samedi 27 janvier 2007

Condamnation, peine de mort

Quand on a été victime d'un acte criminel, on peut souvent ressentir une satisfaction de voir les auteurs de tels actes punis par la loi. Je peux facilement les comprendre; d'autant plus que ça me donne un peu le sentiment d'être vertueux en condamnant les criminels. Mais, en essayant de dépasser ces sentiments naturels, ne peut-on pas faire la distinction entre l'acte criminel condamnable, et celui qui l'a commis ? Subtilité ? Je ne pense pas. Il y a une façon différente de voir: "Là où nous voyons des fautes à condamner, Dieu voit des détresses à secourir", écrivait Gustave Thibon.

Je me souviens d'un reportage, il y a déjà quelques années, au sujet d'un fils qui n'éprouvait pas de haine envers l'assassin de son père. Il disait lui avoir pardonné; même il avait planifié longuement une rencontre de réconciliation avec lui. Dans l'opinion, l'accord n'était pas unanime sur cette attitude de clémence; elle était plutôt perçue comme une inconséquence, et une ingratitude envers son père. Je ne me souviens plus des résultats de la rencontre, mais de tels scénarios, en d'autres circonstances, se sont renouvelés depuis.

Lorsque Saddam Hussein a été pendu, ses bourreaux lui auraient souhaité, peu avant l'exécution "une éternité en enfer" ! Je comprends là aussi que ceux qui ont subi les sévices atroces du dictateur impitoyable aient naturellement de tels sentiments. Ferais-je mieux ? Je ne sais, mais je souhaiterais en être capable, car je vois qu'il y aurait un bémol à ajouter à ces élans de vengeance, sans faire le moindre compromis avec la haine et la tuerie. J'ai déjà évoqué, à ce moment là, l'enfance de Saddam. (1)

Les tribunaux condamnent les actes criminels. Quant à leurs auteurs, tout en les empêchant de renouveler leur crime, ne pouvons-nous pas les regarder comme des "détresses à secourir", comme le disait si bien Gustave Thibon ? Qu'aurais-je fait si j'avais eu leur enfance, leur éducation ? Une chose m'apparaît certaine: si ces criminels assument les souffrances dues à leurs actes, ils peuvent vraiment se transformer. La peine de mort n'est pas la meilleure solution. La plupart des pays l'on compris. Malheureusement, pas tous !

Pourquoi s'efforcer d'avoir un regard différent sur les "méchants" ? Nous pouvons trouver une réponse dans l'évangile: "Aimez vos ennemis ! " Ce qui veut dire: efforcez-vous de leur vouloir du bien, croyez qu'il y a en eux une capacité de transformation. Car, dit le Christ, mon Père qui est dans les Cieux, aime sans distinction; il fait pleuvoir et briller son soleil sur les justes et les injustes, les bons et les méchants !

Revêtir ces sentiments est un acte de confiance en Dieu. Il est en chacun, croyant ou non, une cause efficiente de transformation. C'est aussi la condition d'un amour universel et la solution proposée au monde pour résoudre nos problèmes de haine et de guerre. Nos efforts de dialogues, de négociations sont louables, mais les effets sont éphémères. Y a-t-il des solutions temporelles aux problèmes du mal dans le monde ? Certainement pas par la guerre, le mépris ou la peine de mort !

(1) Cf. Texte du 30 décembre 06: "Ne t'indigne pas !" Point 2

lundi 22 janvier 2007

Ignorants comme un foetus !

La vie ici-bas me paraît tourner autour de notre destinée finale. Mais, c'est pour moi un sujet d'étonnement que de constater l'état d'ignorance dans lequel nous sommes tous confrontés, relativement à l'après-vie. Pas drôle, nous qui sommes habitués aux prévisions de toutes sortes, et qui aimons savoir où nous allons mettre les pieds. Six milliards et demi de personnes qui, aujourd'hui ne savent pas ce qui les attend quand elles quitteront ce monde !

Cette ignorance naturelle, est un peu comme celle du foetus. Dans le sein de sa mère, il ne sait rien de ce qui l'attend après sa naissance. C'est l'entrée dans l'inconnu. Bien sûr, le foetus n'a pas encore les instruments mentaux qui lui permettent de se poser des questions et de s'inquiéter. Ce n'est pas notre cas ! D'où ce désir de savoir, qui peut aussi devenir une angoisse. Pourquoi cette espèce d'étanchéité entre les deux mondes ? On aimerait tellement savoir !

Mais, est-ce si étanche que cela ? N'y aurait-il pas un rayon de lumière qui viendrait d'en-haut ? "La foi est une lumière de surcroît. Par elle, on risque de voir plus clair, plus loin. Elle élargit notre champ de vision". (Benoît Lacroix)

La foi nous permet de sortir un peu de notre exil et d'avoir déjà un pied dans notre demeure définitive. Là où tant de personnes nous attendent: parents proches, gens connus, ancêtres dont nous sommes issus, etc. Et aujourd'hui, un illustre personnage vient de s'ajouter à la liste d'en haut: ce matin mourait l'abbé Pierre, défenseur des sans-abri !

jeudi 18 janvier 2007

Le fil d'or !

"Fil d'or"... J'aime bien cette expression. Elle vient d'un sage (1) qui veut montrer le lien précieux qui rattache la création à son Créateur. Il y a une réalité mystérieuse, éternelle, au-delà du monde sensible, accessible par la foi seulement, mais inaccessible directement par nos sens.

Ce qu'on appelle le cosmos, avec tout son contenu, et les êtres humains, tout cela est beau et bon. Cependant les choses créées ne sont pas une réalité autonome en elle-même. De plus, avec le temps, elles se dégradent, leur beauté disparaît, fait place à la vieillesse. Et même dans toute leur splendeur, elles ne peuvent pas nous satisfaire pleinement. C'est que le coeur humain a besoin d'absolu. Pour nous élever vers cet Absolu, les créatures de ce monde peuvent nous aider, car elles ne sont pas coupées de leur Source. D'où l'importance du "fils d'or". Il nous aide à remonter à la Source. Privilège de ceux et celles qui savent contempler les beautés de la nature !
J'ai été à la fois amusé et attristé, en voyant un livret intitulé: "Mon auto, mon amour !" Sur la photo de couverture, le propriétaire de l'auto, dans un élan "amoureux", caresse sa voiture, en appuyant sa joue sur la carrosserie. Mais, bien vite l'auto rouille, tombe en panne, puis devient un tas de ferraille. On la remplace par une autre; et ça recommence ! si la beauté des créatures disparaît, la Beauté, elle, demeure. Et le fil d'or nous aide à La rejoindre.

Aimons toutes les créatures de ce monde, et les objets fabriqués par la main de l'homme. Tout cela est aimable. Mais, ne coupons pas le fil d'or !

(1) K.G. Durckheim. cf. texte du 1 août: "Au-delà de l'absurde"

mardi 9 janvier 2007

Un monde d'objets

Tenez-vous bien, vous qui, comme moi, n'êtes peut-être pas des initiés à la physique moderne ! Oui, l'objet qui est là, devant moi, l'arbre par exemple, j'avais toujours pensé qu'il existait avant que mes sens le perçoivent; autrement dit, je pensais qu'il était antérieur à mes sens. Eh bien, non ! Ce n'est pas ça du tout, paraît-il ! La science moderne nous dit le contraire.

Si vous êtes familiers avec la physique quantique, je ne vous apprends rien. Je reviens à mon arbre. Je ne le connais pas parce qu'il est là, présent devant moi. Mais il est plutôt là, visible, palpable, parce que je le rends présent. Si je ne le connaissais pas, il n'existerait pas comme objet. Ce qui ne veut pas dire que l'arbre est une création de mon esprit. Mais mon esprit l'objective; il ne le crée pas. Il en fait quelque chose de sensible, un objet. Je ne prétends pas comprendre le "comment" mais, ce que je crois saisir, c'est que l'objet sensible, visible, a une réalité immatérielle dans un autre monde, qui est le monde ontologique, celui de l'Être, (des "essences" disent les philosophes). Platon dirait peut-être: "des idées !"

Ce qui voudrait dire que, en dépit de ce que nous pensons communément, que notre cosmos, celui qui se présente devant nos yeux, (et aussi sans doute devant nos téléscopes sophistiqués), n'est pas la vraie chose. Il est même sans fondement, comme évanescent par nature. Il est apparu avec l'homme, ne le précède pas. Faut-il affirmer, avec nos amis orientaux, que notre monde visible n'est qu'illusion ? Pourtant, ce fameux arbre, quand je rentre dedans, à 100 km. à l'heure, avec ma voiture, il n'est pourtant pas illusoire; il laisse des marques ! Ce que ne ferait pas un mirage ! Essayons d'aller plus loin.

Notre univers connu par nos sens (ou par les instruments qui les prolongent), est un univers de temps, d'espace et de matière. Par en dessous, il y a une réalité plus profonde, non physique, que la science n'arrive pas à appréhender. Ce "Quelque chose" de voilé (qui mérite une majuscule) ressemblerait à la "Création originelle", insaisissable.

Notre monde d'objets donc, représenterait le voile qui occulte cette réalité. Je parle au conditionnel, comme si je n'étais pas très sûr ! C'est que je ne peux pas l'affirmer comme le ferait le savant qui a fait la démarche le conduisant à sa certitude. Moi, qui prends des raccourcis, je saisis ses conclusions et, tant bien que mal, j'essaie de les comprendre et de les appliquer à la spiritualité, remonter à la réalité intemporelle cachée. Nous percevons par nos sens les objets. Il nous apparaissent comme la seule réalité. Certains philosophes (non physiciens sans doute !) ne veulent rien savoir d'autre. Mais, ces objets, ce sont eux qui nous voilent la Réalité invisible, la vraie chose ! Ils sont le voile que nous percevons, l'enveloppe de l'essentiel caché derrière, et qui nous échappe.

Bizarre, cette révélation scientifique, pour notre façon habituelle de voir, de juger, et tenue pour indiscutable ! Et pourtant la science (il faut bien lui faire un peu confiance !) la confirme. Les savants (les vrais !), disent même, qu'au delà d'un certain stade, le temps et l'espace sont anéantis (1). Je trouve cela très intéressant, et j'y adhére facilement parce que ça rejoint la foi. Du moins si on accepte qu'il reste quelque chose après cet anéantissement. Mais que reste-il, au juste ? S'il ne reste rien, c'est la négation de tout absolu, le nihilisme ! La science et la foi n'ont pas toujuours été de bonnes amies. Une théologie ouverte à la science ne peut qu'aider à la réconciliation. Ce qui est peut-être en train de se faire !

Selon Frédéric Marlière (2), on peut dire que ce monde dans lequel nous vivons, n'est pas celui de Dieu (3). Il est devenu tel, à cause du mauvais choix de l'homme en Eden (péché originel). La création originelle, celle que Dieu veut, est un monde d'unité parfaite, dans lequel il n'y a pas d'objets matériels, ni de temps, ni d'espace. Il n'y a donc pas de perception sensorielle, ni de connaissance discursive (qui est la nôtre, par le raisonnement). Toute connaissance est directe, intuitive, sans passer par les sens (qui n'existent pas !). Cela peut sembler réducteur, mais au contraire: quel progrès ! Il s'agit d'un monde de pures relations entre les êtres, les personnes, sans objets concrets comptabilisables. Il y a bien une pluralité, bien sûr, mais dans une unité (que F. Marlière appelle "générique") et qui ne fait pas nombre.

Dans ce monde originel (tel que Dieu le veut), après notre mort biologique, nous y serons. Ici-bas, nous en sommes exilés. Notre vraie patrie est ailleurs. Peut-on dire vraiment que nous y "retournons" ? D'une certaine façon, oui ! Nous venons d'un "Eden" qui, même s'il est représenté symboliquement, dans la Genèse, comme un paradis très concret, sensuel, avec des fruits à cueillir, était en réalité ce monde intemporel (pense F. Marlière), purement ontologique, où tout se passait dans un "instant éternel".

Dans ce monde d'objets, tout n'y est pas négatif, loin de là. Il garde sa beauté à partir de laquelle on peut s'élever à la beauté divine incréée. Mais, si la beauté du monde divin est éternelle, celle de notre monde d'objets passe. Car, dans ce monde "objectivé", à cause de l'introduction du temps, vient aussi la vieillesse, la souffrance et la finitude. Et voilà la mort ! Nous sommes des êtres mortels. Mais "Dieu n'a pas fait la mort" dit l'Écriture. Le Christ nous est montré comme Celui qui est venu vaincre la mort. Par sa propre mort, il nous réintroduit dans son Royaume d'éternité où nous redevenons "à son image et à sa ressemblance".

Frédéric Marlière nous explique pourquoi nous avons la "conviction naturelle et invincible que nous arrivons dans un cosmos qui nous a précédé, et que nous y percevons des objets qui s'offrent du dehors à nos sens éveillés". Et qui plus est, dira-t-il, "nous gardons aussi la conviction que ce monde d'objets nous livre réellement la création originelle". Nous pensons, en effet, que nous sommes dans le monde de Dieu. "Voilà bien l'erreur fondamentale, poursuit-il, qu'il nous faudra bien corriger si nous voulons savoir vraiment d'où nous sommes et où nous allons" (4) . Il me semble qu'il est dans la bonne voie !

(1) Christian Magnan, "Et Newton croqua la pomme" p. 205 et 206. (Cité par F. Marlière)
(2) Cf. Texte de ce blogue du 13 août 06: Ce monde de l'histoire.
(3) Cf. Texte de ce blogue du 8 octobre 06: Dieu le veut !
(4) Frédéric Marlière; dans "Qui t'a appris que tu étais nu ?" (Anne Sigier) p. 46

jeudi 4 janvier 2007

Paradoxe 2007 !

Comment se fait-il que la terre sainte, au Moyen Orient, lieu où le Christ est né, à vécu et a proclamé la Paix et l'Amour, comment se fait-il donc que ce lieu soit continuellement embrasé par la guerre et la haine ?

Serait-ce un hasard, si ces deux extrêmes, amour et haine, se retrouvent là, ensemble, comme condensés dans ce même lieu, plus qu'ailleurs ? Ou bien, serait-ce un lieu de rencontre privilégié, où ces deux forces adverses doivent s'affronter ? Nous voici en train de parler de l'amour en termes de combat entre le bien et le mal, l'Amour et la haine, le Christ "Prince de la Paix" contre son Adversaire, celui qu'il a appelé le "Prince de ce monde". Pourtant, il semble bien que ce soit le cas !

Cette adversité se retrouve partout, mais plus évidente, plus virulente et plus constante en ce lieu saint. La victoire finale de l'Amour sur la haine est spirituellement certaine. Même, potentiellement, elle est déjà réalisée; mais non encore manifestée ! La lutte n'est pas qu'extérieure. On la retrouve, universellement en chacun de nous. Et là, chaque victoire de l'amour sur la haine a des répercutions bénéfiques universelles.

Il ne faudrait pas juger du résultat final, d'après l'apparent succès du mal. Dans la passion du Christ, qui était aussi une lutte, tout le menait vers sa défaite; On l'a vu vaincu, mort sur la croix, abandonné des siens. Le beau rêve était terminé ! C'était pourtant le commencement de sa victoire. Trois jours plus tard, il s'est manifesté, réssuscité, à ses disciples. D'abord non reconnu par eux, puis reconnu par ses plaies sur son corps transformé, déjà discrètement glorieux. Les siens n'étaient pas encore préparés, ni capables de le voir dans toute sa gloire.

Nous aussi, dans notre vie, il y a des victoires sous des apparences de défaites.
Pour 2007, je souhaite à celui ou celle qui lirait ce message, et aux six milliards et demi (1) qui ne le liront pas, de tels joyeux paradoxes !

(1) D'après Google, nous serions aujourd'hui, 4 janvier 2007:
6 585 556 255 habitants sur la planette terre !