mercredi 24 juin 2009

Deviens ce que tu es

Est-il vraiment nécessaire de vouloir "faire ce qui est bien" ? Ne serait-ce pas la moindre des choses ? Mais comment connaître, avec assez de conviction, ce qui est bien ? En fait, quand nous accomplissons une action, c'est parce qu'elle nous semble, sur le moment, ce qu'il y a de mieux à faire. Sinon, nous ferions autre chose.

À mon avis, au lieu de trop me préoccuper de vouloir faire ce qui est bien, ou "le bien", la vraie question serait plutôt: suis-je vraiment ce que je dois être, c'est-à-dire moi-même ?. "Deviens ce que tu es" dit le sage (Je ne sais plus lequel).

Oui, même si j'ignore encore, ce que je dois devenir, il y a quelqu'un, disons en terme vague, une instance supérieure, qui le sait. Car je ne suis pas la source de ma vie. Elle sait ce que je dois devenir. En étant fidèle à cette destinée, je trouve sans doute, la meilleure façon d'être utile à la société et d'y faire ce qui est bien. Je n'ai donc à imiter personne, mais à réaliser mon être essentiel, personnel, unique parmi les six milliards et demi d'habitants que nous sommes. Si chacun est lui-même, il coopère à ce qui est bien pour l'ensemble, sans même qu'il le sache vraiment. Il lutte aussi contre ce qui est mal, sans qu'il le sache davantage.

Comme les oiseaux et les fleurs, qui sont ce qu'ils sont, ni plus ni moins. Ils agissent selon leur nature et leur instinct; et ils ne ratent pas leur coup ! Il est vrai que, à la différence des oiseaux et des fleurs, j'ai une conscience et une intelligence qui me dictent ce qui est bien ou mal. Mais ce discernement entre le bien et le mal est souvent bien subjectif. Ce que les uns nomment bien, les autres l'appellent mal. Nous pouvons ainsi nous égarer.

Les végétaux et les animaux n'ont pas, eux, cette faculté de se tromper dans leur devenir. Ils agissent toujours en conformité à leur être. Le pommier ne peut donner des cerises, ni l'oiseau pondre des oeufs en dehors de la saison. Il suffit pour cela que les végétaux et les animaux aient les conditions nécessaires pour se développer (nourriture, eau, air, lumière, etc.). Tandis que moi, j'ai cette terrible possibilité de bifurquer de ma ligne et, peut-être, m'opposer à ma destinée personnelle. À moins qu'il y ait, en des secrètes profondeurs que j'ignore, des possibilités de rattrapage. J'ose l'espérer, car la réussite finale est celle d'un plan d'ensemble qui ne dépend sans doute pas des caprices de chacun.

Il est donc prudent de soumettre mon jugement à une instance plus haute et de me laisser conduire par elle. C'est plus sûr ! Cette instance peut bien prendre aussi, pour m'atteindre, des voies diverses, appropriées à ma condition humaine, comme les échanges amicaux, la lecture des événements, ou autres canaux qui m'éclairent. Ce qui fait que je peux me comporter non pas en aveugle, mais conduit par une lumière autre que la mienne seule. Ainsi, malgré mes échecs, mes détours, je peux sans doute devenir ce que je suis. Ne dit-on pas que Dieu écrit droit avec des lignes courbes ?

lundi 15 juin 2009

La vie

Quel beau mot ! Un mot que tout le monde comprend puisque, tous, nous vivons. J'ai l'expérience de la vie, je sais donc, comme tout le monde, ce que signifie être en vie. Peut-être que notre connaissance de la vie se limite à cette seule expérience. Et c'est déjà pas si mal ! Personne ne peut nier le fait de vivre.

Si, au lieu de "vie", je dis "Dieu" alors, pour certains, apparaît une mésentente. Tout le monde connaît très bien le mot, mais personne ne sait trop ce qu'il signifie exactement : une réalité mystérieuse, pour laquelle les hommes s'entretuent, se disputent, font des clans, ou des clochers. On préfère alors mettre au rancart un mot si dangereux; il désunit au lieu d'unir.

Je ne prétends pas, moi non plus, bien connaître, qui est Dieu. Quoique des traditions sérieuses m'en donnent une bonne idée. Mais à ce sujet, les saints, les sages, nous le disent: Dieu (la vie) est saisi dans une expérience d'amour, avec lui et avec les autres. Tant bien que mal, on a essayé de la traduire en mots.

Je pense que le mot "vie" nous rapproche assez bien de la réalité que nous voulons exprimer. Un assez bon synonyme, moins dangereux ! Dans ce cas, je serais plutôt porté à mettre un V majuscule. Ça lui donne de l'importance !

Suite à mon dernier billet du 3 juin (Questions et réponses), j'ai reçu d'un vieil ami ceci :
J'ai lu avec intérêt "Questions et réponses". Hélas, mes questions restent sans réponses ! Je ne peux m'enlever de la tête que, quand je serai mort, ce sera pour l'éternité. C'est dur à avaler ... J'envie donc les croyants qui ont la foi".

Ce même ami qui, après la vie craint de ne plus avoir la Vie, m'avait déjà envoyé une citation de Doris Lussier (1). La voici :
"La plus jolie chose que j'ai lue sur la mort, c'est Victor Hugo qui l'a écrite. C'est un admirable chant d'espérance en même qu'un poème d'immortalité: Je dis que le tombeau qui sur la mort se ferme/ouvre le firmament. /Et que ce qu'ici bas nous prenons pour le terme/est le commencement. "

Je crois qu'en chacun de nous est cachée la vérité dont nous ne sommes pas toujours conscients. Elle dort là; et il ne faut pas grand-chose pour que, au bon moment, elle se réveille et éclaire notre obscurité.

"Quand je serai mort, ce sera pour l'éternité". Si c'est dur à avaler, comme le dit mon ami, c'est bien qu'il sent un vif désir de vivre éternellement. Que la Vie serait absurde de mettre en nous un tel désir qui serait, en même temps, irréalisable ! La vie qui, par ailleurs, fait de si belles choses.
Je n'ai à convaincre personne. Mais la vie elle-même, je le crois, se charge de le faire en temps opportun. À un moment donné, Vie et Lumière se rejoignent et marchent ensemble.

mercredi 3 juin 2009

Questions et réponses

Dans le domaine spirituel, je me suis souvent posé bien des questions. La plupart du temps, sans réponses satisfaisantes. Maintenant, en vieillissant, les réponses ne sont pas plus claires mais, par contre, les questions ont plutôt tendance à se faire plus rares. Beaucoup m'apparaissent inutiles ou superficielles.

J'éprouve davantage le besoin d'adhérer à ce que je crois vrai, sans en connaître les détails, ni en avoir les preuves. Que sera notre corps de ressuscité ? Mangerons-nous avec notre corps spirituel ? Etc. Et bien d'autres questions sur l'eucharistie, l'universalité du salut, le mal, disparaissent ou s'atténuent. Je souhaite que tous, comme moi, en avançant en âge, n'éprouvent plus le besoin de trop se questionner. C'est tellement plus pacifiant !

J'étais donc plutôt rassuré, en lisant dernièrement la définition de deux sortes de sagesse : "La sagesse inférieure se mesure au nombre de questions qu'elle résout; la sagesse supérieure au nombre de questions qu'elle supprime". C'est G. Thibon qui écrit cela. J'essaie quand même de ne pas me prendre pour un vieux sage ! Mais je suis heureux de me sentir ainsi confirmé dans ce que je ressens.

Le même auteur précisera encore : "On sait moins de choses, mais on en devine davantage ... On passe de la fausse lumière de la connaissance artificielle au demi-jour de la connaissance intuitive.

Une connaissance intuitive donne plus de certitude, mais elle est plus difficile à communiquer. Nous n'avons pas les mots pour la dire. C'est sans doute mieux de la garder pour soi. Essayer de la divulguer risque fort de la réduire et de nous donner la désagréable impression d'avoir bafouillé. C'est bien d'ailleurs ce que j'ai pu ressentir de certains messages sur ce blogue.

N'est-ce pas consolant de ne plus se torturer les méninges pour trouver réponse à tout ? Plutôt se reposer dans le Mystère, ne pas mettre de bornes à l'Infini en voulant le préciser. La foi n'a pas à se justifier par des preuves. Seulement se recevoir dans la connaissance intuitive, et la laisser s'approfondir par elle-même.

Peut-être est-ce pour cela que les enfants sont donnés en exemple comme modèles de simplicité. Leurs vérités s' expriment naïvement, car ils n'ont rien à expliquer. Ils disent seulement; comme si cela allait de soi.

Le pire, pour nous les adultes, serait bien de dire: "Oui, mais ils ne sont pas encore assez développés intellectuellement". Non ! C'est plutôt à nous, sur ce plan, à redevenir comme eux. "Si vous ne redevenez pas comme des enfants, vous n'entrerez pas dans le Royaume des Cieux !" Matthieu 18, 3