dimanche 27 août 2006

Connais-toi toi-même...

"Connais-toi toi-même, et tu connaîtras l'univers et les dieux". Cette maxime se trouve au seuil du temple de Delphes, dans l'ancienne Grèce. Plusieurs siècles avant Jésus-Christ, elle est un reflet de la sagesse antique. Socrate l'a reprise. Bouddha, à la même époque, enseignait la même sagesse, basée sur la connaissance de soi.

Dans les siècles passés, nos philosophes d'occident ont, eux aussi, souvent cité le "connais-toi toi-même...". Bouddha ou Socrate n'auraient peut-être pas signé leurs commentaires, mais ces philosophes ont eu le mérite de proposer des significations à la vie qui s'enracinent dans la sagesse antique. Ils sont dans la lignée de ceux qui professent la "philosophie éternelle", qui ne passe pas, n'est pas une mode. Ils affirment qu'une part divine est en nous, puisque la connaissance de soi, nous conduit à la connaissance universelle, celle "de l'univers et des dieux". La théologie chrétienne, n'a pas renié cette sagesse. Évidemment, il y a eu des tris et les apports de la révélation, mais on sait qu'au XIII siècle, Saint Thomas d'Aquin (le Théologien), et au IV siècle avant JC, Aristote (le Philosophe), faisaient bon ménage.

Bien sûr, dans le "connais-toi toi-même", il ne s'agit pas de la connaissance de soi au sujet du corps (c'est la médecine), ni de notre psychisme (c'est la psychologie). Mais il s'agit de la connaissance de ce qui en nous "passe" l'homme, c'est-à-dire son "esprit" (c'est la spiritualité) qui accueille l'Esprit, souffle divin (pneuma). Souvent, on appellera l'esprit, "âme spirituelle", cette part la plus profonde de nous-mêmes qui, comme une fenêtre, s'ouvre sur l'Infini ou la Transcendance, et rend la prière possible.

Voilà donc une philosophie vivifiante, elle ne déprime pas. Pendant des millénaires, elle formula les grandes questions essentielles, sur la vie et notre destin. Et elle tenta d'y répondre.
Cette sagesse antique sait que "tout homme est immortel, et qu'une vie éternelle l'a élu pour demeure; elle peut rester pour lui une contrée inconnue... il peut même en nier l'existence... La richesse de l'homme est infiniment supérieure à ce qu'il en soupçonne" (Marie Balmary, dans "le sacrifice interdit").

j'ai l'impression qu'une telle philosophie a quitté nos écoles. Espérons qu'elle y reviendra, ou qu'elle renaîtra ailleurs.

jeudi 24 août 2006

Un foisonnement d'intelligences reliées...

Non seulement d'intelligences humaines, mais bien d'autres ! Dans les boutiques dites "ésotériques", plus ou moins sérieuses, nous trouvons quantité de livres sur ce sujet. C'est instructif de les consulter. Nous ne voulons pas être seuls; seuls au milieu de milliards d'autres êtres humains, mortels et ignorants comme nous. Nous ne voulons pas être sans but, isolés, allant à la dérive dans un univers aveugle, muet et sourd.

Nous sommes des êtres reliés à une multitude d'autres, une multitude d'êtres spirituels. Les Traditions spirituelles, et la bible, nous affirment l'existence de ce monde spirituel. Les expériences des mystiques, même si on les a traités quelquefois "d'illuminés", le confirment.

Ces êtres spirituels, même si nos sens ne les perçoivent pas, sont présents parmi nous, avec leur faculté de voir, d'entendre, de réconforter. Autrefois, aimant les classifications et les hiérarchies, on éprouvait le besoin de leur donner un nom, à la suite de textes traditionnels: Anges, Archanges, Trônes, Dominations, Chérubins, Séraphins, etc. . Il y a aussi, un peu moins mystérieux parce qu'on les a connus sur terre, le monde innombrable des ancêtres.

Dans notre monde matériel moderne d'ici-bas, il y a des instruments admirables, apportés par la science. On peut les voir comme des ébauches symboliques de ces types de relations spirituelles: Internet, TV, etc. Mais ces instruments sont sophistiqués, coûteux, et bien limités malgré leur étonnante performance. La parapsychologie, souvent décriée par les théologiens, car il ne faut pas mêler les genres (psychique et surnaturel), nous en donne quand même, à mon avis, une petite idée.

Une petite fille, disait à notre amie, sa grand-mère gravement malade: Mamie, quand tu seras morte, et que moi j'irai au ciel à mon tour, comment je ferai pour te retrouver ? Et la mamie de répondre: ne t'inquiète pas, nous aurons des antennes pour communiquer et se retrouver !
Ces antennes, nous les avons déjà en nous, mais à l'état larvaire. Nous possédons l'aptitude à communiquer avec tous les êtres surnaturels. La prière n'y est pas étrangère.

mardi 22 août 2006

Bonheur subit

Je l'ai trouvé dans une citation de Paul Valéry. La voici:
"Que vous soyez heureux, il ne vous manque que de vous en rendre compte".
Recette facile, renforcée par ces mots de Saint Simon:
"C'est un grand bonheur que de savoir goûter celui qu'on a"

Y a-t-il quelque chose de plus simple ? Le problème, c'est que nous avons besoin de choses compliquées. Donc cette recette à la portée de tous, demeure quand même assez inaccessible... On voit bien quel point il faudrait travailler !

Manque de réalisme ? Optimisme exagéré ? Pouvons-nous être heureux sans le savoir ? Fausses questions. Les deux citations ci-dessus me conseillent d'être plutôt conscient de mon bonheur. Mais, pour cela, il ne faut pas avoir peur d'être heureux. Est-ce possible d'en avoir peur ?

Quand je vois tous ces gens dans la misère: guerre au Liban, Sida envahissant le monde, hôpitaux surchargés, drogués qui fuient la vie, ceux qui ont faim, n'ai-je pas un peu honte d'être heureux ? Comment en aurais-je le droit ? Et la compassion ? Le problème n'est pas celui du bonheur, mais du partage. Du moins, de quelque chose.

Ce n'est pas par mon attitude plaintive sur la misère du monde, que je la changerai. j'apporterai plus en jouissant du bonheur et en le laissant se répandre, qu'en en ayant honte. "J'appelle imbécile, celui qui a honte du bonheur qu'il a", disait crûment Camus.

J'ai appris, avec une amie aveugle, à être heureux d'être voyant, malgré son malheur. Et je pense, qu' en me promenant avec elle et son chien, si elle me sentait de bonne humeur, elle en était heureuse. Si j'ai une "bad luck", ce ne sont pas les complaintes de mon entourage qui vont améliorer mon sort.

Le bonheur se cultive. Ce n'est pas une loterie. C'est le "le gros lot", mais pas dû au hasard ! Il est une vertu. La vie de certains souffrants, certains malades, persécutés pour la justice, nous montre hors de tout doute, que le bonheur n'est pas incompatible avec la souffrance. Bizarre constatation ! Quelquefois, ces gens semblent même nous dire que leur souffrance en est la condition. Incroyable !

Cherchons quelle en est leur méthode. Puis, soyons heureux !

lundi 21 août 2006

Langue de bois et spiritualité

J'écoutais, hier sur TV 5, l'émission Culture et Dépendance. Des auteurs, journalistes et ex-politiciens discutaient sur le théme: la langue de bois en politique. Je me demandais ce que voulait dire exactement langue de bois en politique. Si j'ai bien compris, il s'agit de l'utilisation d'expressions peu compromettantes, surtout en période pré-électorales, qui permettent à nos politiciens de sortir de situations embarassantes, et d'éviter de faire des promesses qu'ils n'ont pas l'intention de tenir.

Phrases du genre: Je reste fondamentalement persuadé que.. Dès lors sachez que je me battrai pour faire admettre que... Je tiens à vous dire ici ma détermination sans faille pour clamer haut et fort... etc. toutes paroles pour, comme on dit, "brosser l'électeur dans le sens du poil". Est-ce malhonnête ? Oui, si c'est pour tromper. Non, peut-être pas, si c'est une façon de mettre toutes les chances de son côté, en ne faisant pas trop ressortir ce qui nous paraît bon pour la société, mais qui n'est pas très populaire, et donc risque de nous éloigner du pouvoir.

Ce comportement "langue de bois" peut-il se retrouver aussi dans le domaine spirituel ? C'est-à-dire en employant un langage adouci, mitigé, peut-être même flatteur, qui cacherait la vérité toute brute, telle qu'on la perçoit en conscience, mais qu'on n'ose pas livrer telle quelle, par peur de déplaire, parce elle risque d'être rejetée. On craint alors de se faire traiter de traditionnaliste, d'intégriste, de fondamentaliste, de quelqu'un en dehors de la réalité, opposé au progrès, pas à la page, et autres étiquettes pas très agréables à porter...

Le Christ avait-il la langue de bois? Race de vipères... sépulcres blanchis... Ne faites pas de la maison de mon père un repaire de voleurs... Portez votre croix... Suivez la voie étroite... il est plus facile à un chameau de passer par le trou d'une aiguille que... Vous ne pouvez pas suivre deux maîtres: Dieu et l'argent... N'ayez pas peur de ceux qui tuent le corps... À quoi cela vous sert-il de conquérir le monde si vous venez à perdre votre âme, la vie éternelle... etc.

N'ai-je pas quelquefois la langue de bois, quand je vais un peu trop dans "le sens du poil de la bête" ?

samedi 19 août 2006

Espérance et messianisme.

Ça tombe bien ! Moi qui parlait, hier, (dans 'Un autre jour que l'on devine') de "l'espace où mûrit notre attente", voici que je me butte, ce matin, sur un texte de Pauwels, qui fulmine contre les attentes, l'espérance du monde. Il dit cela contre le messianisme en général, mais sans exclure le judeo-chrétien:
"Je suis étranger au messianisme judéo-chrétien. Mais ce qui me hérissa surtout, c'est d'entendre un confrère célébrer... ce grand mouvement toc: espérer un monde tout sucre et des hommes avec des ailes"

Il rejette donc le messianisme en tant que rêve d'une société et d'une humanité parfaites. Il n'a peut-être pas tort, mais je trouve qu'il y va un peu fort lorsqu'il affirme:
"Le monde antique doit sa gloire, sa sagesse, sa lumière à ce qu'il fut sans attente. Il mourut, après tant de siècles admirables, d'une peste nommée espèrance...".

Il n'aime pas les attentes:
"Les salles d'attente ne sont jamais des séjours agréables. Si j'éprouve ce monde comme lieu d'attente, je m'y sens flottant, sans unité, sans contact... Quelle horreur ! Passer toute sa vie ici !... Si je pense que ce monde n'est que l'attente d'un autre, qui suis-je ?.. un exilé de l'avenir... On m'a salement coincé, en vue de la terre promise...".

Peut-être pourrais-je me réconcilier avec lui, en pensant qu'il parle seulement des messianismes terrestres. Moi non plus, je ne les aime pas plus que ça !
"Hegel, Auguste Comte, Marx, dit-il, ont appliqué le messianisme à l'histoire... Le messianisme historique est promoteur de charniers, parce qu'il est la justification du tyran moderne... Si le monde n'est que le sale brouillon de la cité parfaite, je peux effectivement le traiter en brouillon: gommer, raturer... Staline travailla le peuple russe comme brouillon de la société sans classe. Hitler travailla les races comme brouillon de l'Aryen sublime".

Rien de bien beau en tout ça ! Il a raison de les condamner: des messianismes qui sont des idéologies. Mais ce n'est pas une raison pour rejeter le messianisme judéo-chrétien, c'est-à-dire le biblique; même si il a été mal compris, par certains juifs, et par d'autres. L'attente du Messie est à un tout autre niveau.

D'ailleurs, il se rattrape un peu plus loin:
" Que le passé soit mystérieux, et la fin possible, les religions le disaient. Mais leur monde meilleur n'était pas ici-bas. Leur messianisme était céleste".

C'est bien ça aussi que voulait dire le petit poème que j'ai cité dans mon texte d'hier: La cime qui émerge, le jour indicible, l'aube éternelle, le jour qui s'avance... notre espérance !

vendredi 18 août 2006

Un autre jour que l'on devine

Suite au précédent message, voici un court poème. Il illustre une percée discrète du "Tout Autre" sur notre route quotidienne. Il fait partie du livre de prières: "Liturgie des heures", au mercredi de la semaine II, à la prière du matin.

Tel un brouillard qui se déchire
Et laisse émerger une cime,
Ce jour nous découvre, indicible,
Un autre jour que l'on devine.

Tout rayonnant d'une promesse,
Déjà ce matin nous entraîne,
Figure de l'aube éternelle,
Sur notre route quotidienne.

Vienne l'Esprit pour nous apprendre
À voir dans ce jour qui s'avance,
L'espace où mûrit notre attente
Du jour de Dieu, notre espérance.

Une "Cime qui émerge", un "jour que l'on devine", voilà la Réalité qui "dans l'espace où murit notre attente", vient au secours de nos détresses.

"L'homme peut découvrir en lui cette Réalité qui, s'il se laisse pénétrer, le libère de la crainte de la mort, lui fait accepter ce qui est insupportable à sa raison... Il pressent là quelque chose... qu'il peut appeler la présence du souffle de l'esprit divin en lui"
(K.G. Durckheim)

jeudi 17 août 2006

Tout Autre

Autre que ? Autre que ce que je connais et dont j'ai quotidiennement l'expérience. J'ai déjà parlé du "monde d'en-haut" et du "monde d'en-bas". Distinction peut-être simpliste, mais elle me plaît par sa simplicité même. Oui, nous connaissons bien ce monde d'en-bas, perceptible par nos sens. Il nous est familier. Tandis que l'autre, celui d'en-haut, est "Tout Autre". Il n'est pas matériel, il est spirituel. N'analysons pas trop ces mots; tout le monde sait de quoi il s'agit.

Le monde mystérieux d'en-haut est ontologique; il n'a pas d'objets séparés sur lesquels on se cogne, car il n'a pas d'adversités, mais il est parfaite unité, englobant une diversité innombrable de personnes, c'est-à-dire d'êtres en relation. Mon père et ma mère, mes amis, nos ancêtres, tout ceux qui nous ont précédé, en font partie. Les traditions spirituelles qui ont ce culte des ancêtres ont conscience de cette merveilleuse beauté de personnes en relation de connaissance et d'amour. Elles sont innombrables (incomptabilisables) parce qu'en unité générique.

Puisqu'il est "tout Autre", je comprends de ne pas le comprendre, et je trouve cela normal. Mais de ce "monde d'en-haut", j'en garde la capacité de relation. Ce qui est déjà beaucoup puisqu'il est fait de présences personnelles et relationnelles. Donc il ne m'est pas étranger, bien que "Tout Autre".

Il ne m'est pas tout à fait étranger non plus, par sa capacité de me rejoindre ici-bas. Bien que "Tout Autre" il me fais signe à partir de certaines choses de ce monde qui me font comme des clins d'oeil. La beauté des choses d'en-bas m'élève vers celle d'en-haut.

K.G. Durckheim, si je me souviens bien, nous parle de quatre grands domaines, à partir desquels, par analogie, je peux faire l'expérience du "Tout Autre". Il s'agit: 1. de la grande nature; 2. de l'art; 3. des grandes traditions religieuses, par la prière, la liturgie; 4. de l'amour humain.

D'après lui, nous avons tous été touchés, un jour ou l'autre, surtout durant notre enfance, par ces rayons lumineux qui, souvent en de courts instants, viennent d'en-haut, comme d'ailleurs. Puis, nous les reléguons dans les oubliettes. Pour Durckheim, sa thérapie consiste à se remémorer ces instants privilégiés, à les réactiver pour les rendre de nouveau lumineux. Ils sont à la fois comme étrangers à ce monde, mais en même temps, ressentis en ce monde, comme provenant de la vraie patrie.


mardi 15 août 2006

Sortir de ce monde de l'histoire

Je vois deux sorties possibles. L'une, consiste à faire une incursion dans le "monde d'en-haut", sans quitter celui-ci. L'autre, à en sortir définitivement, parce que "notre heure" est venue de passer de ce monde à l'autre.

Au sujet de la première, je n'entrerai pas dans la considération des états mystiques, dits extraordinaires, mais j'aimerais parler des moyens de s'élever provisoirement vers cette autre réalité qu'est le monde d'en-haut, tout en gardant bien les pieds dans ce monde-ci. J'ai un grand respect et une haute estime des états mystiques où les personnes qui en sont favorisées en sortent transformées et instruites par une science nouvelle, infuse, et difficilement transmissible. Mais comme ce n'est pas la majorité d'entre nous qui en faisons l'expérience, y aurait-il d'autres moyens de s'élever de ce monde-ci à l'autre ?

Au sujet de la seconde, je peux dire avec évidence que, de ce monde, nous sortirons tous. Quant à entrer dans l'autre, je n'en sais rien ! Y en aurait-il un troisième ? Certains croient au retour à un néant possible, et ne s'en trouvent pas si mal ! "Nous n'étions pas malheureux avant de naître, disent-ils, pourquoi le serions-nous dans un néant final et éternel ?". Pas si mal comme raisonnement, mais je n'envie pas leur foi. Pas du tout ! Quoique je reconnais qu'il y a une certaine noblesse à ne pas vivre ici-bas pour une récompense "céleste", et à faire les choses parce qu'elles sont à faire, sans rien en attendre. Suprême détachement ? D'une certaine façon, oui ! J'aimerais même l'atteindre, car aimer la Vie dans toute sa plénitude implique cela: ne plus se préoccuper de "son salut" , mais accomplir au jour le jour ce qu'on a à faire, dans une confiance totale en la grande Vie, comme un enfant dans les bras de sa mère. Il ne se pose pas de questions, sûr que, puisqu'il se sent aimé, tout se passera bien. Peut-être est-ce cela qu'on appelle l'enfance spirituelle ? Mais, quand même, l'évangile, en lequel je crois, me dit qu'il y a quelque chose à espérer, à attendre. Entrer dans le monde d'en-haut, beaucoup l'attendent, c'est-à-dire l'espérent. Et c'est sans doute très bien de l'espérer. C'est même une vertu dite "théologale", orientée vers Dieu, plus qu'une résignation: on verra bien ! C'est un dynamisme, un ressort qui change notre façon de vivre et nous donne d'être heureux.

Mais d'abord, tant que nous vivons en ce monde, une incursion dans le monde d'en-haut, qu'est-ce à dire ? Je trouve un exemple dans la tradition japonnaise. Le Japon est un pays sans religion, mais non sans piété. Louis Pauwels raconte: "À Kyoto, une usine d'électronique. Des ouvriers sur une chaîne de montage... travaillant à la maîtrise de soi-même en vissant des transistors. Hommes doubles: appliqués et ailleurs. Faisant ce qu'ils ont à faire et tout occupés d'autre chose: cultiver la faculté d'être au-delà... ".
Ils ont comme un double ancrage, ici et, en même temps, en-haut.
"Prier sans cesse" dira Saint Paul. Voilà ce qui nous rattache et nous transporte dans le monde d'en-haut. À chacun de trouver et comprendre ce que veut prier veut dire. En priant, on n' est jamais seul.

Je reviens à l'autre sortie de ce monde, la définitive. Il n'y a pas grand-chose à en dire. Nous l'attendons. Heureux sommes-nous si nous y pensons et la désirons. Nous avons reçu du Créateur cet instinct qui nous accroche à ce monde de l'histoire. Bien normal de dire: "je ne suis pas pressé d'en sortir ! " Quoique la souffrance parfois, ou la drogue, fasse commettre l'acte fatal, irréparable.
Si nous sommes tant liés à ce monde, c'est peut-être parce que, d'une certaine manière, il fait partie de notre éternité. Nous devons le retrouver. Le retrouver, mais transformé en monde "ontologique", non matériel, fait de relations, de présences. Retrouver aussi notre corps, non "de chair et de sang" comme le dit, à sa manière l'Écriture, mais un corps "spirituel". La foi chrétienne est ferme là-dessus: Nous devons ressusciter à la suite du Christ.

Quelqu'un, une Femme, a déjà fait cette Assomption, pour s'élever en dehors de ce monde, à la suite du Christ. Elle l'a fait, pour nous qui comptons encore avec des chiffres, il y a 2000 ans. Il s'agit de la Mère du Christ, Marie de Nazareth. Elle est aussi Marie, Mère de Dieu, parce qu'elle a enfanté celui qui l'a créée, au grand étonnement de la nature; "natura mirante", dit l'hymne latine. Le 15 août, aujourd'hui, nous le rappelle. "J'irai la voir un jour" chante le cantique de nos ancêtres. C'est quand même mieux que le néant !

dimanche 13 août 2006

Ce monde de l'histoire

Nous le connaissons bien, c'est le nôtre. Pour ma part, voici déjà 75 ans que je l'habite. Je sais que je le quitterai un jour. quand ? Peu importe. Je dois adopter le point de vue de Dieu. Pour lui, "un an, c'est comme mille ans". C'est à dire que le monde de Dieu est en dehors du temps, comme de l'espace. Il n'y a pas de nombre en Dieu. En lui, tout est un; il n'y a pas Dieu d'un côté, et le monde qu'il a créé de l'autre. Le monde est en lui, et il n'a pas de concurrents. Des opposants ? Nous, peut-être ses créatures !

Cette unité du monde d'en-haut est incontestable. Certains théologiens l'appellent unité générique, par opposition à l'unité de notre monde, dite numérique où les choses et les événements se prêtent aux opérations arithmétiques. Mais, pour les théologiens comme pour nous, l'unité générique est inconcevable; elle relève du Mystère. Si, relativement à ce monde d'en-haut, je refuse le Mystère, je dois alors me tourner seulement vers ce monde de l'histoire, là où règne la pluralité, la comptabilité, la loi des contraires, la non-gratuité, et bien d'autres choses difficiles à comprendre et à gérer.

J'ose me lancer ici sur un terrain qui n'est pas facile. Mon but n'est pas d'abord d'informer un lecteur éventuel, mais de m'instruire moi-même en mettant par écrit les idées qui expriment mes pas successifs "vers la vérité", puisque c'est le titre de ce blogue.

Voici, quelques affirmations de Frédéric Marlière (1) ma source:
- Le monde de l'histoire est un paradoxe, tant pour le croyant que pour l'incroyant.
- La précarité de ce monde, et le mal qui l'investit lui enlève-t-il toute prétention à une origine divine... ?
- Sartre concluait, avec d'autres philosophes, que ce monde, tel qu'il nous apparaît, est absurde; à ce point, disait Nietzche, qu'il ne devrait pas être. Ont-ils raison ?
- Ce monde tel qu'il est sous nos yeux a d'incontestables qualités que lui reconnaît la liturgie chrétienne: "Le ciel et la terre chante la gloire de Dieu". En dépit de son absurdité, ce monde regorge de merveilles éblouissantes. Les incroyants aussi confessent ces merveilles.
- Nous avons un pouvoir extraordinaire: celui de percevoir ce monde par nos sens éveillés.

(1) Cf. Frédéric Marlière, "Et leurs yeux s'ouvrirent"; "Et ils virent qu'ils étaient nus"; "Qui t'a appris que tu étais nu ?"; "Le secret de nos origines" Chez Anne Sigier

lundi 7 août 2006

L' Être essentiel

Graf Durckheim, dans le texte précédent, nous parle de "Être essentiel". Qu'est-ce que c'est ?
Ce qu'il transmet, il le fait avec un vocabulaire nouveau qui n'est pas celui du théologien. Vocabulaire peut-être plus accessible, moins religieux, où l'on ne retrouve pas les termes de la piété qui n'accrochent plus aujourd'hui. Même le mot Dieu, il ne l'utilisera pas ou peu. Chez Durckheim, il deviendra "l'Être". Il parlera de "l'Être essentiel". Il sera ainsi facilement distingué de l'être contingent, c'est-à-dire celui des choses créées, qui passent avec le temps. La conscience que l'on a de notre "Être essentiel", c'est le fameux fil d'or qu'il ne faut pas couper

Cependant, chez lui cette réalité mystique ne se situe pas seulement au niveau de "l'âme", mais elle investit aussi le corps. D'où l'importance qu'il donnera aux exercices corporels, la posture, "l'assise" silencieuse dans la méditation, etc.

L'exercice pratique prendra chez lui une grande place car, dit-il, "on a facilement tendance à penser que l'expérience d'un moment de lumière est une possession définitive qui suffit à faire de nous un autre homme. Pourtant, lorsqu'elle n'est pas ranimée par un exercice persévérant, même une expérience qui nous a atteint au plus profond de nous-même... risque de s'enliser parmi les souvenirs sentimentaux". Voilà donc un homme, un Maître, que je ne peux que conseiller de lire et d'assimiler, car ce n'est pas un théoricien, mais un spirituel pratique.

Une bonne introduction à K.G Durckheim serait de lire: "Le Hara, Centre vital de l'homme" traduit en français de l'allemand, et publié dans le "Courrier du livre" en 1974. Ensuite, "La quotidien comme exercice"; "les étapes de la maturité"; "La percée de l'Être"; et les autres.

samedi 5 août 2006

Thérapie

Avant-hier soir, à Trois-Rivières, il y avait une conférence donnée par Sri Ravi Shankar, un leader spirituel qui a déjà été mis en nomination pour un prix Nobel de la paix. Je m'étais proposé d'aller l'écouter mais mon projet n'a pu se réalisr. Ce matin, je peux lire sur notre journal "Le Nouvelliste", qu'une centaine de personnes étaient présentes. Pour une petite ville comme la nôtre, ce n'est pas si mal !

Sri Shankar veut proposer des solutions aux problèmes de stress causés par un mode de vie accéléré comme c'est le cas au Québec. Il propose des techniques de respiration, le yoga, la méditation et un mode de vie sain. Les gens trouvent que "ça apporte beaucoup de calme et, en dédramatisant certains événements, ça enlève le stress". Objectifs tout à fait louables. La conférence est organisée par la fondation "l'Art de vivre". Cet organisme est présent dans 140 pays et se trouve, pour le Québec, à Saint Mathieu-du-Parc, tout près de Trois-Rivières.

Ce que j'aurais à redire au sujet de cette thérapie (d'après le compte-rendu du journal !) concerne un non-dit important: la dimension spirituelle. On n'aime pas la mettre en avant. Elle fait pourtant partie intégrante de notre être. Sans sa dimension spirituelle, l'être humain est tronqué, incomplet. Probablement que, dans la pensée de Sri Shankar, cette dimension spirituelle ne fait pas défaut. Mais les personnes qui viennent l'écouter pensent peut-être que ces techniques suffisent. C'est là le malheur, car jamais une technique, même efficace pour nous redonner la santé, ne peut remplacer la dimension spirituelle.

Puisque précédemment, j'ai présenté K.G. Durckheim, comme le sage européen de la Forêt Noire, je voudrais dire ici ce qu'il propose comme complément nécessaire aux techniques de relaxation et autres. Il dira, je cite de mémoire, que l'être humain "ne doit pas couper le fil d'or qui le relie à son être essentiel".

Evidemment, c'est plus poètique que scientifique ! Qu'est-ce que cela veut dire ? Eh bien, dans une thérapie, la guérison ne sera réelle que si le sujet a vraiment retrouvé le chemin de son être essentiel, qui est la manière dont l'Être surnaturel est présent en lui et tend à prendre forme en ce monde. La personne est alors, dit-il, "transparente à son être essentiel". Alors il a trouvé un sens à sa vie, une source de transformation, de guérison psychique et spirituelle, même au sein des souffrances inévitables de cette vie.

mardi 1 août 2006

Au-delà de l'absurde

Insensé, folie, tout ce qui se passe ces jours-ci au Proche-Orient ! On détruit, on tue, on blesse, on soigne, on évacue, on recommence. On espère faire un "nettoyage" et enfin avoir la paix.
Pourquoi encore aujourd'hui, on choisit la guerre pour avoir la paix ? N'est-ce pas cela l'absurde ?

J'ai déjà parlé précédemment de cet homme extraordinaire qu'est Karlfried Graf Durckheim, le sage de la Forêt Noire. Né en 1896, professeur de psychologie, chargé de mission au Japon de 1937 à 1948, il a dirigé le Centre de formation et de rencontre de psychologie essentielle, à todtmoos, en Forêt Noire. Il est l'auteur d'une vingtaine de livres, dont certains sont des classiques (1) À travers ces longues années d'ardente recherche et de travail sur lui-même, beaucoup furent éclairés à son contact.

Mort en 1988, à 92 ans, il a été combattant contre la France, dans les rangs allemands, durant la première guerre mondiale. Confronté à la mort chaque jour, il a vécu ces situations absurdes qui lui ont fait expérimenter un dépassement des limites de notre vie ordinaire, c'est-à-dire la présence d'une autre dimension, au-delà de non-sens.

je crois avoir déjà cité un de ses aphorismes sur l'absurde. Je veux le répéter ici. À chacun d'essayer de le comprendre.
"L'homme reçoit la lumière du sens quand il ne comprend plus rien avec sa tête... Si, dans les ténèbres de la non-connaissance, perdu dans le non-sens et déchiré par des situations absurdes ou le ridicule de son existence, il est capable d'accepter l'inacceptable, alors il peut faire l'expérience d'une autre Vie; et, de l'acceptation des ténèbres, au-delà du sens et du non-sens, jaillit la Lumière."

(1) K.G. Durckheim, "Hara, centre vital de l'homme"; "Pratique de la vie intérieure"; (Courrier du livre)