer

IL y a des sujets dont je n'aime vraiment pas parler. Celui de l'enfer en est un. Comme je l'avais annoncé (1), à la suite d'une demande, je vais donc essayer d'en dire quelques mots.

On me dit: " Enfant, on m'apprenait l'existence du paradis, de l'enfer, du purgatoire. Comment vois-tu cette vie en enfer qui, elle non plus ne peut être éternelle ? "

Voilà la question. Celui qui la pose n'est plus un enfant, il a maintenant 93 ans ! La peur de l'enfer ne l'a pas empêché de vieillir, et de bien vieillir car, à son âge, il a gagné je ne sais combien de tournois de bridges ! "Comment vois-tu ...?", dit-il. A vrai dire, je ne vois pas très bien. Voilà pourquoi il m'est difficile d'en parler. Je ne veux surtout pas dire ce qu'on a pu rabâcher pendant des siècles et qui, selon moi, ne correspond pas très bien à la réalité de Dieu. Mais, il faut bien essayer au moins de comprendre les choses: ce qu'on en a dit, pourquoi on l'a dit, et pourquoi on n'aime pas, ou je n'aime pas en parler ?

D'après beaucoup de théologiens, il semblerait difficile de nier la possibilité d'un enfer. Il est sans doute possible, mais certainement pas comme un lieu, mais plutôt comme un état: l'état de celui qui est privé de Dieu. C'est cela la peine du dam. Le "damné" est celui qui est privé de Dieu. Est-ce possible, si Dieu est Amour ? Pour bien répondre, il faudrait savoir s'il est vrai qu'il y a des damnés ? Nous n'en savons rien. Du moins pas moi !

J'ai déjà entendu dire, sans doute avec un peu d'humour (si toutefois on peu avoir de l'humour sur un tel sujet ! ) qu'il y avait certainement un enfer, mais qu'il n'était pas du tout certain qu'il y ait quelqu'un dedans ! J'avoue que l'idée ne me déplaît pas. Je souhaite que ce soit "vers la vérité ..." Car je n'ai nulle envie d'aller en enfer, ni ne le souhaite pour personne. Même pas pour les pires criminels. D'ailleurs comment pourrais-je être éternellement heureux, en pensant qu'il y a quelqu'un qui "grille dans les flammes de l'enfer !" (J'emploie l'expression consacrée !) Aussitôt ma soi-disant béatitude, tomberait à l'eau ... Il est vrai qu'on a déjà affirmé que le nombre des élus serait inférieur à celui des damnés... Savant calcul que, paraît-il, Saint Augustin aurait fait, à une époque où il n'y avait pas encore d'ordinateur. Je n'ai pas vérifié, mais sur quoi se serait-il basé ?

Il y a des gens qui ne croient en rien. Et justement parce qu'il s'agit de croyances ! Ils n'admettent que des choses certaines, c'est-à-dire prouvées, démontrables. Au moins, cela a un avantage : ces gens sont débarrassés de la peur de l'enfer ! Moi non plus, bien que croyant, je n'ai pas vraiment peur de l'enfer, bien que je ne me place pas dans la catégorie des parfaits, ni des purs ... Loin de là. Et même, plus je me sens indigne du "Ciel", plus je me sens candidat pour y entrer ! Pourquoi ? Parce que j'ai la certitude que si Dieu nous a créés, ce n'est pas pour nous destiner à l'enfer. Bien au contraire, son plus grand bonheur, (et là, j'en ai la certitude sans trop savoir comment le prouver), son plus grand bonheur donc est de partager le sien avec nous, de nous donner sa vie en abondance. Ce qui suppose, pour la recevoir, une transformation totale du coeur. Comment lui refuser ce bonheur de nous partager le sien ? J'ai peut-être l'air de plaisanter, mais c'est vraiment ce que je pense.

D'autre part, je crois aussi que tous, croyants ou incroyants, à un moment ou l'autre de notre vie, ou peut-être après notre mort physique aussi, nous sommes mis en présence d'un choix à faire. Le choix définitif. Encore le spectre de l'enfer ? Est-il possible, qu'à ce moment là, quelqu'un soit assez peu éclairé (justement, je vois ce moment comme celui de la pleine lumière !) pour choisir l'absence de Dieu et donc .... l'enfer ? Théoriquement, oui ! Et il est bon et inévitable qu'il en soit ainsi, à cause du mystère de la liberté. Mais j'espère bien que ma stupidité n'ira pas jusque là ! Comme je l'ai dit, cela ne veut pas dire que je sois assez pur et assez bon pour mériter un tel bonheur qui m'est proposé. Pas du tout ! Ce don est vraiment un cadeau gratuit, qui de plus, a l'avantage de réjouir le Donateur ! Que demander de plus ? Un cadeau non mérité qu'on me supplie de recevoir, mais humblement, comme un indigne et aimant serviteur !

Quelqu'un a écrit: "Être chrétien, ce n'est pas d'abord croire en l'enfer, c'est croire au Christ et espérer, si la question se pose, qu'il sera impossible que l'enfer existe pour les hommes...!" Savez-vous qui a écrit cela ? Il est bien connu. Ce serait le théologien J. Ratzinger (2), notre pape actuel, Benoît XVI.

Mais essayons d'être un peu plus sérieux et de voir les choses plus profondément. C'est vrai que Dieu est Amour, et que l'enfer devrait être impossible. Mais, à travers les images terrifiantes de l'enfer, il ne faut peut-être pas tout rejeter en disant que c'est de l'infantilisme. On ne doit pas cependant utiliser une pédagogie de peur, pour forcer à aimer Dieu. Ce n'est pas non plus, une prédication moralisante qui change le coeur endurci en coeur aimant. Quel est donc le "bébé" qu'il ne faut pas jeter avec le bain ? Il y a quand même dans la bible des affirmations qui nous invitent à réfléchir. On ne peut pas trier dans les Écritures saintes ce qui nous plaît, et rejeter ce qui nous dérange. Je ne peux pas développer ici ce que tant de bons livres font. J'invite cependant à s'y référer. Je vais seulement rapporter une citation d'un thélogien que je crois sérieux.

Voici: " Mais pourquoi, quand nous évoquons l'éventualité terrible (d'un enfer) ne pensons-nous qu'à nous, et si peu à lui (Dieu). Il faudrait ne pas espérer seulement pour les hommes, mais espérer d'abord pour lui ... C'est dans une telle lumière qu'il nous faut lire les textes de l'évangile. Quand l'évangile semble dire que Dieu prend à son compte la damnation des hommes, que c'est lui qui prononce la sentence de condamnation (Mt. 13, 41; 25, 41) cela signifie que Dieu lui-même ne peut rien, sinon souffrir devant une liberté qui se ferme à l'amour. Le châtiment ne vient pas de Dieu, il vient du dedans, comme celui qui ferme ses volets et qui, du même coup, est privé de la lumière du soleil. Cela signifie aussi que l'acte créateur, qui est éternel, ne peut pas ne pas inclure cette éventualité: c'est le grand risque de l'acte créateur". (3)

J'aime bien: "pourquoi ne penser qu'à nous, et pas à lui ?" En effet, pourquoi ne pas penser réjouir Dieu en acceptant d'être sauvé par lui et de jouir éternellement de son bonheur en recevant gratuitement son amour qui nous rend "participants de la nature divine" comme dit Saint Pierre dans sa première épitre. Ce ne devrait pas être tellement difficile à faire !

Que de choses il y aurait encore à dire ! Je m'aperçois que, malgré ma répugnance initiale à parler de l'enfer, je finis par y prendre goût ! Peut-être que la paresse maintenant me pousse à m'arrêter ici. Mais je n'exclus pas d'y revenir !

(1) Cf. sur ce blogue au 3 avril 07: "Des 'insignifiants' méritent-ils la vie éternelle ?"
(2) Si mes notes sont bonnes, cette citation serait extraite de: "Foi chrétienne, hier et aujourd'hui" p. 181
(3) Cf. François Varillon, dans "Joie de croire, joie de vivre" Centurion p. 200

dimanche 6 mai 2007

Sauver Gaia !

La terre, (1) qu'on est en train de malmener, est notre plancher, notre Eden, notre lieu de bien-être. Mais les choses se gâtent ! On garde encore la nostalgie du temps où l'on pouvait la cultiver à échelle humaine, sans trop de frais, dans un environnement favorable, un air pur, des pluies régulières. On pouvait récolter ses fruits non empoisonnés, car les pesticides et engrais chimiques étaient inutiles, et les o.g.m ignorés. Il fait encore bon vivre sur notre terre, mais pour combien de temps ? Un ennemi sournois, tapis quelque part, risque de se manifester à l'improviste, pour renverser la situation: changements climatiques, sécheresses, inondations, nouveaux parasites, etc.

On constate des comportements inquiétants du gulf stream. Ce bienfaisant courant marin qui serait en train de disparaître ou de changer ses habitudes millénaires, et ainsi, modifier nos climats, notre agriculture, notre pêche, fondre nos banquises, élever le niveau de la mer et, peut-être même, provoquer des migrations de populations vers des régions plus clémentes.

Depuis longtemps on parle de ne plus détériorer notre planète. D'aucuns pensent qu'il est trop tard pour remédier efficacement à un dommage irréparable. Ce qui est plutôt mal reçu: on n'aime pas les prophètes de malheur ! Il est vrai qu'il faut être spécialiste pour bien juger de ces choses. Je ne me prononcerai donc pas sur le bien-fondé de ces prédictions.

Mais je peux dire sans trop de risque de me tromper: il n'est jamais trop tard pour bien faire ! Sur cette terre-mère, identifiée dans la mythologie grecque, à Gaia, plus de quatre millions d'espèces y foisonnent. Nous sommes, nous, les êtres humains, une de ces espèces. Et pas la moindre ! Car nous avons le pouvoir de tuer Gaia, ou de la rendre meilleure. Sommes-nous capables, tous ensemble, d'être intelligents, et de poursuivre un même but ? Nous avons à combattre un ennemi redoutable: le dieu argent ! Il a des alliès en chacun de nous: nous ne voulons rien dépenser, ou si peu, pour améliorer la situation de notre mère terre. Nous voulons tout recevoir d'elle, et rien lui donner. Elle serait si généreuse, capable de nourrir surabondamment les six milliards et demi que nous sommes, et plus, si nous acceptions de collaborer avec elle collectivement.

Notre destinée, c'est nous qui la créons. Par nos actes, bien sûr. Mais aussi, par notre façon de nous situer entre ciel et terre. Il y a en nous, une force ascensionnelle, qui nous élève. Il y en a une autre, de pesanteur, qui nous attire vers le bas et nous fait vivre selon nos instincts, comme les plantes et les animaux. Entre l'une et l'autre, nous sommes écartelés.

Rappelons-nous la phrase d'Archimède: " Donnez-moi un levier et un point d'appui, et je soulèverai la terre ...". Pour réussir dans les travaux d'entretien et de restauration de Gaia, nous avons besoin de ce point d'appui: une confiance plus grande en une réalité qui nous dépasse. Nous avons besoin aussi du levier: une motivation plus forte et une vue plus élevée que notre horizon immédiat. C'est un peu ce que veut nous dire cette histoire simplette et connue du moyen-âge. Je la résume: un sage (ou un journaliste interviewer de l'époque !) se promenait sur un chantier de construction d'une cathédrale. Il interroge un premier tailleur de pierres: Que fais-tu ? "Tu le vois, je taille des pierres ... c'est fatigant !". Un peu plus loin, même question à un deuxième. Plus inspiré, il répond: "En taillant des pierres, je gagne ma vie et celle de ma famille ..." Et toi, demande t-il à un troisième accomplissant aussi la même tâche. Tout rayonnant, il réplique: "Moi, je construis une cathédrale !" La réponse était suffisante pour justifier sa joie de jouer un rôle d'artiste, si valorisant. Nous aussi, nous construisons ou restaurons une cathédrale, c'est notre planète terre. Nous avons besoin, pour cela, de cette sorte de foi qui donne la force ascensionnelle. Comme l'air et le souffle qui nous fait vivre, elle s'expérimente, mais ne se voit pas. Une force puissante, qui remplit l'univers, se donne à tous et à chacun, et se partage sans s'épuiser.

Il faudrait changer notre vision des choses. Se sentir intégré dans cet ensemble cosmique, non comme des forçats au bagne, obligés de tailler des pierres, mais comme des amis, faisant partie à part entière d'un mouvement universel, portés par cette force ascendante. Respectons Gaia, faisons-lui confiance. Elle nous le rendra !

(1) Cet article paraît en même temps sur: http//www.naturavox.fr