dimanche 27 juillet 2008

Contemplation

"Nous ne naissons pas pour regarder les choses créées, mais pour contempler le Créateur des choses" écrit Lactance, écrivain des premiers siècles.

Les choses, on les regarde. Le Créateur, on le contemple. Du regard interrogateur sur les choses, s'élever à la contemplation de leur source. Elles acquièrent un titre de noblesse de par leur origine.

Ignorer leur source, c'est les voir partiellement, tronquées de leur dimension essentielle. Leur beauté peut bien nous séduire, leurs autres qualités peuvent nous être fort utiles mais, ainsi isolées de ce qui les fonde, elles deviennent muettes et sans message. Alors, plus de poètes, plus de contemplatifs ! Ce n'est pas pour les regarder que nous naissons, mais pour contempler leur origine. Ainsi de tous les êtres, et de chacune des créatures que nous sommes.

Il y a là, une foi de base, bien ancrée dans le terroir. Base solide pour unir ceux et celles qui la partage. Conscients d'un même Créateur, d'un même Père: se sentir frères et soeurs ! Foi ouverte à d'autres richesses qui viendront s'y ajouter secrètement. Bonheur de ne pas se sentir une île !

dimanche 20 juillet 2008

Changer le monde ?

On va transformer le monde ! dit-on quelquefois en boutade. Façon ironique d'exprimer qu'on est conscient de l'efficacité très limitée de nos efforts pour un mieux.

J'ai entendu une parole de sagesse: " Ce n'est pas ce que nous accomplissons qui change le monde, mais ce que nous devenons nous-mêmes". Il s'agit ici de "devenir ce que l'on est" Tout comme la graine de fleur dirait: "Je suis fleur, mais je dois réaliser ma potentialité". Tout est déjà là, ne mettons pas d'entraves à ce devenir.

Il y a cependant, dans ce processus, une différence entre la fleur et nous: La graine devient automatiquement et parfaitement telle fleur, si les conditions d'accomplissement lui sont données (terre, humidité, lumière, chaleur, etc. ). Ce n'est pas notre cas. Nous qui sommes tellement plus doués que la fleur, nous pouvons, à cause de ce supplément d'être, rater notre devenir. À qui la faute ? Allons-nous reprocher à notre créateur de n'avoir pas fait de nous des robots ? Physiquement, les transformations de l'enfant à l'adulte se feront d'elles-mêmes. Spirituellement, non. Nous avons à collaborer à l'oeuvre créatrice.

Bien comprise, cette parole de sagesse, prend tout son sens. Car ce n'est pas seulement moi qui change le monde, mais il se change avec moi. Peut-être à mon insu.
"Si le Seigneur ne bâtit la maison, les bâtisseurs travaillent en vain;
Si le Seigneur ne garde la ville, c'est en vain que veillent les gardes." Ps. 126 (127)

Et si nous devenions, tous les humains ensemble, chacun ce que nous sommes ? Utopie ? Oui, car ce monde temporel ne trouvera probablement pas sa perfection définitive ici bas, au cours du déroulement de l'histoire bien conduite, comme l'ont déjà affirmé certaines idéologies. Mais quelle belle utopie ! Elle n'est pas dépourvue de sens; elle nous oriente dans la bonne direction. Nous n'avons pas à chercher d'abord à changer ou influencer les autres, (ce qui n'en exclut pas le désir) mais à nous ouvrir aux valeurs spirituelles. Ce sont elles qui nous transforment. Et la principale est l'amour. L'évangile est une des sources où puiser. "Cherchez les choses d'en haut" dit St. Paul. Et bien d'autres, avant ou après lui, vont dans ce sens.

dimanche 13 juillet 2008

Pollution intérieure

Recevant de "Natura Vox" (1) des informations sur la pollution intérieure, j'ai d'abord pensé que Natura Vox parlait d'intériorité, de ce qui peut polluer les profondeurs de notre être. Après avoir pris connaissance du document, j'ai reconnu ma méprise: "Saviez-vous que 1/3 des logements français souffre de sur-pollution ? Matériaux d'isolation, bois, moquettes, teintures, produits ménagers ... les polluants se retrouvent dans quantité d'endroits, etc." Cela ne manque pas d'intérêt et il est bon d'y porter remède.

Mais je reviens à ma pensée: y a-t-il, spirituellement parlant, une pollution intérieure ? Oui, sans doute. Et nous en souffrons plus ou moins, selon nos dispositions à nous laisser contaminer par elle. Elle peut d'ailleurs être de source extérieure, et avoir une influence négative sur notre intérieur.

Par exemple, la publicité. On ne tombe pas nécessairement dans ses pièges, mais elle est subtile par son appât, souvent mensonger. Je me souviens qu'en avril dernier, une jeune québécoise de la région de Trois-Rivières (Shawinigan), ayant été déjà victime des influences néfastes de la mode, a eu le courage d'aller jusqu'au parlement de Québec, pour dénoncer un certain type de publicité: une femme, pour être belle et moderne, doit être maigre comme un clou, se soumettre à un régime alimentaire suicidaire, porter des vêtements ridicules, etc. jusqu'à ne plus être elle-même, mais façonnée par d'autres. Devant les membres du parlement cette adolescente a réussi à faire avancer sa cause. Elle fut applaudie par les députés de tous les partis. À partir de ces petites choses, mais pas si petites que ça, on se libère de plus grandes. Il y a de nombreuses autres sources extérieures de pollutions intérieures. Pensons à tant de films ! Il suffirait pourtant d'appuyer sur un bouton pour s'en débarrasser.

Peut-il y avoir aussi des pollutions qui aient leur source à l'intérieur de nous ? Dans nos profondeurs, un "quelque part" difficile à cerner, et dont nous sommes souvent inconscients ? Il ne s'agit pas nécessairement d'influences pathologiques qui nous empêcheraient de fonctionner normalement en société. Mais l'intervention de quelqu'un d'averti pourrait nous aider à les déceler.

Qu'est-ce qui fait, par exemple, que nous sommes souvent dépendant, dans nos actions, du regard des autres ? Ou que, fonctionnant très bien professionnellement, nous ratons notre vie affective, sentimentale ? Et que penser du fonctionnement capricieux de ce qu'on a appelé péjorativement "le mental", cette pensée folle, subie et incontrôlable ? Quand "ça pense" en moi, comme malgré moi. Ce n'est plus la pensée réflexive et constructive, qui me fait dire: "je" pense consciemment, parce que je veux créer, ou échanger.

Voilà quelques aspects qui me viennent à l'esprit à propos de la pollution intérieure. Si j'ai le désir efficace de m'en débarrasser, j'aurai aussi le désir de rechercher les moyens (personnes ou livres) qui m'apporteront les remèdes appropriés. Et la patience !

(1) Cf. http://www.naturavox.fr/article.php3?id_article=4598

jeudi 3 juillet 2008

La perle

Nous avons tous, plus ou moins consciemment, une échelle de valeurs. . Nous plaçons en haut ce qui nous paraît le plus important: le trésor, la perle intouchable. Puis en bas, ce que nous serions facilement prêts à laisser tomber. La plupart du temps ce que nous placons au sommet seront les valeurs familiales, les enfants; puis la profession, réussir dans son travail, bien gagner sa vie par un travail qu'on aime; ensuite sa maison, ses amis, etc. Rien de cela ne s'oppose aux valeurs de l'évangile.

Avec le temps et l'âge, il arrive que nous ayons à revoir nos valeurs. Non pas qu'on renie nos premiers choix, ceux qu'on avait placés en haut de l'échelle, mais notre regard sur eux se précise. Ce que nous aimons, la famille, les enfants, la profession, et tout les biens matériels de ce monde, ne sont pas isolés. Ils sont en relation avec un bien supérieur, plus universel, dont ils dépendent, et qui est leur source, leur origine. L'évangile l'appelle: "le Royaume des Cieux". C'est lui le vrai "trésor caché dans un champ" ou "la perle de grand prix" (1)

L'évangile nous laisse entendre que nous n'avons pas à chercher le Royaume à l'extérieur de nous, mais qu'il est mystérieusement caché en nous; caché dans cette partie intime de notre être qui est comme une ouverture sur l'infini. Ou encore une relation avec notre créateur; relation que la foi aide à entretenir et à vivre dans l'amour.

La vie nous a appris qu'elle n'est pas toujours facile. À travers nos épreuves que nous avons à traverser, nous avons besoin de savoir que nous marchons, non vers la mort définitive et le néant, mais vers le bonheur d'une vie éternelle. Car c'est pour cela que nous sommes faits. La vie n'est pas absurde, elle a un sens.

Dieu et son Royaume, c'est-à-dire le trésor, la perle, nous sont proposés dans l'évangile, comme ce qui nous donne accès au vrai bonheur. Un bonheur qui ne déçoit pas, qui dure. Et ce bonheur, nous disent les sages, est d'un autre ordre que celui auquel nous rêvons ordinairement.

Les saints nous font comprendre que "Notre coeur espère au-delà de nos attentes". Les lois d'amour et de gratuité qui régissent le Royaume de Dieu, ne sont pas les mêmes que celles de notre monde. Au risque même de nous apparaître injustes. Rappelons-nous la parabole des ouvriers de la dernière heure (2); et celle de l'enfant prodigue (3).

Le Royaume de Dieu, voilà donc le trésor que nous avons à placer au sommet de notre échelle de valeurs. Il est déjà là, en nous. Mais comme le dit un chant, ce trésor nous le portons "dans des vases d'argile". Il faut le protéger. Le protéger de ce qui pourrait nous le faire perdre.

Saint Paul nous rassure. Il dit ceci: "Tout sert au bien de ceux qui aiment Dieu". C'est-à-dire que tout, même les épreuves les plus incompréhensibles, et qu'on ne choisit pas, peuvent nous affermir et nous conduire vers la joie du Royaume. (4)

Et encore, au sujet des épreuves: "J'estime qu'il n'y a pas de commune mesure entre les souffrances du temps présent, et la gloire que Dieu va bientôt révéler en nous" (5)

(1) Évangile de Matthieu 13, 44-45
(2) Évangile de Matthieu 20, 1-16
(3) Évangile de Luc 16, 11-31
(4) Romains 8, 28
(4) Épitre aux Romains 8, 18